Par Olivier Pélisson
Sortie : 8 octobre 2014 
Durée : 2h14
Un film canadien
Genre : Comédie dramatique
Réalisation : Xavier Dolan
Distribution : Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément, Patrick Huard, Alexandre Goyette, Michèle Lituac, Viviane Pacal, Nathalie Hamel-Roy
La mère. Vaste figure que Xavier Dolan scrute, visite, fouille, depuis son premier long métrage J’AI TUE MA MÈRE. Un face-à-face implacable qui tenait de la partie de ping-pong existentiel vu par les yeux du fils. Avec MOMMY, il déplace le curseur et rejoint le regard de la génitrice. Une femme, seule, veuve, qui récupère un beau jour la garde de son fiston adolescent et copieusement agité. Trimballé d’un centre à un autre depuis la mort du père, cet hyperactif hyperémotif déborde d’amour pour sa p’tite maman. Et en déborde tellement que les situations et échanges virent à l’extrême en un quart de seconde.
Comment se renouveler avec ses obsessions ? Comment surprendre avec un sujet vieux comme le monde ? Comment saisir son auditoire ? C’est tout l’art de Xavier Dolan, auteur et réalisateur de ce cinquième film où il ne joue cette fois pas (comme dans LAURENCE ANYWAYS). Il a composé un ballet humain à trois personnages sans cesse au bord de la rupture. C’est là où il excelle, dans ce jeu avec les limites. Limites du relationnel entre les êtres, limites de l’acceptation entre les personnages, limite du supportable entre une mère et un fils, limites du vivable pour une femme en plein « burn out ». Et limites du cadre même de l’image sur l’écran.
Le cinéaste et son chef opérateur André Turpin offrent en effet au film et au spectateur le format carré, rare et dense du 1.25. Un choix qui concentre le regard encore plus fortement sur le visage de ces deux femmes et de ce garçon, solitudes aimantées les unes aux autres. Un parti-pris avec lequel ils jouent aussi lors de respirations éclatantes, qui ouvrent MOMMY à un nouvel horizon. Judicieux et pertinent comme rarement, car la forme épouse parfaitement le propos, au plus proche de l’enfermement qui guette chacun des protagonistes, au plus près des sensations du spectateur.
Créatif, foisonnant, précis, Dolan compose un univers visuel où le style claque. La palette des lumières balaie rapidement la froideur clinique initiale par un festival de couleurs chaudes, des éclats du soleil aux décors intérieurs. Outre le format marquant, le look adopté pour Diane, la mère, joue à fond la carte du voyant d’une « bimbo » mère de famille, et sert subtilement la coexistence de la fragilité et du feu dans ses veines. La voisine Kyla est plus rangée en apparence, mais sa flamboyance naît à fois de son visage tendu, de son bégaiement et de son rapport au monde. Quant à Steve, il agite sa blondeur et sa frondeur juvéniles face à elles, tout comme il jette son corps sur tous les murs de sa vie, jusqu’à faire bouger « ses » deux femmes sur du Céline Dion. Audace sonore qui décolle étonnamment, du cadre privé et fermé d’une cuisine jusqu’à la salle de cinéma qui lui fait face au moment de la projection. 
Sculpteur méticuleux dans la construction de ses personnages, Xavier D s’est à nouveau entouré de trois interprètes qu’il a déjà conviés, avec générosité, de l’héroïne maternelle de J’AI TUÉ MA MÈRE (Anne Dorval) à la compagne de LAURENCE ANYWAYS (Suzanne Clément). Ces deux dernières et la révélation Antoine-Olivier Pilon (aperçu en ado dans LAURENCE…) trouvent en Diane, Kyla et Steve l’occasion « d’incarner » avec une force et une intensité stupéfiantes. Au-delà de l’exercice ostentatoire de la performance, ils élèvent des personnages créés sur papier, et dans la tête de leur auteur réalisateur, au statut de figures entêtantes. Le résultat est captivant et bouleversant, à la fois mûr et décapant. Du grand art.




Le bébé arrive sous l’œil triste et jaloux d’Elisabeth qui écrit beaucoup et boit du whisky sans fin. En 56, elle gagne le Pulitzer pour Nord Sud. Quand Carlos Lacerda, un ami écrivain de Lota, se porte candidat au poste de gouverneur de l’état de Rio, elle lui demande de construire un parc tel que Central Park, espérant ainsi combler Elisabeth. Des années durant Lota fait équipe avec Mary pour superviser la construction du parc Flamengo. Elisabeth, empêtrée dans son mal de vivre, regagne New York pour y enseigner pendant six mois. Elle apprend l’internement de Lota pour dépression. Dès lors, Mary fait tout pour casser la relation amoureuse de sa rivale… 
Toute l’histoire est articulée autour de la volonté de Lota de tout contrôler chez Elisabeth et Mary, sur le plan personnel et professionnel. On comprend cela quand Lota annonce : « Je veux tout ce que je peux avoir ».

Aydin est également propriétaire de plusieurs maisons accrochées aux rochers des alentours. Les locataires sont pauvres et, bien souvent, ne parviennent pas à payer leur loyer. La trame de l’histoire se construit à compter d’un incident à priori banal : un jeune garçon lance une pierre qui vient briser la vitre du 4 X 4 de Aydin et de son ami. On comprend que le petit répond aux représailles engagées contre ses parents débiteurs. Les huissiers ont sévi et le pauvre garçon n’a plus de télé. Son père ivrogne, sorti fraichement de prison, a la rage au ventre et sa mère soumise n’a pas son mot à dire dans cette famille machiste et violente. Une famille qui, blessée dans son orgueil et son honneur, ne se relèvera pas. 

