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Par Yannick Sado Affiche Moi Daniel Blake

Sortie : le 26 octobre 2016 

Durée : 1h41

Un film britannico-français

Réalisation : Ken Loach

Distribution : Dave Johns, Briana Shann, Hayley Squires… 

 

Peu de films auront si bien décrit le réalisme (ou le surréalisme) du marché du travail. Dans ce système aux multiples dérives, l’individu n’est rien ou presque. Un simple numéro dans la salle d’attente d’un jobcentreplus, (l’équivalent de nos Pôle emploi) de la ville froide et austère de Newcastle.

 

Photo Moi 1Daniel Blake atterrit ici sans trop s’y attendre. Une crise cardiaque l’oblige à renoncer un beau jour à son métier dans le bâtiment. Son cœur pouvant vaciller à tout instant, le médecin le juge inapte au travail. Pour toucher l’assistance allouée aux personnes invalides, il doit cependant obtenir l’aval d’une professionnelle médicale mandatée par l’administration. Cette dernière n’est pas médecin, ni même infirmière, mais qu’importe, l’avenir de Daniel dépend uniquement des tests qu’elle lui fera passer. Au terme de leur rendez-vous, Daniel se voit octroyé un nombre insuffisant de points pour percevoir la pension qu’il escomptait. Dès lors, un parcours semé d’embûches va se dresser sur la route du quinquagénaire : celui de l’univers des quelques 1.6 millions de chômeurs britanniques. Recalé pour l’obtention d’une prise en charge, Daniel est contraint de chercher un nouveau travail, tout en faisant appel de la décision qui le prive de sa pension d’invalidité.

Photo Moi 2

Sur ce chemin des laissés pour compte, tout est fait pour contrôler et décourager les demandeurs d’emploi, quitte à finir de les briser socialement et psychologiquement. L’administration affiche à leur égard une défiance désarmante : Daniel Blake doit ainsi apporter la preuve qu’il a bel et bien déposé des cv auprès d’entreprises en présentant des photos prises avec des employeurs ou des reçus signé de leur main. Un contact téléphonique avec l’administration peut entraîner une attente interminable, avec au final, un renvoie vers un autre interlocuteur injoignable.

Le demandeur d’emploi peut aussi être amené à se rendre dans des ateliers pour apprendre à écrire son cv.

Photo Moi 3Puis, gare à lui s’il a le malheur d’arriver en retard, même s’il vient d’emménager dans la ville et qu’il doit la traverser avec ses deux enfants pour arriver au rendez-vous dans les temps. Dans tous les cas où il ne se complaît pas aux prescriptions du jobcentreplus, il encourt la radiation, même s’il a des circonstances atténuantes.

Photo Moi 4Ce film ayant valu à Ken Loach la palme d’or au dernier festival de Cannes, Moi, Daniel Blake, est un réquisitoire cinglant et des plus réalistes contre un système impitoyable avec les plus faibles.

 

Par Albéric de Gouville, l’envoyé spécial de France 24 à Cannes 

 

Nouveau palmarès d’Albéric, cette fois-ci sur les films présentés en Sélection Officielle hors compétition, dans la section Un Certain regard et à La Quinzaine des Réalisateurs.

 

UN CERTAIN REGARD


Affiche ClashCLASH 
****

Un huis clos dans un fourgon de police au Caire pendant des manifestations en août 2013. Des manifestants anti et pro frères musulmans se retrouvent dans le même fourgon.  Au cœur d’une actualité brûlante, un film passionnant sur le fond et brillantissime dans sa réalisation. Par Mohammed Diab, le réalisateur du déjà superbe « Les femmes du bus 678 ». S’il avait été en compétition, CLASH aurait pu faire une très belle palme d’or.

 

 

 

VOIR DU PÄYS ***

Nouveau film sur des militaires français de retour d’un théâtre de guerre en Afghanistan. Ils vont passer trois jours de « repos/debriefing » dans un hôtel de luxe à Chypre. La particularité du film ? Etre centré sur des jeunes femmes, plongées dans un univers d’hommes. Il est d’ailleurs réalisé par deux femmes, Delphine et Muriel Coulin. Passionnant.

 

PERSONAL AFFAIRS **

Très joli film réalisé par une jeune cinéaste israélienne, Maha Haj, mais tourné entièrement en arabe avec des acteurs palestiniens entre Nazareth, Ramallah et la Suède. Comme le titre du film l’indique, le film parle « d’affaires personnelles », celles d’une famille palestinienne éclatée. La politique n’apparait que furtivement, avec un contrôle à un check point de l’armée isralienne.

 

DOGS **

Ambiance western pour ce film roumain très lent. Un homme revient sur les terres de son grand-père dont il vient d’hériter. Mais il doit faire face aux anciens hommes de main du grand père, qui était en fait le chef de la mafia locale. Un vrai climat se dégage du film. A suivre donc ce cinéaste, Bogdan Mirica.

 

APPRENTICE **

Un jeune gardien de prison de Singapour s’apprête à devenir l’assistant du bourreau de la prison. Plongée angoissante dans une ambiance carcérale à Singapour, où la peine de mort est régulièrement prononcée contre les trafiquants de drogue. Second film extrêmement maîtrisé du jeune Boo Junfeng.

 

AU DELA DES COLLINES ET DES MONTAGNES *

Un officier de l’armée israélienne prend sa retraite et découvre la vie civile avec des conséquences pour toute sa famille. Eran Kolirin livre une jolie chronique, gâchée par une fin totalement manichéenne. Dommage.

 

SELECTION OFFICIELLE / HORS COMPETITION

 

Affiche Hissene HabreHISSENE HABRE, UNE TRAGEDIE TCHADIENNE ***

Le tchadien Mahamat Saleh Haroun, revient pour la troisième fois à Cannes mais, cette fois-ci, hors compétition avec un documentaire qui donne la parole à des victimes de la dictature de Hissène Habré. Certaines scènes où les anciens bourreaux rencontrent leurs victimes sont bouleversantes. Un film témoignage salutaire dans la veine de ce que fait Rithy Panh au Cambodge (« S21 »…) où Joshua Oppenheimer en Indonésie (« The look of silence »…). Rithy Panh présente d’ailleurs à Cannes, également hors compétition, son dernier film, EXIL.

 

CAFE SOCIETY ***

Comme tous les ans, Woody Allen nous livre un film. Il a fait l’ouverture du festival et vient à Cannes pour la 14ème fois hors compétition. Il nous emmène dans les années 30 avec des chassés croisés amoureux à Hollywood puis à New York. C’est brillant, enlevé. Un bon Woody Allen mais manquant sans doute de surprises.

 

MONEY MONSTER **

Jodie Foster derrière la caméra, Georges Clooney et Julia Roberts (pour la première fois à Cannes), devant : une affiche de rêve pour la montée des marches. Le film raconte la  prise d’otages, en direct à la television, d’un animateur vedette, sur fond de corruption dans le monde de la finance. La dénonciation n’est pas très crédible mais le film est plaisant et bien rythmé.

 

LE BON GROS GEANT *

Spielberg retrouve le monde de l’enfance en adaptant un livre de Roald Dahl, publié en 1982, l’année de la sortie de ET. Visuellement , avec le mélange d’images virtuelles et de personnages réels (« motion picture ») , le film n’a pas la poésie de certains autres Spielberg, et bien sûr de ET. Mais le petit déjeuner du « bon gros géant », à la cour d’Angleterre, est un régal : éclats de rire garantis.

 

LA QUINZAINE DES REALISATEURS

 

Affiche L'économie du coupleL’ECONOMIE DU

COUPLE ***

Joachim Lafosse revient au cœur du couple après le très réussi « A en perdre la raison » : un couple en instance de divorce continue à partager la même maison, pour des raisons financières. Bérenice Bejo et Cedric Kahn exceptionnels de vérité. Un film extrêmement juste d’un bout à l’autre.

