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Par Stéphanie Desbouche 

La B

Sortie : Le 22 mars 2017

A partir de 13 ans

Durée : 2h09

Un film américain

Genre : Romantique, fantastique et musical

Réalisation : Bill Condon

Avec : Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans, Kevin Kline, Josh Gad, Ewan McGregor, Emma Thompson, Audra McDonald

Année : 2017

 

Après sept adaptations du célèbre dessin animé de Walt Disney, dont la plus célèbre reste le film de Jean Cocteau en 1946, avec Jean Marais, La Belle et la Bête vient une nouvelle fois revivre sous la direction de Bill Condon dans une adaptation éponyme.

La B 2L’histoire de Belle débute à la fin du XVIIIème siècle, dans un petit village français. La jeune fille, orpheline de mère, mène une vie heureuse auprès de son père, un inventeur excentrique âgé. Rêveuse et passionnée de littérature, Belle aime aussi les roses. Et c’est une rose qui joue justement un rôle capital dans l’histoire car, à cause d’elle, un prince se voit transformé en une horrible créature parce qu’il a refusé d’héberger une vielle femme laide prise dans la tempête. Tout comme ses convives, Lumière et ses compagnons, sont convertis en objets de décoration vivants. Le prince devra accepter son nouveau sort jusqu’à ce qu’une fille tombe amoureuse de lui, et ce avant que le dernier pétale de la rose ne tombe.

Une nuit, s’étant perdu dans la forêt, le père de Belle se réfugie au château de la Bête, qui le met au cachot. Sa seule chance d’en réchapper est d’échanger sa place contre celle de Belle. Ce qu’elle accepte, ignorant que sous le masque de l’horrible monstre se cache un Prince Charmant atypique que rien ne va empêcher de tomber amoureux fou malgré son apparence. Petit à petit, Belle découvre le secret de la Bête. Lumière et ses compagnons vont tout faire pour rapprocher Belle et la Bête car ils voient là leur seule chance de redevenir humains. Mais y parviendront-ils ?

 

La B 4La magie opère dans cette comédie musicale fantastique et féérique qui s’inspire presque à la lettre du dessin animé de Walt Disney. Même les célèbres et attachants objets bavards, Lumière (le chandelier), Big Ben (l’horloge), Zip (la tasse) et sa maman Madame Samovar (la théière) sont au rendez-vous. Porté par d’excellents comédiens, et notamment la belle Emma Watson, le film tient le rythme grâce aux chansons bien sûr, mais aussi grâce aux magnifiques décors, aux effets spéciaux et aux images de synthèse d’une grande qualité.

La B 5Il est question, dans La Belle et la Bête, de l’apparence physique qu’il faudrait savoir mettre de côté pour se faire une idée sur quelqu’un ou pour en tomber amoureux. Parce que le prince ne souhaite pas aider une vieille femme à cause de son physique ingrat, il en paie les conséquences en devenant encore plus horrible qu’elle. De son côté, Belle n’a pas accordé d’importance au physique de la Bête et en a été récompensée. Elle s’est rendue vertueuse en quelque sorte, en attachant plus d’importance à son être intérieur qu’à son apparence physique.

Morale de l’histoire : le physique ne se contrôle pas, contrairement à ce qui se dégage de l’intérieur.

 

Par Yannick Sado Affiche Moi Daniel Blake

Sortie : le 26 octobre 2016 

Durée : 1h41

Un film britannico-français

Réalisation : Ken Loach

Distribution : Dave Johns, Briana Shann, Hayley Squires… 

 

Peu de films auront si bien décrit le réalisme (ou le surréalisme) du marché du travail. Dans ce système aux multiples dérives, l’individu n’est rien ou presque. Un simple numéro dans la salle d’attente d’un jobcentreplus, (l’équivalent de nos Pôle emploi) de la ville froide et austère de Newcastle.