Les parents de Mason sont divorcés depuis toujours, semble-t-il. Samantha, sa sœur aînée – interprétée par Lorelei, la fille de Richard Linklater – et lui, n’ont pas vu leur père depuis longtemps. Quand il refait surface, ce n’est pas pour assurer ses responsabilités mais juste pour jouir de la vie avec ses enfants, les voir sourire, les entendre lui raconter leurs joies, leurs peines, dans le détail, comme si l’absence et le temps qui passe n’avaient pas d’incidence. Il les aime mais ne peut rien leur offrir de matériel, ni de durable. Ce qu’ils ont compris, leur mère aussi. Touchés par ce père et ex mari insouciant qui ne parvient pas à grandir ni à travailler, ils s’accommodent tant bien que mal du fardeau qui malgré tout les aident à traverser les épreuves de la vie.
Le petit blondinet grandit sous nos yeux. Ses cheveux poussent, foncent avec l’âge, redeviennent court au gré de la mode et de l’autorité d’un beau père ivrogne. Il doit s’adapter sans cesse à une nouvelle vie, une nouvelle école, jongler avec ses blessures et celles des autres, se protéger pour ne pas sombrer. Sa mère, elle, se bat pour et contre tout, toujours digne et sans révolte apparente. Elle reprend ses études, se marie, divorce, déménage, reforme un couple… Les rides font leur nid, les kilos s’installent. Ainsi va la vie, une vie presque ordinaire chroniquée à la manière d’un genre nouveau qui se situe sur le fil, quelque part entre le documentaire et la fiction. 

Age : à partir de 15 ans

On l’aura compris, la réalisatrice Emma Dante, aussi écrivain et dramaturge, a appliqué fidèlement la règle des trois unités du théâtre classique. Elle s’est concentrée sur la rue où elle a vécu pendant dix ans, la Via Castellana Bandiera, nom qu’elle a d’ailleurs donné au titre original de son film. Elle porte un regard très critique sur les comportements de la caste prolétaire sicilienne que représente la famille Calafiore. Paradoxalement, elle ne juge pas ses personnages individuellement, comme si, prisonniers de leur milieu et finalement pas responsables de leur folie, ils avaient une bonne raison d’être tous devenus fous.
Created in 1978, the section Un Certain Regard reached its 37th edition during the 67th Cannes Film Festival. On the evidence of this selection it stays true to its founding aims: to discover and to show singular films that renew cinematic expression, as much by their aesthetic as by their themes.
Or there’s the horror of a terrifying vision of the night in Lost River by Ryan Gosling and the horror of dogs revolting against humans in White God (Fehér isten) by Kornél Mundruczo. The horror of a man controlled by tyranny can be found in Run by Philippe Lacôte and the horror of men ready to do their worst to get money in Titli by Kanu Behl. Horror confronts an ordinary man in the face of the murder of his wife in Blue Room (La Chambre bleue) by Mathieu Amalric while there is the horror of the loss of a child in The Disappearance of Eleanor Rigby by Ned Benson and in Jauja by Lisandro Alonso. A daughter experiences horror of being an incestuous slave of her father and of herself in That Lovely Girl by Keren Yedaya.






C’est là où le geste de filmer devient engagé et politique. Sophie Audier saisit un mode d’être en résistance, celui d’une femme fidèle à son activisme depuis quarante ans, face aux difficultés de sa cadette qui peine à recevoir les autorisations pour s’installer comme jeune agricultrice. Quant à Wang Bing, dont le cinéma n’est pas diffusé dans son propre pays, il capte une Chine individuelle à travers une histoire particulière, qui symbolise pourtant nombre de ses concitoyens, à l’ère où l’empire chinois impose sa marque et cache sa réalité humaine au monde.
Jean-François se prend d’amitié pour un vendeur de vans intriguant qui lui parle de Dieu et d’amour. Coups de poignard à répétition pour l’artiste : Cédric lui pique un contrat important et son numéro de « Cromagnon » qui l’a rendu célèbre, puis Gazelle tombe gravement malade. Son ami croyant lui propose alors de prier pour la sauver. Deux jours plus tard, elle est sur pied. Un miracle, selon le vétérinaire ! Jean-François achète la Bible et commence sa conversion. Mais ses rapports avec sa femme se dégradent. Il la retrouve une nuit dans son lit avec un ami commun et décide de divorcer. Peu de temps après, il épouse Sylvie, perdue de vue depuis longtemps, dont il aura deux filles. L’aînée se verra transmettre l’amour de cet univers hippique magique.
Jean-François Pignon évoque la foi, puis sa propre foi, mais dit n’appartenir à aucune religion. Difficile à croire. Quant à son désir permanent de vouloir pardonner à tout le monde, il finit par agacer. Les bons sentiments alourdissent l’histoire d’une naïveté dont elle se serait passée.
Julie Bertuccelli ne filme que dans le cadre de l’école. Aucune intrusion dans l’espace privé. Tous les plans sont situés à l’intérieur de l’établissement et autour du programme pédagogique, comme pour le déplacement au Festival Ciné-Clap du film scolaire de Chartres. Ce parti-pris renforce l’intensité du propos et donne tout son poids à cette cour singulière, car l’enjeu reste concentré sur ce lieu d’éducation, d’apprentissage, où l’individu se construit au milieu du collectif. Et où l’étranger est accueilli avec sa différence.