 

MEAN DREAMS **

Thriller haletant, de Nathan Morlando, dans la campagne américaine avec un couple d’adolescents qui fuit le shérif local et son adjoint, tous les deux responsables d’un trafic de drogue. Le « méchant » du film n’est autre que le père de la jeune fille qui s’enfuit avec son amoureux. Rien de révolutionnaire mais un suspens très bien mené.

 

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Par Albéric de Gouville, l’envoyé spécial de France 24 à Cannes

 

Après six jours de visionnage, Albéric de Gouville nous livre ses cotes pour 13 des 21 films en compétition à Cannes cette année. 

 


Photo 2Aquarius
**** 

Ma palme d’or revient pour l’instant à ce film de Kleber Mendonça Filho. Magnifique portrait de femme (sublime Sonia Braga pour l’interpréter ) sur fond de corruption au Brésil. L’équipe a monté les marches en brandissant des pancartes ‘Coup d’état au Brésil’. Un film salutaire, superbement réalisé, qui a du souffle et l’envergure d’une palme d’or.

 

 

Moi, Daniel Blake **** : Un grand Ken Loach. Du cinéma social, très juste, très réaliste et qui bouleverse, sur fond de chômage et de privatisation de la santé en Grande Bretagne.

Loving **** : Une magnifique histoire d’amour, contrariée par les lois interdisant les mariages mixtes dans l’Amérique des années 50 et 60. Jeff Nichols au sommet.

Mal de Pierres *** : Une belle histoire très (trop ?) classique dans la France des années 60. Marion Cotillard interprète une femme dont la passion amoureuse flirte avec la folie. Beau film mais qui ne surprend pas vraiment.

Julieta *** : Un bon Almodovar, mais sans aucune surprise dans l’œuvre du cinéaste espagnol. Une mère recherche sa fille qui a coupé les ponts 12 ans plus tôt. Émouvant

Sieranevada ** : 2h53 de huis clos dans un appartement de Bucarest pour commémorer la mémoire d’un défunt. Passionnant sur le fond et dans la forme mais beaucoup trop long.

Mademoiselle ** : Le retour de Park Chan Wook dans la compétition avec un film beaucoup plus classique que les précédents, qui se passe en Corée dans les années 30. Très brillant visuellement avec un scénario sophistiqué.

Américan Honey ** : road movie  les dérives sectaires d’un groupe de vendeurs ambulants dans l’Amérique d’aujourd’hui. Intéressant formellement mais le film est beaucoup trop long, notamment dans les séquences musicales

Ma loute ** : Un Bruno Dumont complètement déjanté avec de grands numéros d’acteurs. Le cinéaste fait appel à des stars mais reste fidèle à son univers. Bonne surprise !

Toni Erdmann ** : L’éclat de rire du festival pour un film pourtant très sérieux sur le mal de vivre dû à un travail déshumanisant. L’actrice principale Sandra Hüller est formidable.

Personal Shoper ** : Olivier Assayas s’essaye au film de fantômes, dans le monde de la mode. Les sifflets à l’issue de la projection de presse ne sont pas mérités. La mise en scène est élégante et Kristen Stewart très crédible.

Rester vertical * : Par Guiraudie, le cinéaste qui montre ce qui est tabou : un accouchement en gros plan, l’homosexualité dans le monde paysan, l’amour chez les vieux…. Mais ce n’est pas un film dossier, plutôt un road movie sans véritable scénario.

Paterson * : Un film en forme de poème qui dévoile 7 jours de la vie d’un couple dans la petite ville de Paterson. Un Jim Jarmush mineur.

 

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 Par Olivier Pélisson  

 

Affiche Festival de Cannes 2016Festival de Cannes, 69e édition. Semaine de la Critique, 55e édition. Quinzaine des Réalisateurs, 48e édition. Acid à Cannes, 24e édition. Les années passent et le cinéma tous azimuts est à nouveau au rendez-vous de la Croisette au mois de mai. Plus d’une centaine de films vont remplir les salles, de longs-métrages attendus en courts-métrages de découverte, de films d’auteurs du monde entier en œuvres événements.

Un homme préside le jury officiel, le cinéaste australien George Miller, qui a mis à l’honneur les femmes dans son opus présenté l’an dernier hors compétition dans le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals: Mad Max : Fury Road. Des femmes qui mènent le reste des jurys de la Croisette, et c’est bien : Naomi Kawase pour les courts-métrages et la Cinéfondation, Marthe Keller pour Un Certain Regard, Catherine Corsini pour la Caméra d’Or, et Valérie Donzelli pour la Semaine de la Critique.

Affiche Semaine 2Côté course à la Palme d’Or, vingt-et-un films sont dans les starting blocks, avec deux signés de cinéastes asiatiques, un moyen-oriental, un sud-américain, quatre nord-américains et treize européens. Un très grand habitué (le Britannique Ken Loach, en lice pour la treizième fois !) et des familiers (les Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne et l’Américain Jim Jarmusch avec sept venues pour la Palme, l’Espagnol Pedro Almodovar et le Français Olivier Assayas avec cinq) côtoient quatre petits nouveaux en compét’ (le Brésilien Kleber Mendonça Filho, l’Allemande Maren Ade, le Roumain Cristi Puiu et le Français Alain Guiraudie). Quatre réalisateurs ont déjà reçu le prix suprême : Loach (Le Vent se lève en 2006), Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours en 2007), et les double palmés Dardenne (Rosetta en 1999, Le Fils en 2005).

Photo Semaine Tramontane  2Vingt-deux films sont annoncés côtés premiers longs-métrages, dont dix-neuf dans la quête de la Caméra d’Or. Les yeux sont braqués à Un Certain Regard sur les attendus Dogs du Roumain Bogdan Mirica, tension en campagne, et La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit, roi de l’animation avec ses magnifiques courts primés Le Moine et le poisson et Père et fille. À la Semaine de la Critique, on attend la quête identitaire d’un jeune aveugle libanais Tramontane de Vatche Boulghourjian, la chronique d’un deuil israélien One Week and a Day d’Asaph Polonsky, et la mue mordante d’une jeune étudiante vétérinaire Grave de Julia Ducournau.

Photo MercenaireÀ la Quinzaine des Réalisateurs, ce sont l’animé en pâte à modeler Ma vie de courgette de Claude Barras, coécrit avec Céline Sciamma, et l’itinéraire d’un jeune rugbyman calédonien Mercenaire de Sacha Wolff.

 

On verra aussi les premiers pas d’interprètes derrière la caméra (Chloë Sevigny, Laetitia Casta, Sandrine Kiberlain et Félix Moati pour du court, Grégoire Leprince-Ringuet pour du long), d’un écrivain (Wrong Elements de Jonathan Littell en séance spéciale officielle), et d’un metteur en scène de théâtre (Apnée de Jean-Christophe Meurisse à la Semaine). En complément des révélations, les barons du 7e art seront là. Du blockbuster à la production « familiale », ils représentent le spectre de leur art. Woody Allen, Loach, Almodovar, les Dardenne, Paul Verhoeven, Jim Jarmusch (en doublé fiction et documentaire), Steven Spielberg, Rithy Panh, Paul Vecchiali, Marco Bellocchio ou Paul Schrader.

Dog eat dogDu genre, du genre, avec du thriller, du sang, du cannibalisme, du vampire et du fantôme. L’occasion de voir arriver à Cannes le sud-coréen Na Hong-jin avec The Strangers, son compatriote Sang-ho Yeon pour Train to Busan, et Mel Gibson filmé par Jean-François Richet dans Blood Father (tous trois en Officiel hors compétition), Nicolas Cage et Willem Dafoe chez Schrader dans Dog Eat Dog (clôture de la Quinzaine), le discret The Transfiguration de Michael O’Shea (Un Certain Regard), le déjà annoncé Grave de Ducournau, et des donzelles icônes en pleins troubles existentiels, de Kristen Stewart chez Assayas (Personal Shopper) à Elle Fanning chez Nicolas Winding Refn (The Neon Demon).

