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Par Olivier Pélisson

 

LES CHÈVRES DE MA MÈRE ***
Age : Tous publics
Sortie : 16 avril 2014

Durée : 1h40

Un film français

Genre : Documentaire
Réalisation : Sophie Audier

Les chèvres de ma mère

Les chèvres 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES TROIS SŒURS DU YUNNAN ***

Age : Tous publics
Sortie : 16 avril 2014

Durée : 2h28
Un film franco-chinois
Genre : Documentaire
Réalisation : Wang Bing

Les 3 soeurs 2

Les 3 soeurs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le hasard des sorties de films allie la même semaine deux documentaires au parallélisme bienvenu. Le plateau des Gorges du Verdon sert de décor au premier, où une femme qui élève son troupeau et concocte son fromage de chèvre, seule, depuis quarante ans, se prépare à la retraite et marraine une jeune agricultrice à qui elle va transmettre bêtes et savoir-faire. Les montagnes de la province isolée du Yunnan, au Sud-ouest de la Chine, servent de décor au second, où trois petites filles et sœurs, élèvent moutons et cochons et enchaînent les tâches quotidiennes, pendant que leur père cherche du travail à la ville.

D’un côté, Sophie Audier, jeune réalisatrice française dont c’est le premier long métrage et à la riche expérience de scripte, qui lui a permis d’affiner un regard sur le monde auprès de Roman Polanski, Alain Gomis, Manoel de Oliveira, Abderrahmane Sissako, Mahamat-Saleh Haroun ou Otar Iosseliani. De l’autre, Wang Bing, cinéaste chinois aguerri et apprécié du public de cinéma d’auteur international depuis dix ans, à qui le Centre Pompidou à Paris rend hommage de mi-avril à fin mai, avec une rétrospective (A l’ouest des rails, Fengming, Le Fossé, etc.).

 

Tous deux filment une vie dépouillée, rudimentaire, tendue comme une ligne droite, au gré des exigences de chaque jour et du rythme de chaque saison. Une existence où la nature prime et régule tout, loin des contingences administratives et citadines. Un rapport au monde dominé par l’endurance, la régularité, l’adaptabilité, la rigueur, l’opiniâtreté. Une démonstration par l’image et le son qu’il est encore possible de vivre décalé des moules bureaucratiques, marchands et du vampirisme de la mondialisation.

Maguy, Yingying, Zhenzhen et Fenfen. Quatre femmes à l’opposé du chemin professionnel, l’une au seuil de la retraite, les autres à l’âge où elles devraient ne pas encore travailler. Et pourtant tout les unit. Leur lien profond et viscéral à la nature, aux éléments, à la lumière, aux saisons, qui dictent leurs faits et gestes. Leur courage et leur plénitude tranquilles, quand rien de leur quotidien ne cède à la facilité. Leur lien familial profond et pudique, avec une femme filmée par sa fille, qui a choisi de suivre une autre voie (Maguy est la mère de Sophie Audier), et trois enfants dont la mère est partie vivre ailleurs et que le père a confié aux grands-parents.

Ces récits sont simples et limpides. Maguy veut transmettre pour pouvoir partir en retraite soulagée et trouve en Anne-Sophie une jeune agricultrice réceptive. Yingying, Zhenzhen et Fenfen avancent sans réfléchir, avec pour seule exigence de manger à leur fin et de dormir en paix dans leur environnement ascétique. Sophie Audier s’est faite complice et discrète au milieu des deux bergères-agricultrices, pour saisir le nerf de leurs avancées. Wang Bing a gagné la confiance des fillettes pour les filmer et les suivre de la maison aux champs sans commentaire.

La sensation du spectateur est dense. Car ces deux récits racontent l’universel. Et l’idéal de vie. L’engagement, le désintéressement, la transmission, la bienveillance. Tout cela dans l’état naturel de plaines et montagnes belles et rudes à la fois. Ils donnent aussi à voir la coexistence de l’ancien et du nouveau, à une époque où la technologie et le zapping généralisé menacent en permanence la contemplation et l’étirement du temps. Tout cela sous l’œil de deux cinéastes qui ont pratiquement tout filmé et cadré eux-mêmes, pour protéger la conversation nécessaire entre ce qui regarde et ce qui est regardé.  les chèvres 5

Les 3 soeurs 3C’est là où le geste de filmer devient engagé et politique. Sophie Audier saisit un mode d’être en résistance, celui d’une femme fidèle à son activisme depuis quarante ans, face aux difficultés de sa cadette qui peine à recevoir les autorisations pour s’installer comme jeune agricultrice. Quant à Wang Bing, dont le cinéma n’est pas diffusé dans son propre pays, il capte une Chine individuelle à travers une histoire particulière, qui symbolise pourtant nombre de ses concitoyens, à l’ère où l’empire chinois impose sa marque et cache sa réalité humaine au monde.

 

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