 

Photo Moi 1Daniel Blake atterrit ici sans trop s’y attendre. Une crise cardiaque l’oblige à renoncer un beau jour à son métier dans le bâtiment. Son cœur pouvant vaciller à tout instant, le médecin le juge inapte au travail. Pour toucher l’assistance allouée aux personnes invalides, il doit cependant obtenir l’aval d’une professionnelle médicale mandatée par l’administration. Cette dernière n’est pas médecin, ni même infirmière, mais qu’importe, l’avenir de Daniel dépend uniquement des tests qu’elle lui fera passer. Au terme de leur rendez-vous, Daniel se voit octroyé un nombre insuffisant de points pour percevoir la pension qu’il escomptait. Dès lors, un parcours semé d’embûches va se dresser sur la route du quinquagénaire : celui de l’univers des quelques 1.6 millions de chômeurs britanniques. Recalé pour l’obtention d’une prise en charge, Daniel est contraint de chercher un nouveau travail, tout en faisant appel de la décision qui le prive de sa pension d’invalidité.

Photo Moi 2

Sur ce chemin des laissés pour compte, tout est fait pour contrôler et décourager les demandeurs d’emploi, quitte à finir de les briser socialement et psychologiquement. L’administration affiche à leur égard une défiance désarmante : Daniel Blake doit ainsi apporter la preuve qu’il a bel et bien déposé des cv auprès d’entreprises en présentant des photos prises avec des employeurs ou des reçus signé de leur main. Un contact téléphonique avec l’administration peut entraîner une attente interminable, avec au final, un renvoie vers un autre interlocuteur injoignable.

Le demandeur d’emploi peut aussi être amené à se rendre dans des ateliers pour apprendre à écrire son cv.

Photo Moi 3Puis, gare à lui s’il a le malheur d’arriver en retard, même s’il vient d’emménager dans la ville et qu’il doit la traverser avec ses deux enfants pour arriver au rendez-vous dans les temps. Dans tous les cas où il ne se complaît pas aux prescriptions du jobcentreplus, il encourt la radiation, même s’il a des circonstances atténuantes.

Photo Moi 4Ce film ayant valu à Ken Loach la palme d’or au dernier festival de Cannes, Moi, Daniel Blake, est un réquisitoire cinglant et des plus réalistes contre un système impitoyable avec les plus faibles.

 

Par France Hatron El acompanante

Sortie : le 17 août 2016

Durée : 1h42

Réalisation :

Pavel Giroud

Distribution :

Yotuel Romero, Armando Miguel Gómez, Camila Arteche, Yailene Sierra, Jazz Vilá, Jorge Molina 

 

 

Par Albéric de Gouville, l’envoyé spécial de France 24 à Cannes 

 

Nouveau palmarès d’Albéric, cette fois-ci sur les films présentés en Sélection Officielle hors compétition, dans la section Un Certain regard et à La Quinzaine des Réalisateurs.

 

UN CERTAIN REGARD


Affiche ClashCLASH 
****

Un huis clos dans un fourgon de police au Caire pendant des manifestations en août 2013. Des manifestants anti et pro frères musulmans se retrouvent dans le même fourgon.  Au cœur d’une actualité brûlante, un film passionnant sur le fond et brillantissime dans sa réalisation. Par Mohammed Diab, le réalisateur du déjà superbe « Les femmes du bus 678 ». S’il avait été en compétition, CLASH aurait pu faire une très belle palme d’or.

 

 

 

VOIR DU PÄYS ***

Nouveau film sur des militaires français de retour d’un théâtre de guerre en Afghanistan. Ils vont passer trois jours de « repos/debriefing » dans un hôtel de luxe à Chypre. La particularité du film ? Etre centré sur des jeunes femmes, plongées dans un univers d’hommes. Il est d’ailleurs réalisé par deux femmes, Delphine et Muriel Coulin. Passionnant.

 

PERSONAL AFFAIRS **

Très joli film réalisé par une jeune cinéaste israélienne, Maha Haj, mais tourné entièrement en arabe avec des acteurs palestiniens entre Nazareth, Ramallah et la Suède. Comme le titre du film l’indique, le film parle « d’affaires personnelles », celles d’une famille palestinienne éclatée. La politique n’apparait que furtivement, avec un contrôle à un check point de l’armée isralienne.