Les actrices vont régner sur la Croisette. Avec des prétendantes de haute volée pour le prix d’interprétation féminine : Sonia Braga dans Aquarius de Mendonça Filho, Adèle Haenel dans La Fille inconnue des Dardenne, Stewart donc dans Personal Shopper, Sandra Hüller dans Toni Erdmann de Maren Ade, Charlize Theron dans The Last Face de Sean Penn, Marion Photo Fais de beaux reves (c) Simone Martinetto 1Cotillard dans le doublé Mal de pierres de Nicole Garcia / Juste la fin du monde de Xavier Dolan, Emma Suarez et Adriana Ugarte dans Julieta d’Almodovar, et l’indéboulonnable Isabelle Huppert dans Elle de Verhoeven. A071C001__c_Ecce_FilmsOutre Cotillard, plusieurs sont présentes en doublé cannois : Stewart avec aussi le Allen d’ouverture Café Society, Soko à Un Certain Regard (La Danseuse de Stéphanie di Giusto, Voir du pays des sœurs Coulin), Bérénice Bejo à la Quinzaine (Fais de beaux rêves de Bellocchio, L’Économie du couple de Joachim Lafosse), et Virginie Efira, en ouverture de la Semaine (Victoria de Justine Triet) et en compétition officielle dans Elle.

Un homme et une femmeEnfin, des anniversaires, surprises à la clé ? Cinquante ans pour la Palme d’Or d’Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966), quarante ans pour celle de Taxi Driver de Martin Scorsese (1976), dont le duo principal est présent en séances spéciales (Jodie Foster pour son Money Monster avec George Clooney et Julia Roberts, Robert de Niro pour Hands of Stone de Jonathan Jakubowicz), et vingt-cinq ans pour celle de Barton Fink des frères Coen (1991). Dans quelques heures ça démarre. À vos marques !

 

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Par Nicolas Schmidt 

Photo Rivette

 

De Jacques Rivette, on connaît son appartenance à la Nouvelle Vague et aux Cahiers du Cinéma, dont il fut le rédacteur en chef de 1963 à 1965. Durant son travail critique, il a également réalisé, pour la télévision, Jean Renoir le patron (1966), dans la série de Janine Bazin et André S. Labarthe, Cinéastes de notre temps. Par ailleurs, il fera lui-même sujet de Jacques Rivette le veilleur, par Serge Daney (1994), dans la nouvelle série Cinéma de notre temps.

RivetteLes Cahiers du Cinéma ont été en quelque sorte la première « équipe » dans laquelle s’est retrouvé Rivette, son cinéma tendant à retrouver de film en film, dans l’esprit de troupe de théâtre, les mêmes collaborateurs, dans l’écriture (Jean Gruault, Eduardo de Gregorio, Marilù Parolini, Pascal Bonitzer, Christine Laurent), la photographie (William Lubtchansky), le décor (Manu de Chauvigny), le montage (Nicole Lubtchansky), la production (Georges de Beauregard, Stéphane Tchalgadjieff, Barbet Schroeder, Martine Marignac), le travail de scripte (Lydie Mahias), etc., et dans nombre de ses films, Suzanne Schiffman.
De la Nouvelle Vague, il sera le seul à ne pas créer de structure de production, se tenant toujours loin des médias, composant des films de longues durées, ne connaissant que quelques succès commerciaux ; cultivant discrétion jusqu’au mystère, il est un cinéaste dont on peut dire : « Le véritable metteur en scène est un archéologue : il part à la recherche d’un objet enfoui, il dédaigne la beauté plastique immédiate pour une beauté plus secrète qui lui vient en idées. » (Hélène Frappat, Jacques Rivette, secret compris, Cahiers du Cinéma, coll. « Auteurs », 2001, p. 85).

Rivette noiseuse 3Les films de Rivette sont le fruit d’un travail collectif, associant expérimentation, commedia dell’arte, happening : exemple de L’Amour fou (1969, avec Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon). Ils sont souvent construits autour de personnages féminins, en tout premier lieu Bulle Ogier – Rivette fera tourner mère et fille, Pascale Ogier (très tôt disparue) dans Le Pont du Nord (1981, avec Pierre Clémenti), errance mystérieuse et affective, dans Paris, des deux femmes, aux prises avec de mystérieux individus.

Du cinéaste, on connaît également, pour s’en tenir aux longs métrages, La Religieuse (1967, avec Anna Karina), d’après Diderot, film qui avait été l’objet d’une cabale, qui se retournera finalement en sa faveur. Le film fait montre de spiritualité, tout comme Jeanne la Pucelle (1994), dont il donnera une lumineuse figure ; dans son film, il joue lui-même un prêtre venu exorciser Jeanne : aurait-t-il voulu aussi exorciser son interprète, Sandrine Bonnaire, comme elle-même l’a écrit (Le Roman d’un tournage, Jeanne la Pucelle, Jean-Claude Lattès, 1994, p. 39-40) ?
Rivette 5

Dans un autre registre, qui lui est tout aussi familier, le cinéaste mêle fantaisie, comédie, fantastique : c’est Céline et Julie vont en bateau (1974, avec Juliet Berto, Dominique Labourier, Bulle Ogier, Marie-Fance Pisier), avec, entre autres références, Louis Feuillade. Le mode feuilletonnesque se retrouve dans Out 1 nolli me tangere (1971), en 12 épisodes, pour une durée totale de 12h40, récits croisés autour d’une société secrète, inspirés de L’Histoire des Treize de Balzac. Auteur de prédilection du cinéaste, Le chef d’œuvre inconnu donnera lieu à La Belle Noiseuse (1991, Grand Prix au festival de Cannes), impressionnant face à face entre le peintre (Michel Piccoli) et son modèle (Emmanuelle Béart, offrant toute sa nudité). Suivant une narration plus classique, et film en costumes, La Duchesse de Langeais deviendra Ne touchez pas la hache (2007, avec Jeanne Balibar et Guillaume Depardieu, lequel dira s’être « senti grandi »).

Rivette 6On est dans le récit d’apprentissage, avec Paris nous appartient (1961), premier long métrage de Rivette, lequel traite d’un thème qui reviendra dans son œuvre, le complot, ici avec une référence à Fritz Lang, dont on voit un court extrait de Metropolis. Apprentissage et confrontation au monde adulte se rencontrent également dans Hurlevent (1985, avec Fabienne Babe et Lucas Belvaux), d’après Les Hauts de Hurlevent d’Emily Bronte. Pour leur part, les apprenties comédiennes de La Bande des quatre (1989, avec Laurence Cote, Fejria Deliba, Bernadette Giraud, Ines d’Almeida) doivent affronter à la fois une enseignante des plus exigeantes (Bulle Ogier) et un curieux personnage (Benoit Régent) qui s’incruste dans la maison qu’elles occupent. Haut, bas, fragile (1995) fait suivre, en danse et chansons, l’errance dans un Paris estival de trois jeunes femmes (Nathalie Richard, Laurence Cote, Marianne Denicourt), un décorateur de théâtre (André Marcon) faisant le lien entre elles. Enfin, c’est aussi dans l’attente d’un personnage, qui ne vient pas, que se produit une rencontre inattendue entre Maria Schneider et Joe Dallessandro dans Merry-go-round (1983), entraînant dans toute sorte de « manège ».

Rivette 7Dans des croisements d’histoires, de genres, d’époques, d’influences (Alice au pays des merveilles, Don Quichotte…), les personnages chez Rivette sont souvent à la recherche ou en quête, d’un individu, d’un objet… C’est le cas par exemple dans les « Scènes de la vie parallèle », films ouvrant sur des personnages fantomatiques, comme dans Duelle (1976, avec Juliet Berto, Bulle Ogier, Hermine Karagheuz), où les filles de la lune et du soleil rivalisent pour s’emparer d’une pierre mystérieuse, périple parisien accompagné par le chorégraphe et danseur Jean Babilé, et avec improvisation au piano de Jean Wiener. Guerrières et vengeresses s’affrontent sur une île en de singuliers combats, dans Noroît (1976, avec Géraldine Chaplin, Bernadette Lafont), d’après La Tragédie du vengeur, de Cyril Tourneur. Enfin, commencé dans ces mêmes années puis abandonné, un autre projet, un amour entre un vivant et une morte, deviendra, beaucoup plus tard, Histoire de Marie et Julien (2003, avec Emmanuelle Béart, Jerzy Radziwilowicz, Anne Brochet).

