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Interviews



Interview du réalisateur Asghar Farhadi par France Hatron pour RFI, disponible en podcast : http://www.rfi.fr/emission/20110611-2-une-separation-asghar-farhadi 

Age : à partir de 13 ans

Durée : 2 h 05

Drame iranien

Réalisation : Asghar Farhadi

Interprétation : Leila Atami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini, Sareh Bayat, Sarina Farhadi.



 
 

Interview

  

 du réalisateur Florian Gallenberger   

et de la comédienne Anne Consigny   

   

Propos recueillis par France Hatron pour RFI, le 13 avril 2011   

   

Florian Gallengerger, votre film débute sur des images de votre héro John Rabe. On le voit saluer les salariés de l’entreprise Siemens qu’il dirige à Nankin. Parlez-nous de cette première séquence qui plante l’un des décors majeurs du film : l’usine.  

Florian Gallenberger : Dans cette première séquence, il marche dans la cour et nous constatons que tous les travailleurs chinois s’inclinent devant lui. Nous voyons aussi à quel point l’usine Siemens était importante en Chine en 1937. Parce que la plupart des gens ne réalisent pas qu’au début du  XXème siècle, Siemens et beaucoup d’entreprises européennes essayaient d’intégrer le marché chinois, de la manière qu’elles essaient de le faire aujourd’hui. En ce sens, Rabe était un colonialiste, un défenseur de l’économie moderne. Nous voulions montrer qu’il était un colonialiste devant lequel ses travailleurs devaient s’incliner et se conduire comme des serviteurs. Et en même temps il fallait montrer qu’il avait construit quelque chose d’assez conséquent. Il a vraiment beaucoup œuvré à Nankin. Il fut à l'origine de la construction de centrales électriques et de l’installation du réseau téléphonique. C’est pourquoi j’ai voulu montrer dans la première séquence que c’était quelqu’un plein de bonnes intentions mais qui paradoxalement affichait une attitude assez méprisable. Parce qu’il regarde les Chinois comme des sous hommes.  

 Comment est née cette idée de scénario ?  

 FG : Le scénario est inspiré du journal de John Rabe. C’est un de nos producteurs qui a acheté les droits du journal quelques années avant que je commence à travailler sur le film. Il m’a donné un coup de fil un jour et m’a demandé : « Voulez-vous réaliser un film sur John Rabe ? » Je lui ai dit : « je ne sais pas. Qui est cette personne ? Je n’en ai jamais entendu parler. » Parce que Rabe était totalement inconnu en Allemagne. L’idée pour le scénario fut évidemment de rester le plus proche possible du journal. Parce que le journal ne contient pas une histoire,  mais seulement des faits qui servent à élaborer la dramaturgie d’une histoire au sein de laquelle vous pouvez imaginer un film avec un début, un milieu et une fin qui donnent un résumé précis de ce qui s’est passé à Nankin.  

 Parlez-nous de ce journal de John Rabe. Il est resté caché, je crois, plusieurs années… A quel moment a-t-il été rendu public ?   

FG : Son journal lui a été confisqué en Allemagne lorsqu’il est rentré de Nanjin. Il a été arrêté par la Gestapo car on lui a reproché d’avoir collaboré avec les Chinois contre les Japonais. Les Japonais étaient des alliés des Allemands à cette époque. Les Allemands ont donc récupéré le journal et l’ont fait disparaître après la guerre. Le journal n’a été retrouvé que dans les années 90 par Iris Chang qui était en train d’écrire un livre sur le massacre de Nanjin. Elle a découvert ce journal en Allemagne et c’est grâce à elle que les gens ont à nouveau entendu parler de John Rabe. Ce journal est l’un des rares documents existant sur le massacre de Nanjin. Son contenu vous donne une idée très précise de ce qui a provoqué le massacre. Rabe a raconté sa vie dans son journal de façon précise. Vous pouvez donc y piocher beaucoup d’informations sur ce qui s’est passé.        