 

DOGS **

Ambiance western pour ce film roumain très lent. Un homme revient sur les terres de son grand-père dont il vient d’hériter. Mais il doit faire face aux anciens hommes de main du grand père, qui était en fait le chef de la mafia locale. Un vrai climat se dégage du film. A suivre donc ce cinéaste, Bogdan Mirica.

 

APPRENTICE **

Un jeune gardien de prison de Singapour s’apprête à devenir l’assistant du bourreau de la prison. Plongée angoissante dans une ambiance carcérale à Singapour, où la peine de mort est régulièrement prononcée contre les trafiquants de drogue. Second film extrêmement maîtrisé du jeune Boo Junfeng.

 

AU DELA DES COLLINES ET DES MONTAGNES *

Un officier de l’armée israélienne prend sa retraite et découvre la vie civile avec des conséquences pour toute sa famille. Eran Kolirin livre une jolie chronique, gâchée par une fin totalement manichéenne. Dommage.

 

SELECTION OFFICIELLE / HORS COMPETITION

 

Affiche Hissene HabreHISSENE HABRE, UNE TRAGEDIE TCHADIENNE ***

Le tchadien Mahamat Saleh Haroun, revient pour la troisième fois à Cannes mais, cette fois-ci, hors compétition avec un documentaire qui donne la parole à des victimes de la dictature de Hissène Habré. Certaines scènes où les anciens bourreaux rencontrent leurs victimes sont bouleversantes. Un film témoignage salutaire dans la veine de ce que fait Rithy Panh au Cambodge (« S21 »…) où Joshua Oppenheimer en Indonésie (« The look of silence »…). Rithy Panh présente d’ailleurs à Cannes, également hors compétition, son dernier film, EXIL.

 

CAFE SOCIETY ***

Comme tous les ans, Woody Allen nous livre un film. Il a fait l’ouverture du festival et vient à Cannes pour la 14ème fois hors compétition. Il nous emmène dans les années 30 avec des chassés croisés amoureux à Hollywood puis à New York. C’est brillant, enlevé. Un bon Woody Allen mais manquant sans doute de surprises.

 

MONEY MONSTER **

Jodie Foster derrière la caméra, Georges Clooney et Julia Roberts (pour la première fois à Cannes), devant : une affiche de rêve pour la montée des marches. Le film raconte la  prise d’otages, en direct à la television, d’un animateur vedette, sur fond de corruption dans le monde de la finance. La dénonciation n’est pas très crédible mais le film est plaisant et bien rythmé.

 

LE BON GROS GEANT *

Spielberg retrouve le monde de l’enfance en adaptant un livre de Roald Dahl, publié en 1982, l’année de la sortie de ET. Visuellement , avec le mélange d’images virtuelles et de personnages réels (« motion picture ») , le film n’a pas la poésie de certains autres Spielberg, et bien sûr de ET. Mais le petit déjeuner du « bon gros géant », à la cour d’Angleterre, est un régal : éclats de rire garantis.

 

LA QUINZAINE DES REALISATEURS

 

Affiche L'économie du coupleL’ECONOMIE DU

COUPLE ***

Joachim Lafosse revient au cœur du couple après le très réussi « A en perdre la raison » : un couple en instance de divorce continue à partager la même maison, pour des raisons financières. Bérenice Bejo et Cedric Kahn exceptionnels de vérité. Un film extrêmement juste d’un bout à l’autre.

 

MEAN DREAMS **

Thriller haletant, de Nathan Morlando, dans la campagne américaine avec un couple d’adolescents qui fuit le shérif local et son adjoint, tous les deux responsables d’un trafic de drogue. Le « méchant » du film n’est autre que le père de la jeune fille qui s’enfuit avec son amoureux. Rien de révolutionnaire mais un suspens très bien mené.

 

http://www.festival-cannes.com/
http://www.semainedelacritique.com/
http://www.quinzaine-realisateurs.com
http://www.lacid.org/-Programmation-ACID-Cannes-2016-12-
 

 

Par Albéric de Gouville, l’envoyé spécial de France 24 à Cannes

 

Après six jours de visionnage, Albéric de Gouville nous livre ses cotes pour 13 des 21 films en compétition à Cannes cette année. 