Ce sont d’autres genres de visions qui traversent, dans une veine plus légère, L’Amour par terre (1984, avec Géraldine Chaplin, Jane Birkin, André Dussollier, Jean-Pierre Kalfon), dans une vaste demeure où des comédiennes ont été conviées à répéter, par un auteur en train d’écrire une pièce de théâtre.

Le théâtre, on le sait, est permanent chez Rivette, offrant nombre d’occasions de face-à-face et de huis-clos. Il a lui-même mis en scène quelques pièces : outre La Religieuse (en 1963), Bajazet de Racine, et Tite et Bérenice de Corneille (en 1989). Quant à Va savoir (2000, avec Jeanne Balibar, Sergio Castellitto, Jacques Bonnaffé), le film tourne autour de retrouvailles sentimentales, pendant qu’on répète Comme tu me veux de Pirandello, et qu’un duel, façon western, se produira sur les cintres du théâtre entre les deux prétendants… Autrement, c’est le personnage d’Electre qui irrigue la tragédie familiale de Secret Défense (1998, avec Sandrine Bonnaire, Jerzy Radziwilowicz, Grégoire Colin), où une jeune femme, avec son frère, part à la recherche des causes de la mort de leur père, des sœurs jumelles (Laure Marsac) venant encore ajouter au trouble des personnages.

Enfin, mime et cirque sont au rendez-vous de 36 vues du pic Saint-Loup (2009, avec Jane Birkin et Sergio Castellitto,), retour aux origines du cinéma pour le dernier film de Jacques Rivette.

Rivette 4

 

 

Par Olivier Pélisson

Photo Cannes 0 bis

 

Il est là, à deux pas, le Festival de Cannes. 68e du nom, avec ses dix-neuf prétendants à la Palme d’Or. La Semaine de la Critique est là aussi, pour sa 54e édition. Et la Quinzaine des Réalisateurs, pour sa 47e édition.

 

Du beau monde, avec les frères Coen co-présidents (une première !) du grand jury, accompagnés des actrices française Sophie Marceau, espagnole Rossy de Palma, anglo-américaine Sienna Miller, de la chanteuse-musicienne malienne Rokia Traoré, de l’acteur américain Jake Gyllenhaal, et des cinéastes mexicain Guillermo del Toro et canadien Xavier Dolan. Au court métrage et à la Cinéfondation, c’est le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako qui préside, avec l’actrice belge Cécile de France, les réalisatrices libanaise Joana Hadjithomas et française Rebecca Zlotowski, et l’acteur polonais Daniel Olbrychski. Photo Cannes Coen

Au jury Un Certain Regard, Isabella Rossellini préside, avec l’actrice-réalisatrice libanaise Nadine Labaki, la réalisatrice saoudienne Haifaa Al-Mansour, le réalisateur grec Panos H Koutras et l’acteur français Tahar Rahim. A la Caméra d’Or, Sabine Azéma préside, avec la réalisatrice Delphine Gleize, l’acteur Melvil Poupaud, le réalisateur Yann Gonzalez, le directeur de la photographie Claude Garnier, l’industriel Didier Huck, et le critique Bernard Payen, tous français.
Photo réal israelienne

A la Semaine de la Critique, l’actrice et réalisatrice israélienne Ronit Elkabetz préside, avec la réalisatrice française Katell Quillévéré, le directeur de la photographie britannique Peter Suschitzky, la programmatrice canadienne Andréa Picard et le critique néerlandais Boyd Van Hoeij.

Le patrimoine est à la fête. Ingrid Bergman trône sur l’affiche officielle du 68e Festival, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Tout comme Orson Welles est fêté pour le même anniversaire dans la section Cannes Classics, avec des fictions et des documentaires. Sans oublier des hommages à Manoel de Oliveira, Costa-Gavras, Barbet Schroeder, et aux cent-vingt ans du Cinématographe Lumière.

Les films ? Plus d’une centaine d’œuvres à se mettre sous la dent, devant les yeux, dans la tête. Des longs-métrages surtout, de la Sélection officielle à la Semaine de la Critique, de la Quinzaine des Réalisateurs à la programmation de l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Un panel impayable sur la création du moment.

Des courts métrages, aussi, dans chaque sélection, et pour l’opération Talents Adami Cannes, déjà présente pour sa 22e édition. La Sélection officielle en présente neuf, et dix-huit dans sa section maison Cinéfondation. La Semaine de la Critique en présente dix, et la Quinzaine des Réalisateurs onze.
Photo Palme 55Cannes c’est aussi des récompenses. La Palme d’Or fête ses soixante ans en 2015. La première fût décernée à Marty de Delbert Mann en 1955, après neuf ans de remise de Grand Prix depuis 1946. La Sélection officielle réunit neuf prix principaux dans son palmarès. La Semaine six prix, la Quinzaine quatre prix. La Caméra d’Or, remise au cours du palmarès de la Sélection officielle, récompense le meilleur premier film, toutes sections confondues. Au fil des ans, une douzaine d’autres récompenses sont nées, des Prix Fipresci au Trophée Chopard, du Prix François-Chalais au Prix du jury œcuménique, de la Queer Palm à la Palme Dog. Nouveauté en 2015, le documentaire aura désormais sa récompense, toutes sections confondues : l’Œil d’Or, remis samedi 23 mai.

Photo AudiardEn lice pour la récompense suprême, la Sélection officielle accueille des « novices » en compétition, et en nombre : Valérie Donzelli, Stéphane Brizé, Guillaume Nicloux, Justin Kurtzel, Joachim Trier, Denis Villeneuve, Yorgos Lanthimos, Michel Franco et Laszlo Nemes (pour son premier film). Soient huit sur dix-neuf prétendant(e)s à la Palme. Seuls deux déjà palmés sont présents : Nanni Moretti et Gus Van Sant. Ils sont aussi les deux seuls déjà primés pour la mise en scène à Cannes. Quant à Jacques Audiard et Matteo Garrone, ils ont déjà reçu le Grand Prix du jury sur la Croisette. Photo Moretti

Agnès Varda recevra une Palme d’Or d’honneur pour sa carrière lors de la cérémonie de clôture du dimanche 24 mai. Le cinéaste chinois Jia Zhangke recevra lui le Carrosse d’Or pour sa carrière, lors de la cérémonie d’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs jeudi 14 mai.

Côté long-métrage, les femmes derrière la caméra sont présentes en sélection officielle, avec deux en compétition, deux hors compétition, et quatre à Un Certain Regard. Trois font partie de la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs, mais aucune à la Semaine de la Critique. Heureusement, côté court, la Semaine se rattrape, tout comme chaque section de court-métrage offre des œuvres réalisées par des femmes et des hommes.
Photo DonzelliConstat, les acteurs qui passent à la réalisation continuent d’intéresser les programmateurs. Natalie Portman débarque en séance spéciale avec Une histoire d’amour et de ténèbres, et Louis Garrel avec Les deux amis à la Semaine de la Critique. Quant à Reda Kateb, son court métrage Pitchoune est annoncé à la Quinzaine des Réalisateurs. Et les actrices devenues réalisatrices confirmées sont bien présentes en Sélection officielle, avec La Tête haute d’Emmanuelle Bercot en ouverture, Marguerite & Julien de Valérie Donzelli et Mon roi de Maïwenn (avec Bercot !) en compétition. Toutes françaises.

Photo Cannes Gomez

Les représentations du monde ? S’il est de plus en plus flou de définir un film par sa bannière nationale, il peut se regarder par son ou sa cinéaste. Toujours beaucoup d’Europe. La France alimente copieusement les diverses sections. L’Italie est en force avec trois films en lice pour la Palme d’Or (Nanni Moretti, Matteo Garrone, Paolo Sorrentino). Et le Portugal fait figure d’ovni avec les trois longs-métrages de Miguel Gomes à la Quinzaine des Réalisateurs (Les 1001 nuits).