Quelle est la part de fiction dans ce scénario inspiré du réel ?   

FG : Comme je vous l’ai dit, quand vous disposez d’un journal, vous devez changer certains détails dans le but d’obtenir  une histoire réelle. Voici un exemple : dans le film, il y a ce moment où vous pensez que la femme de Rabe’est morte dans le bombardement du bateau. En réalité, il ne s’agissait pas d’un bateau mais d’un train. Elle voyageait dans un train qui a été bombardé. Mais nous n’avons  pas pu filmer cela car nous n’avons pas  pu obtenir de train à ce moment là. Nous avons donc combiné les deux idées. Nous combinons parfois des évènements réels, en modifiant un peu la chronologie, en changeant quelques détails. Mais je pense que tout ce que vous voyez dans le film est presque arrivé ou aurait vraiment pu arriver de cette façon.  

John Rabe était membre du parti nazi. Parlez-nous de sa vraie personnalité que vous montrez assez ambivalente dans le film. Sur quels documents d’archives vous êtes-vous appuyé pour étoffer sa psychologie ?   

FG : Je crois que si j’avais connu Rabe, je ne l’aurais pas aimé. Oui, il était arrogant, sûr de lui. Nous pensions qu’il était très drôle mais il ne l’était pas pour être honnête. Vous savez, je voulais créer ce type de colonialiste qui dans sa profondeur intérieure a le sens des responsabilités, le sens du devoir, le sens des responsabilités pour ses travailleurs chinois. Je pense que cette pression lui a permis de faire ressortir ce qu’il gardait enfoui en lui auparavant. Je voulais  montrer qu’une personne conf

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rontée à des évènements difficiles pouvait voir grandir en elle des qualités insoupçonnées : la bienveillance, le courage et des qualités dont elle se sentait dépourvue.     

Vos personnages principaux ont des personnalités très affirmées. C’est le cas notamment d’Anne Consigny qui incarne le rôle de Valérie Duprès, la directrice de l’Université de filles de Nankin. Pourquoi avoir choisi une comédienne française pour ce rôle ?  

FG : J’ai intérêt à faire attention à ce que je dis car elle est juste à côté de moi (rires). La vraie  directrice du collège de filles de Nanjin était en fait américaine mais nous n’avons pas pu trouver la comédienne qui convenait à cette personnalité. Nous avons donc changé le personnage initial contre un personnage français. Bien sûr, nous connaissions des actrices françaises, mais pas suffisamment pour éviter tout le processus du casting.  Je me souviens avoir regardé des films français les uns après les autres pendant des semaines et des mois, à la recherche de l’actrice française parfaite pour le rôle. A la fin, il nous restait une short liste de trois ou quatre noms. J’ai donc parlé avec Nicolas Traube, le coproducteur français, de quelques unes des actrices retenues et au final Anne est sortie du lot. Mais vous ne connaîtrez pas les finalistes de la short liste !  

Anne Consigny, votre personnage, Valérie Duprés, va suggérer de créer une zone de sécurité à Nankin. C’est elle qui va également nommer John Rabe dirigeant de cette zone, contre l’aval de son mari. Quelles motivations, selon vous, incitèrent cette femme à prendre des décisions d’une telle importance ?  

Anne Consigny : Je ne sais pas si dans la vie réelle, c’est elle qui a eu l’idée de la zone de sécurité.  Je pense qu’elle avait un penchant amoureux pour John Rabe. Elle avait beaucoup d’admiration pour lui. Son amour venait de son admiration pour lui. Elle, elle avait pour motivation première d’aider les jeunes filles les plus démunies dans le monde. Parce qu’elle était orpheline de maman et vécut dans une ferme aux Etats-Unis, seule avec son père et ses frères et sœurs. Et malgré cette situation, elle avait atteint les études supérieures et avait eu comme une vocation presque religieuse d’aller aider les petites filles qui auraient le plus besoin d’elle. Elle a choisi la Chine vraiment sciemment. Donc sa motivation de créer la zone de sécurité et de demander à John Rabe d’être Président, vient de cette pulsion à faire le bien. C’est une juste parmi les justes, en Chine.  