 


Photo 2Aquarius
**** 

Ma palme d’or revient pour l’instant à ce film de Kleber Mendonça Filho. Magnifique portrait de femme (sublime Sonia Braga pour l’interpréter ) sur fond de corruption au Brésil. L’équipe a monté les marches en brandissant des pancartes ‘Coup d’état au Brésil’. Un film salutaire, superbement réalisé, qui a du souffle et l’envergure d’une palme d’or.

 

 

Moi, Daniel Blake **** : Un grand Ken Loach. Du cinéma social, très juste, très réaliste et qui bouleverse, sur fond de chômage et de privatisation de la santé en Grande Bretagne.

Loving **** : Une magnifique histoire d’amour, contrariée par les lois interdisant les mariages mixtes dans l’Amérique des années 50 et 60. Jeff Nichols au sommet.

Mal de Pierres *** : Une belle histoire très (trop ?) classique dans la France des années 60. Marion Cotillard interprète une femme dont la passion amoureuse flirte avec la folie. Beau film mais qui ne surprend pas vraiment.

Julieta *** : Un bon Almodovar, mais sans aucune surprise dans l’œuvre du cinéaste espagnol. Une mère recherche sa fille qui a coupé les ponts 12 ans plus tôt. Émouvant

Sieranevada ** : 2h53 de huis clos dans un appartement de Bucarest pour commémorer la mémoire d’un défunt. Passionnant sur le fond et dans la forme mais beaucoup trop long.

Mademoiselle ** : Le retour de Park Chan Wook dans la compétition avec un film beaucoup plus classique que les précédents, qui se passe en Corée dans les années 30. Très brillant visuellement avec un scénario sophistiqué.

Américan Honey ** : road movie  les dérives sectaires d’un groupe de vendeurs ambulants dans l’Amérique d’aujourd’hui. Intéressant formellement mais le film est beaucoup trop long, notamment dans les séquences musicales

Ma loute ** : Un Bruno Dumont complètement déjanté avec de grands numéros d’acteurs. Le cinéaste fait appel à des stars mais reste fidèle à son univers. Bonne surprise !

Toni Erdmann ** : L’éclat de rire du festival pour un film pourtant très sérieux sur le mal de vivre dû à un travail déshumanisant. L’actrice principale Sandra Hüller est formidable.

Personal Shoper ** : Olivier Assayas s’essaye au film de fantômes, dans le monde de la mode. Les sifflets à l’issue de la projection de presse ne sont pas mérités. La mise en scène est élégante et Kristen Stewart très crédible.

Rester vertical * : Par Guiraudie, le cinéaste qui montre ce qui est tabou : un accouchement en gros plan, l’homosexualité dans le monde paysan, l’amour chez les vieux…. Mais ce n’est pas un film dossier, plutôt un road movie sans véritable scénario.

Paterson * : Un film en forme de poème qui dévoile 7 jours de la vie d’un couple dans la petite ville de Paterson. Un Jim Jarmush mineur.

 

http://www.festival-cannes.com/
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Par France Hatron AFFICHE

 

Sortie : le 30 mars 

Durée : 1h20

Genre :

Documentaire franco-hongrois

Age :

à partir de 10 ans

Réalisation :

Lucile Chaufour 

Distribution :

Balázs Kelemen, Miklós Tóth, Imre Mozsik, Attila Márton… 

 

 

 

Douze anciens punks hongrois commentent leur jeunesse engagée dans des mouvements musicaux punks, avant la chute du mur de Berlin, et comparent leur vie d’alors à celle d’aujourd’hui, plus libre mais pas si rose. De touchants propos, authentiques et divergents.

Dans les années 80, Lucile Chaufour comprend qu’être punk en Hongrie « peut déterminer une existence ». Certains punks sont en effet emprisonnés pour « agitation contre l’état ». D’autres doivent abandonner leurs études. La réalisatrice, souhaitant mieux connaître ces jeunes ennemis du régime, les rencontre et réalise des enregistrements de leurs concerts. On les voit hurler leur colère contre le régime communiste à coups de paroles résignées comme : « le chaos, c’est ce que nous voulons ! ».