L’Asie est bien là, avec Jia Zhangke (Chine), Hou Hsiao-hsien (Taïwan) et Hirokazu Kore-Eda (Japon) en compétition, les Nippons Naomi Kawase et Kiyoshi Kurosawa, le Thaïlandais Apitchatpong Weerasethakul, le Philippin Brillante Mendoza, deux films indiens (Masaan, The Fourth direction), et l’un des deux sud-coréens (Madonna de Shin Su-won) à Un Certain Regard. Sans oublier du cinéma de genre, toujours coréen, en séance spéciale officielle (Office), à Un Certain Regard (Shameless), à la Semaine de la Critique (Coin Locker Girl), et japonais, avec le franc-tireur Takashi Miike en séance spéciale à la Quinzaine (Yakusa Apocalypse).

Le Moyen-Orient tire son épingle du jeu avec des premiers longs-métrages, israélien en séance spéciale officielle (L’Esprit de l’escalier de Elad Keidan), iranien à Un Certain Regard (Nahid de Ida Panahandeh), turc à la Quinzaine des Réalisateurs (Mustang de Deniz Gamze Ergüven), et palestinien à la Semaine de la Critique (Dégradé des frères Arab & Tarzan Nasser).

Photo Cannes CisséL’Afrique tient bon avec le maître malien Souleymane Cissé en séance spéciale officielle (Oka), le cinéaste marocain Nabil Ayouch à la Quinzaine (Much Loved), et une première, le premier film éthiopien Lamb de Yared Zeleke à Un Certain Regard. L’Océanie brille en Sélection officielle avec deux cinéastes australiens, un reconnu (George Miller et son Mad Max : Fury Road hors compétition), et un de la nouvelle génération (Justin Kurtzel et son Macbeth).

L’Amérique du Sud brille avec les Mexicains Michel Franco en compétition (Chronic) et David Pablos à Un Certain Regard (Las elegidas), les Colombiens José Luis Rugeles Garcia à Un Certain Regard (Alias Maria), Ciro Guerra à la Quinzaine (El abrazo de la serpiente) et César Augusto Acevedo à la Semaine (La Tierra y la sombra), la Chilienne Marcia Tambutti à la Quinzaine (Allende mi abuelo Allende), et l’Argentin Santiago Mitre à la Semaine (Paulina).

Côté premiers films, une vingtaine de longs-métrages sont présents toutes sections confondues. Le jury de Sabine Azéma va avoir du pain sur la planche pour choisir sa Caméra d’Or !

 

Photo semaine

Début des festivités : mercredi 13 mai.

Baisser de rideau : dimanche 24 mai.

Festival de Cannes Sélection officielle : http://www.festival-cannes.fr/

Semaine de la Critique : http://www.semainedelacritique.com/

Quinzaine des Réalisateurs : http://www.quinzaine-realisateurs.com/ 

Par France Hatron

 

Durée : 2h45

 

Un film dramatique américain

Réalisation :

Richard Linklater

Avec : Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater

Année :  2014

Boyhood affiche 2

Richard Linklater a réalisé l’expérience inédite de tourner son film pendant 12 ans, à raison d’une semaine par an, à Austin au Texas, avec les mêmes acteurs professionnels et enfants grandissant. Il raconte une histoire que tous ont découverte au fur et à mesure du tournage, à l’exception de la monteuse Sandra Adair qui connaissait le scénario.

De l’âge de 6 ans jusqu’à son départ à la Fac, Mason est le pilier central de cette histoire universelle, triste et belle, simple et ordinaire, et pourtant unique en son genre.
Boyhood 3 portraitsLes parents de Mason sont divorcés depuis toujours, semble-t-il. Samantha, sa sœur aînée – interprétée par Lorelei, la fille de Richard Linklater – et lui, n’ont pas vu leur père depuis longtemps. Quand il refait surface, ce n’est pas pour assurer ses responsabilités mais juste pour jouir de la vie avec ses enfants, les voir sourire, les entendre lui raconter leurs joies, leurs peines, dans le détail, comme si l’absence et le temps qui passe n’avaient pas d’incidence. Il les aime mais ne peut rien leur offrir de matériel, ni de durable. Ce qu’ils ont compris, leur mère aussi. Touchés par ce père et ex mari insouciant qui ne parvient pas à grandir ni à travailler, ils s’accommodent tant bien que mal du fardeau qui malgré tout les aident à traverser les épreuves de la vie.

Boyhood mère filsLe petit blondinet grandit sous nos yeux. Ses cheveux poussent, foncent avec l’âge, redeviennent court au gré de la mode et de l’autorité d’un beau père ivrogne. Il doit s’adapter sans cesse à une nouvelle vie, une nouvelle école, jongler avec ses blessures et celles des autres, se protéger pour ne pas sombrer. Sa mère, elle, se bat pour et contre tout, toujours digne et sans révolte apparente. Elle reprend ses études, se marie, divorce, déménage, reforme un couple… Les rides font leur nid, les kilos s’installent. Ainsi va la vie, une vie presque ordinaire chroniquée à la manière d’un genre nouveau qui se situe sur le fil, quelque part entre le documentaire et la fiction. Bohhood père fils

L’atmosphère mélancolique et optimiste à la fois porte les acteurs, particulièrement Patricia Arquette, Ethan Hawke et Ellar Coltran dont le jeu force l’admiration par sa justesse et sa cohérence au fil des années.

Le cinéaste parvient à sonder habilement l’intériorité de ses personnages dans les petits moments de la vie qui devraient passer inaperçus et dont il se sert, lui, pour dérouler son histoire sans grosses ficelles scénaristiques. L’émotion, tout en retenue, nous gagne au rythme des présidents de la république et des chansons de Coldplay, Bob Dylan, Cat Power… La vie passe mais l’envie de revoir défiler le film dans sa tête, elle, ne passe pas.

Boyhood frere soeur

Boyhood a été récompensé par l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin 2014. 

 

By Olivier Pélisson

Photo JAUJA Created in 1978, the section Un Certain Regard reached its 37th edition during the 67th Cannes Film Festival. On the evidence of this selection it stays true to its founding aims: to discover and to show singular films that renew cinematic expression, as much by their aesthetic as by their themes.

Twenty features were presented this year, providing a vast open window on our world and its state of health. Works came from the five continents, Africa (Ivory Coast), Oceania (Australia), Asia (Israel, China, India, South Korea), America (USA, Argentina) and Europe (Spain, Italia, Greece, Hungary, Austria, Norway, UK, France). So from these offerings how is the world? It seems, well somewhat sick: Humanity is the victim of constant pressures…

An Aboriginal old man strongly resists restrictive laws in Charlie’s Country by Rolf de Heer. A Korean lesbian policewoman struggles against prejudices in A Girl at My Door (Dohee-ya) by July Jung. A Chinese family goes beyond itself to cure the father in Fantasia by Wang Chao. A young Spanish couple tries to survive through the economic crisis in Hermosa Juventud by Jaime Rosales, while the young Greek brothers are dreaming of better days in Xenia by Panos H. Koutras. Photo Party girl

Meanwhile a young girl has to keep the faith against indifferent parents in Incompresa by Asia Argento and a woman growing old wants to preserve her freedom at any cost in Party Girl by Marie Amachoukeli, Claire Burger & Samuel Theis. A Norwegian couple is troubled by the husband’s cowardice in Turist by Ruben Östlund. An English guy can’t escape his Mafia family and his fatal destiny in Snow in Paradise by Andrew Hulme.

There is only one step from pressure to nightmare and horror, such as the horror carried out by men in the pictures and the words of the photographer Sebastião Salgado in The Salt of the Earth by Wim Wenders & Juliano Ribeiro Salgado.