Florian Gallenberger, vous avez choisi d’alterner la fiction et des images d’archives. Pourquoi ?  

FG : Parce que nous ne pouvions pas montrer, en fiction, Nanjin aussi détruite que nous le voulions, car la Chine est si moderne maintenant que vous ne pouvez plus trouver de rues anciennes ni de vielles maisons. Dans une scène, vous distinguez des collégiennes sur des images d’archives en noir et blanc et vous réalisez qu’elles ont exactement le même uniforme que dans notre film. Je pense que les archives en noir et blanc fonctionnent très bien avec la partie fiction du film.  

Certaines images du film sont très violentes. On pense à ces gros plans sur les têtes des chinois décapités, aux corps défunts des soldats, de deux médecins et de trois infirmières. Ces séquences sont-elles des symboles parlants de l’atrocité du massacre de Nankin ?    

FG : Si vous faîtes un film sur un massacre, vous devez en montrer certains, vous savez. Je pense que sa dimension est l’une de ses principales caractéristiques. En effet, la réalité était bien plus violente. Il y a eu des milliers et des milliers de femmes violées. Des débats sur le nombre exact de morts ont toujours lieu mais tellement de têtes ont été coupées. Cette scène dans laquelle deux officiers japonais font le concours de celui qui pourra décapiter le plus de têtes possible…  il faut savoir qu'elle est vraiment arrivée. Je ne suis pas un fan de films violents, pas du tout, mais je pense que dans ce cas, la violence fait partie intégrante de l’histoire. Et si vous regardez bien ces moments de violence, il n’y en a pas qui soient là juste pour exprimer la violence. Elle est toujours perçue au travers des yeux des personnages. C’est le cas de Rabe qui assiste à la décapitation de son chauffeur. Toute la violence a un rapport direct avec les personnages.    

Est-ce que vous avez eu un problème de conscience en tant qu’Allemand avant de décider de faire ce film sur cet Allemand, somme toute membre du parti nazi ?  

FG : Oui, c’était bien sûr une question importante dont nous avons parlé. Je me suis posé ce problème de conscience de savoir si je pouvais ou non faire un film sur un nazi, membre du parti. Et je pense que la raison pour laquelle j’ai consenti à le faire et même à me dire que c’était bien de le faire est due au fait que John Rabe, après être rentré en Allemagne, a lui-même souffert du traitement infligé par les nazi. Il a perdu son travail. Il fut gardé prisonnier par la Gestapo, etc… Donc il a lui-même été victime des nazis, ce qui change ma perception que j’ai de lui. Il n’a jamais eu de retour sur ce qu’il avait fait, vous savez, il n’a pas compté dans le 3ème Reich, parce qu’on ne l’aimait plus. Et après la guerre, il est redevenu personne et mourut dans l’indifférence. Donc, je pense que cela donne une dimension tragique à sa vie, ce qui fait de cette histoire, selon moi, une histoire dont on peut parler. Et par-dessus tout, la question est : était-il un nazi ou n’était-il pas un nazi ? Qu'est-ce qui détermine le fait d'être un nazi ? Est-ce votre appartenance au parti ou vos actes ? Et je pense que ce qui est intéressant est le fait qu’il soit membre du parti nazi alors qu’il ne se comporte pas du tout en tant que tel. Et en ce sens, je dirais que les actes et les comportements raisonnent plus que les mots. Et je pense que 70 ans plus tard, on peut faire des films sur des gens qui ne sont ni blancs ni noirs, ni bons ni mauvais, mais quelque part entre les 2. Et c’est ce qu’il est, c’est comme ça que je le vois. C’est pourquoi j’ai aimé raconté son histoire.  

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