Punk Marton Attila & Papp_defacePetit à petit, elle réalise que leurs revendications antiautoritaires, pro-capitalistes, nationalistes et anarchistes s’appuient sur le mouvement antifasciste et antinationaliste punk de l’Ouest. L’idéologie punk de l’Est a, elle, des fondements ancrés dans les maux d’un pays communiste qui ne peut manifester son opposition qu’en se penchant à droite. Tous ces punks en mal de vivre imaginent que l’effondrement du système va améliorer leur vie sur le plan économique et des libertés. Mais l’Histoire ne répondra pas à leurs attentes. C’est ce que relate ce documentaire, à la fois didactique et critique sur le passé communiste et le présent capitaliste des Hongrois.

Lucile Chaufour, après avoir filmé, dans les années 80, douze jeunes punks – dix hommes et deux femmes âgés de 16 à 20 ans – avec sa caméra super 8 – les retrouve une vingtaine d’années après.

Punk Törjék TündeDans une première partie intitulée : « Avant la chute du mur de Berlin », elle détaille le passé de ses protagonistes en leur montrant de vieilles photos d’eux, jeunes, punks, et opprimés. Une période dont ils sont, pour beaucoup, un peu nostalgiques. Elle les questionne ensuite sur leur état d’esprit de l’époque, le sens politique qu’ils donnaient à leur résistance au parti, la tendance fasciste, antisémite et anti tzigane de certains. On découvre notamment qu’ils n’avaient « pas d’opinion politique consciente sur la révolte contre l’oppression soviétique et le nationalisme ». Puis, viennent les confidences sur le présent dans « Après la chute du mur de Berlin » qui correspond au second opus. Les ex punks sont devenus plus libres en apparence, mais livrent, pour la plupart, une critique acerbe du monde contemporain, car beaucoup de citoyens sont devenus pauvres, les classes sociales sont réapparues, le programme de privatisation a été mis en place… « Je ne veux pas faire partie de cette putain de réalité » confie l’un d’eux. La preuve que le « No future », propre aux réfractaires des années 80, regagne du terrain.

Punk Marton Attila & Papp_dedosLe parti pris original de la réalisatrice se manifeste tant sur le fond que sur la forme. Elle questionne ses protagonistes, tous attachants, en éludant les questions au montage, optant pour une succession de réponses, face caméra, classées par thèmes : leur avenir, leur métier, leur bord politique, leur vision de la Gauche et de la Droite… Avec ses témoignages, sans plans de coupe, recueillis et filmés au domicile de chacun, Lucille Chaufour affiche son parti pris d’épurer l’essentiel – la parole – de tout artifice. Comme pour nous dire que la richesse se trouve ailleurs, dans le contenu des propos sans langue de bois mais aussi sans espoir.

 

Par France Hatron Affiche Les innocentes 

 

Sortie : le 10 février 2016 

Durée : 1 h 55

A partir de 13 ans

Un drame historique franco-polonais 

Réalisation : Anne Fontaine 

Avec : Lou de Laâge, Vincent Macaigne, Agata Buzek, Agata Kulesza…

 

 

 

Par Olivier Pélisson 

Affiche du film

Sortie :

le 27 janvier 2016 

Genre :

Epopée humaniste

Age :

à partir de 12 ans

Réalisation : Bouli Lanners

Distribution : Bouli Lanners, Albert Dupontel, Suzanne Clément, Michaël Lonsdale, David Murgia, Aurore Broutin, Philippe Rebbot, Max Von Sydow

 

Quel talent ce Bouli Lanners ! Créatif, inventif, décalé, poétique, humaniste, il se construit film après film un sacré univers, truffé de trouvailles et d’audaces. Son quatrième long-métrage comme auteur-réalisateur est une nouvelle pépite après Les Géants (2011). Quelques jours dans la vie de deux tueurs à gage, sur les traces d’un téléphone portable volé à un riche client, et d’une galerie de personnages pas piqués des vers, qu’ils croisent et recroisent dans un espace-temps où le chaos plane, où la paranoïa couve à chaque carrefour. Il y a de la fable dans ces cent huit minutes sombres et pourtant galvanisantes. De la chronique simple et prophétique à la fois.