Photo Party girl 2Or there’s the horror of a terrifying vision of the night in Lost River by Ryan Gosling and the horror of dogs revolting against humans in White God (Fehér isten) by Kornél Mundruczo. The horror of a man controlled by tyranny can be found in Run by Philippe Lacôte and the horror of men ready to do their worst to get money in Titli by Kanu Behl. Horror confronts an ordinary man in the face of the murder of his wife in Blue Room (La Chambre bleue) by Mathieu Amalric while there is the horror of the loss of a child in The Disappearance of Eleanor Rigby by Ned Benson and in Jauja by Lisandro Alonso. A daughter experiences horror of being an incestuous slave of her father and of herself in That Lovely Girl by Keren Yedaya.

Hopefully, nightmare can turn into sweetness of dream and tale, like the final and oneiric chapter of the magnificent and powerful Jauja by Lisandro Alonso, in which a father rediscovers his daughter.

And finally, love still makes the world go round such as in Family Love, Xenia and Party Girl; possible love in Bird People by Pascale Ferran and difficult love in Titli. Love in danger infuses Turist and strong love in Hermosa Juventud or The Disappearance of Eleanor Rigby. Mad love forms the fabric of That Lovely Girl, Amour fou and Blue Room. BIRD_PEOPLE photo_CaroleBethuel

The powerful dream of better days for the planet has also come, thanks to The Salt of the Earth, where Sebastião Salgado explains his and his wife’s ecological wish to rebuild the place of his youth in Brazil. After seeing the worst as a photo-reporter, he wants to give birth again to a jungle where desert has grown. And it works! There is wide hope, and a positive energy transmitted by film.

The energy of youth was also present through the seven films shot by new directors, comprising one third of Un Certain Regard, a record among this year’s Cannes selections. The titles were: Party Girl, A Girl at My Door, Lost River, Run, Snow in Paradise, The Disappearance of Eleanor Rigby and Titli. Party Girl finally received the Caméra d’Or, rewarding the best first feature of all the Cannes sections. BIRD_PEOPLE photo7_Archipel 35 Photo Party girl 3

This human adventure, cleverly and intensely made my three young filmmakers, is a tough and moving portrait of a lady who desperately wants to go on driving her life as she wants. She goes out, drinking, dancing, cheating, laughing and enjoying every single day, and at the same time receives in return the love of her four children. The jury headed by actress and director Nicole Garcia chose well, and with this accolade provided continued proof that Un Certain Regard still stays as a true place for discovery.

Affiche 3 Festival de CannesPar Olivier Pélisson

 

Le 67e Festival de Cannes pointe le bout de son nez. Il se tiendra du 14 au 25 mai sur la Croisette et réunira le traditionnel cocktail annuel. Avec la Sélection Officielle composée des films en compétition pour la Palme d’Or, Un Certain Regard, les séances hors compétition, spéciales et de minuit, les courts métrages en compétition et la Cinéfondation. Mais aussi avec Cannes Classics, le Cinéma de la plage et les Master Class (Jacques Audiard, Sophia Loren).

Et bien sûr avec les sections parallèles composées de la 46e Quinzaine des Réalisateurs, parrainée par la SRF (Société des Réalisateurs de Films), et de la 53e Semaine de la Critique, parrainée par le SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma).

Signature bleue Festival de CannesAu total, plus d’une centaine de films, plusieurs centaines de projections et des milliers de festivaliers. De quoi faire tourner la tête, ou la perdre pour certains. De quoi aussi trouver son bonheur. Car ce concentré de projections et de rencontres reste un écran unique en termes d’excitation cinéphilique et d’état des lieux sur le monde.

Une femme va présider le jury officiel, et pas des moindres : la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion. Elle est la dixième femme à assurer la présidence depuis les débuts de la manifestation en 1946 (51 hommes ont présidé), et la première réalisatrice à part entière, après huit actrices (Olivia de Havilland, Sophia Loren, Michèle Morgan, Ingrid Bergman, Jeanne Moreau, Isabelle Adjani, Liv Ullmann, Isabelle Huppert) et une écrivaine (Françoise Sagan). Elle reste aussi à ce jour la seule réalisatrice à avoir remporté la Palme d’Or (1993), tout comme la première femme à avoir décroché l’Oscar du meilleur scénario pour un de ses propres films (en 1994, Sofia Coppola l’a suivie en 2004). Les deux fois pour La Leçon de piano.

On peut signaler une présence forte des réalisatrices dans tous les jurys, avec aussi une majorité artistique féminine dans l’officiel (Campion, Carole Bouquet, Yeon Do-jeon, Sofia Coppola, Leila Hatami, Gael Garcia Bernal, Willem Dafoe, Nicolas Winding Refn, Jia Zhang-ke), avec Nicole Garcia en présidente du jury de la Caméra d’Or, Andrea Arnold en tête du Jury du Grand Prix de la Semaine de la Critique, et Rebecca Zlotowski en tête des jurys des Prix Découverte du court métrage du Révélation de la même Semaine. Pour le jury du Prix Un Certain Regard, c’est le cinéaste argentin Pablo Trapero qui mène le bal.

Dans les films présentés, les femmes sont bel et bien là, même si toujours timidement en compétition (deux pour dix-huit films), elles sont plus nombreuses à Un Certain Regard et en séances spéciales.

Côté compétition pour la récompense suprême, dix-huit films sont en lice à ce jour. L’Europe prime (neuf films), puis l’Amérique du Nord (cinq films dont trois pour le Canada). Suivent l’Afrique (un film), l’Amérique du Sud (un film) et l’Asie (un film), sans oublier la Turquie, au carrefour de l’Europe et de l’Asie (un film).

Thierry Frémaux et son équipe continuent de concocter un savant mélange d’habitués et de nouveaux venus. Ken Loach peut s’enorgueillir de concourir pour la douzième fois à la Palme (Jimmy’s Hall). Un record pour celui qui a déjà glané l’Or (Le Vent se lève) et trois Prix du Jury (Hidden Agenda, Raining Stones, La Part des anges), et qui revient toutes sections confondues pour la dix-huitième fois sur la Croisette, depuis 1970 avec Kes à la Semaine de la Critique.

C’est la septième compétition pour Jean-Luc Godard (Adieu au langage), la sixième pour Atom Egoyan (The Captive) et les frères Dardenne (Deux jours, une nuit), la cinquième pour Mike Leigh (Mr Turner), David Cronenberg (Maps to the Stars) et Nuri Bilge Ceylan (Winter Sleep), la quatrième pour Naomi Kawase (Futatsume no mado-Still the water) et Olivier Assayas (Sils Maria), la troisième pour Bertrand Bonello (Saint Laurent) et la seconde pour Andrei Zvyagintsev (Leviathan), Tommy Lee Jones (The Homesman) et Michel Hazanavicius (The Search).

Côté arrivée en compétition, cinq cinéastes sont à l’honneur avec le Mauritanien Abderrahmane Sissako (Timbuktu), l’Argentin Damian Szifron (Relatos salvajes), l’Italienne Alice Rohrwacher (Le Meraviglie), l’Américain Bennett Miller (Foxcatcher) et le Canadien Xavier Dolan (Mommy).

 

Photo seamine de la critique

Autre tendance, les acteurs et actrices qui réalisent sont très présents, qu’ils jouent ou pas dans leurs films, avec Tommy Lee Jones et Xavier Dolan en compétition, Asia Argento (Incompresa), Mathieu Amalric (La Chambre bleue) et Ryan Gosling (Lost River) à Un Certain Regard, Isild Le Besco (Les Ponts de Sarajevo) en séance spéciale hors compétition, Ronit Elkabetz (Gett) à la Quinzaine des Réalisateurs, et Mélanie Laurent (Respire) à la Semaine de la Critique.

 

On note évidemment des maîtres, des incontournables du cinéma contemporain, des Dardenne à Isao Takahata (Le Conte de la Princesse Kaguya, Quinzaine des Réalisateurs), de Cronenberg à Frederick Wiseman (National Gallery, Quinzaine des Réalisateurs), de John Boorman (Queen and Country, Quinzaine des Réalisateurs) à Godard, de Loach à Wim Wenders (The Salt of the Earth, Un Certain Regard).

Du cinéma de genre, avec notamment le western pour The Homesman de Tommy Lee Jones et The Salvation de Kristian Levring (Séance de minuit hors compétition), l’horreur pour la reprise de Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (Séance spéciale Quinzaine des Réalisateurs), les zombies de It Follows de David Robert Mitchell et les loups-garous de When animals dream de Jonas Alexander Arnby (Semaine de la Critique), et l’étrangeté extrême de Alleluia de Fabrice du Welz (Quinzaine des Réalisateurs).

Du sang neuf avec vingt premiers longs métrages en lice pour la Caméra d’Or. Sept à Un Certain Regard, cinq à la Quinzaine des Réalisateurs et huit à la Semaine de la Critique. Sans oublier les multiples courts métrages de toutes les sections et de la Cinéfondation.

Côté jeune garde made in France, entre révélation et confirmation, on attend beaucoup de Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (Un Certain Regard), Mange tes morts de Jean-Charles Hue et Les Combattants de Thomas Cailley (Quinzaine des Réalisateurs) et FLA de Djinn Carrénard (Semaine de la Critique). Côtés grosses pointures hexagonales en compétition, c’est l’éclectisme avec Assayas et Hazanavicius au-delà des frontières, Godard au-delà des mots et Bonello au-delà d’une icône ? Céline Sciamma et sa Bande de filles et Bruno Dumont et son P’tit quinquin devraient aussi attirer l’attention à la Quinzaine des Réalisateurs.

Photo Quinzaine

Si le Canada marque la compétition avec Cronenberg, Egoyan et Dolan, Israël fait figure de bel outsider avec Keren Yedaya à Un Certain Regard (Loin de ton absence), Asaf Korman (Next to her) et Ronit & Shlomit Elkabetz (Gett) à la Quinzaine des Réalisateurs, et Shira Geffen (Self Made) et Nadav Lapid (L’Institutrice) à la Semaine de la Critique.

 

Des paillettes ? De la star ? Vous croyez ? Of course. Forcément. Nicole Kidman ouvrira le bal glamour en Grace Kelly (Grace de Monaco d’Olivier Dahan, Ouverture hors compétition). Sophia Loren suivra en invitée d’honneur de Cannes Classics. Et qui d’autre ? Toutes sections confondues ?  Ah oui : Catherine Deneuve, Gong Li, Mads Mikkelsen, Eva Green, Juliette Binoche, Kristen Stewart, Marion Cotillard, Julianne Moore, Hilary Swank, Meryl Streep, Robert Pattinson, Annette Bening, Bérénice Bejo, Monica Bellucci, Ryan Reynolds, Steve Carell, Channing Tatum, Charlotte Gainsbourg, Jessica Chastain, James McAvoy, Isabelle Huppert, Viggo Mortensen, Eva Mendes, Ryan Gosling…

Et puis Marcello Mastroianni, le plus grand acteur du monde, brille en haut de l’affiche de cette 67e édition. Prix d’interprétation masculine à deux reprises pour Drame de la jalousie d’Ettore Scola (1970) et Les Yeux noirs de Nikita Mikhalkov (1987). Palme d’Or avec La Dolce Vita de Federico Fellini (1960) et scandale historique avec La Grande bouffe de Marco Ferreri (1973). Vingt-cinq films présentés en quasi quarante ans. La classe inégalée. Et la promesse d’une cuvée ludique et foisonnante.

http://www.festival-cannes.com/fr.html

Photo Palme

9ème EDITION

Pendant cinq jours, le Cinéma La clé met le Brésil à l’honneur, en posant un regard différent et unique sur son cinéma documentaire,  son actualité sociale, économique, politique, culturelle et sportive. A l’issue de la projection de documentaires inédits, des débats et des rencontres attendent le public autour de sept thèmes incontournables : Le travail domestique, Les femmes en Résistances, La santé et l’exclusion sociale, La santé et ses modes de vie en question, la Dictature et la Résistance, le Football : la coupe est-elle pleine ?, la Musique en action.

C’est l’Association AUTRES BRESILS qui est à l’origine de ce festival visant à décrypter certains des enjeux de société majeurs inhérents non seulement au Brésil mais aussi à la France et au monde entier. Pour cela, AUTRES BRESILS a mis en place des outils d’information et d’échanges : des projections-débats en France (Brésil en Mouvements) et au Brésil (Social en Mouvements) ; des ateliers de réalisation audiovisuelle ; un centre de ressources multimédia (site Internet d’information sur le Brésil gratuit et unique en français, médiathèque de plusieurs centaines de films documentaires, expositions itinérantes).

 

LA PROGRAMMATION

MERCREDI 9 OCTOBRE

SOIREE D’OUVERTURE / TRAVAIL DOMESTIQUE
19h00 : Pot d’ouverture
20h00
Doméstica de Gabriel Mascaro
Brésil | 2012 | 76’ | VOSTF
Sept adolescents ont accepté de filmer durant une semaine leur employé(e) de maison.
Entre intimité dérangeante, rapport d’autorité et tâches quotidiennes, le film propose un
regard contemporain sur le travail domestique et se transforme en un véritable essai sur le
rapport entre affects et travail.
Débat :
Travail domestique : quels statuts, quels rôles et quels droits pour les employé(e)s de
maison ? Discussion à partir de l’exemple brésilien.
Intervenants :
Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire « Territoire et Communication » de l’Université Fédérale de Rio de
Janeiro.
Annie Pourre, Réseau No-Vox
Modérateur : Ivan du Roy, Bastamag

JEUDI 10 OCTOBRE

FEMMES EN RESISTANCES
20h00
Film 1 : Silêncio das inocentes de Ique Gazzola / Naura Schneider
Brésil | 2010 | 52’| VOSTF
La loi n°11.340/2006 ou « loi Maria da Penha » est considérée comme l’une des trois lois
les plus complètes au monde sur les violences domestiques. A travers de nombreux
témoignages de victimes et spécialistes, Silêncio das inocentes nous éclaire sur la
spécificité de cette loi et son application au Brésil.

Film 2 : Virou o jogo : a história de Pintadas de Marcelo Villanova
Lopes Lapa
Brésil | 2012 | 26’| VOSTF
L’histoire de femmes qui ont réussi à remettre en question le machisme grâce à de
nouvelles formes d’organisation à Pintadas, dans la région de Bahia. Introduisant ainsi un
nouveau regard sur les relations hommes/femmes tout en jouant au football.
Rencontre
Intervenantes :
Naura Schneider, réalisatrice de Silêncio das Inocentes
Hélène Tanné, sociologue, formatrice sur les questions de genre, d’égalité et de
violences contre les femmes (Association SOS Femmes 93)
Muriel Naessens, militante et animatrice au Planning Familial, qui participe au
développement du théâtre de l’opprimé sur les questions de violences sexistes et
d’égalité entre les hommes et les femmes (association Féminisme Enjeux).

VENDREDI 11 OCTOBRE

SANTÉ ET EXCLUSION SOCIALE
18h00
Film 1: A cidade de Liliana Sulzbach
Brésil | 2012 | 25’| VOSTF
Itapúa – une communauté de personnes aux habitudes singulières. Ce lieu regroupait
autrefois 1454 personnes. Il ne compte plus aujourd’hui que 35 habitants. Personne
n’aime se rappeler ce qu’Itapúa était dans le passé, même si beaucoup en ont gardé des
traces. En parcourant ce lieu, A Cidade révèle l’existence d’un monde organisé à partir
d’un acte d’une extrême brutalité.
Film 2 : Os melhores anos de nossas vidas de Andrea Pasquini
Brésil | 2003 | 65’| VOSTF
A travers les témoignages de plusieurs malades ayant vécu des années dans une
léproserie, la réalisatrice montre avec poésie et sensibilité les conditions auxquelles ils
étaient soumis ainsi que les moments de vie partagés et les différentes dimensions de leur
quotidien pendant ces années à l’hôpital.
SANTÉ : MODES DE VIE EN QUESTION
20h00
Muito além do peso de Estela Renner
Brésil | 2012 | 84’ | VOSTF
Du Brésil au Koweit, les taux d’obésité infantile sont anormalement élevés. Pourquoi les
enfants sont-ils en surpoids aujourd’hui ? L’industrie, les publicitaires, les instances
publiques : qui est responsable de cette question de santé publique? Le film Muito além
do peso tente de répondre à ces questions.
Débat:
Que nous disent les problématiques de santé publique ?

SAMEDI 12 OCTOBRE

REVOLUTION A DOMICILE
16h00
Film 1 : Disque Quilombola de David Reeks
Brésil | 2012 | 13’ | VOSTF
Des enfants de l’État de « Espirito Santo » dialoguent sur la vie dans une communauté
quilombola depuis un bidonville de la ville de Vitoria. À travers un simple jeu d’enfants, les
deux groupes s’expriment sur leurs racines et comprennent que chacun d’entre eux a
plus de points communs que de différences avec les autres.
Film 2 : Doméstica de Gabriel Mascaro (reprise)
Rencontre avec
Dominique Vidal, professeur de sociologie à l’université Paris Diderot, auteur du livre
« Les bonnes de Rio. Emploi domestique et société démocratique au Brésil » – Presses
universitaires du Septentrion.
DICTATURE ET RÉSISTANCES
18h00
Marighella de Isa Grinspum Ferraz
Brésil | 2011 | 90’ | VOSTF
Bahianais, auteur, poète, érudit de la Bible et du grec, amoureux de la samba, de la plage
et du football, féministe avant l’heure, séduisant, charismatique, interlocuteur de
Kubitschek et de Che Guevara…Qui était donc cet homme dont il a été interdit de
prononcer le nom pendant des décennies au Brésil ?
20h00
Film 1 : Em nome da segurança nacional de Renato Tapajós
Brésil | 1984 | 45’ | VOSTF
Ce documentaire évoque le procès du tribunal de Tiradentes, organisé par la Commission
Justice et Paix de l’Archidiocèse de São Paulo en 1983. Il alterne entre scènes de la cour
de justice et sources documentaires pour discuter de la doctrine de la «sécurité
nationale», axe idéologique majeur de la dictature initiée par le coup d’État de 1964.
Film 2 : O fim do esquecimento de Renato Tapajós
Brésil | 2012 | 52’ | VOSTF
« La fin de l’oubli » donne la parole à des protagonistes du tribunal de Tiradentes et à des
acteurs engagés dans la lutte pour les droits de l’homme pour aborder, trente ans après,
la question de la doctrine de la « sécurité nationale ». Le film étudie ce qu’il en reste et ses
impacts sur la société brésilienne aujourd’hui.
Débat : Dictature militaire, droit à la vérité et à la mémoire : quels impacts sur la société
brésilienne aujourd’hui ?
Intervenants :
Hidalgo Romero, producteur de Em nome da segurança national e O fim do
esquecimento
Glauber Sezerino, sociologue, doctorant au Centre de Sociologie Européenne /
EHESS

Marilza de Melo Foucher, journaliste, docteure en économie.
Modération : Erika Campelo, Autres Brésils

22h30 – Caïpi musicale avec Francis Poulet
Franco-brésilien perdu entre Lyon et Porto Alegre, citoyen du monde et chanteur à la
guitare éclectique, Francis entonnera un répertoire varié de musique brésilienne…Plus
d’infos : http://francisbrasilis.blogspot.fr/2009/04/francis-brasilis-lalbum_7033.html

DIMANCHE 13 OCTOBRE

FOOTBALL : LA COUPE EST PLEINE ?
16h00
Film 1 : O pai do gol de Luiz Ferraz
Brésil | 2013 | 17’| VOSTF
Le réalisateur accompagne José Silvério, animateur radio, « père du but », dans sa cabine
de transmission, montrant à travers ce portrait la relation singulière de la société
brésilienne au football.
Film 2 : Virou o jogo : a historia de Pintadas de Marcelo Villanova
Lopes Lapa
Brésil | 2012 | 26’| VOSTF
L’histoire de femmes qui ont réussi à remettre en question le machisme grâce à de
nouvelles formes d’organisation à Pintadas, dans la région de Bahia. Introduisant ainsi un
nouveau regard sur les relations hommes/femmes tout en jouant au football.
Film 3 : Vila das Torres de William Duarte, Marta Pego, Lúcia Pego et
Bruno Mancuso
Brésil | 2010 | 15’| VOSTF
Le point de vue de certains habitants de «Vila das Torres», favela du centre de Curitiba,
face au méga-événement de la Coupe du monde prévu pour 2014. Quel en sera le
bénéfice pour la communauté ? Comment la favela sera-t-elle perçue par les touristes ?
Comment peuvent s’organiser les habitants pour faire partie du jeu ?
Film 4 : Jogos de poder de Susanna Lira
Brésil | 2013 | 25’| VOSTF
Comment la ville de Rio de Janeiro se prépare-t-elle à accueillir la Coupe du Monde et les
Jeux Olympiques ? Les investissements sont énormes mais rarement négociés avec les
représentants sociaux impliqués dans la restructuration de la ville. Jogos de poder aborde
la question du droit à la ville et de la lutte entre gouvernants et résidents.
17h30
Débat :
Football et Coupe du monde 2014 : paradoxes et enjeux pour une société
brésilienne en (re)construction.
Intervenants :
− Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire « Territoire et Communication » de l’Université Fédérale de Rio de
Janeiro – très impliqué dans les mobilisations sociales.
− Patrick Vassort, maître de conférences à l’Université de Caen, directeur de
publication dans la revue Illusio.
− Un(e) représentant(e) d’Amnesty International
Modérateur : David Eloy, Altermondes

DIMANCHE 13 OCTOBRE

CLÔTURE / MUSIQUE EN ACTION
20h00
Noitada de Samba, Foco de Resistência de Cely Leal
Brésil| 2010 | 75′ | VOSTFR
1971: le Brésil est en pleine dictature militaire. A Rio de Janeiro, les compositeurs et les
musiciens de la périphérie jouent pour la première fois dans la Zona Sul, tous les lundis,
au 143 de la rue Siqueira Campos qui devient un feu de résistance de la musique
populaire brésilienne.

21h30 : CONCERT
Filosofia do Samba – Dudu d’Aquarela / « Voyages en MPB »
Composé à l’origine en 2003, par quelques musiciens de l’École de samba Aquarela,
FILOSOFIA DO SAMBA anime des rodas de samba, rencontres musicales ouvertes,
avec un répertoire varié, des trésors de la Musique Populaire Brésilienne, de Noel Rosa,
Vinicius, Caymmi, Adoniran Barbosa, Chico Buarque, Paulinho da Viola à Bezerra da Silva
et Zéca Pagodinho.
FILOSOFIA DO SAMBA vous embarque dans un grand voyage musical. Détachez vos
ceintures et bon voyage !

Pot de CLÔTURE

LES INVITES

- Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire «Territoire et Communication» de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro.
Militant impliqué dans les manifestations de juin 2013 au Brésil. (à Paris du 4 au 14
octobre)
- Naura Schneider, réalisatrice-conceptrice du projet de « Silencio das Inocentes » (du 8 au
14 octobre)
- Hidalgo Romero, producteur des films de Renato Tapajos : « Em nome da segurança
nacional » e « O fim do esquecimento » (Vit actuellement à Paris)

LE LIEU ET LES TARIFS

Cinéma La Clef
34 rue Daubenton – 75005 Paris – Métro Censier Daubenton (ligne 7)
Bus 47, arrêt « Censier Daubenton » – RER C, arrêt « Paris-Austerlitz »
www.cinemalaclef.fr – 09 53 48 30 54
6 € tarif plein / 5€ tarif réduit / 4€ adhérents
Pass 4 séances : 18€ / 15€ / 12€
Pass complet : 35€ / 30€ / 25€
Réservation conseillée : reservation@cinemalaclef.fr
Tout au long du festival, un bar accueillera les festivaliers.

Pour contacter ou soutenir Autres Brésils :

bresils@autresbresils.net -
www.autresbresils.net
21 ter rue Voltaire, 75011 Paris – Tel : 01 40 09 15 81