Photo 3 Les premiers les derniersUne richesse imaginative née d’un décor réel que Lanners a vu une nuit, d’un train glissant sur les rails, entre Toulouse et Paris. La voie d’essai inachevée de l’aérotrain d’Orléans a ainsi servi de point de départ à un scénario, une histoire, des personnages. Une construction à la marge, devenue le centre névralgique d’une jungle des temps modernes peuplée de désaxés. Où un Jésus, grand dégingandé qui a les traits de Philippe Rebbot, traîne lui aussi sa carcasse, prêt à apporter sa bienveillance aux démunis, aux innocents, aux purs, ce couple d’amoureux simples que sont Esther et Willy (Aurore Broutin et David Murgia). Apparitions drolatiques et émouvantes à la fois.

Photo 2 Les premiers les derniers

C’est là que réside la réussite du cinéaste. Dans cette place essentielle que tient l’émotion, sans jamais qu’il tende la perche au voyeurisme, à la complaisance, à la facilité, au téléguidage de la sensiblerie. Son regard est aimant, sensible, puissant, sur ses congénères. Sur l’humanité toute entière, que renferme cette épopée à la croisée des genres. Film noir, film d’anticipation, road movie, fable loufoque. Tout est possible dès lors que l’imaginaire a droit de cité. Aucune limite sinon celle de la logique créative et de l’instinct humain. Périlleux équilibre que Lanners atteint avec une vraie grâce, par son écriture et sa vision.

Photo 4 Les premiers les derniersSon équipe enthousiasme les yeux et l’esprit. Des idées géniales, comme réunir Michaël Lonsdale et Max von Sydow en vétérans ralentis et pourtant au-dessus de tout. Toute la mémoire du cinéma est là, et bien vivante puisqu’elle bouge, parle et respire sur la toile. Pour lier tous ces ingrédients, un maestro de l’image, Jean-Paul de Zaetijd. Déjà à l’œuvre sur les trois précédents opus de maître Bouli, il assombrit la lumière des Géants et compose ici une matière épaisse, tellurique et magnétique, sur l’écran cadré en scope. Une somptuosité plastique qui accompagne les pas bouleversants de cette galerie d’êtres en attente. De quoi ? De qui ? On ne sait pas vraiment, même le film fini. C’est ça le plus fort.

Par France Hatron Carol 0

 

Sortie : le 13 janvier 2016 

Genre : Drame romantique

Age : à partir de 15 ans

Réalisation : Todd Haynes

Distribution : Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler, Sarah Paulson…

 

La première scène s’impose d’emblée comme l’épilogue. Deux femmes dinent dans un grand restaurant. La jolie blonde, élégante et sulfureuse, filmée de face dégage une sensualité qui donne le « la ». En face d’elle, vue de dos, une autre femme, brune, qui semble mal à l’aise. Une voix d’homme l’interpelle. Surprise, elle se retourne, perturbée, l’air angoissé. Les deux protagonistes se séparent, contrariée pour la brune, résignée pour la blonde. On réalise qu’il y a eu un avant…

Carol 3Retour donc quelques années avant dans le New York des années 50, à l’approche de Noël. Thérèse Belivet, une jeune femme ordinaire presque jeune fille, issue de la classe moyenne et à l’expression triste qui attire l’attention, travaille dans le grand magasin Frankenberg. Elle vend des jouets. Un jour d’affluence au magasin, son regard se pose sur une femme plus âgée qu’elle, la jolie blonde, chique et pleine d’assurance découverte au début du film. Cette femme, en bonne mère de famille cherche un cadeau de Noël pour sa fille Rindy qui a 4 ans. L’alchimie opère et à partir de là, Thérèse ne lâchera plus l’affaire.  Son petit ami Richard aimerait l’épouser mais ce n’est pas sa préoccupation du moment. Elle n’a d’yeux que pour Carol et pour la photo, son autre passion.

Carol 4

Les deux femmes vont s’aimer dans l’Amérique redoutable des années 50 où la clause de moralité fait loi. Carol va devoir se battre pour rester libre tout en continuant à voir sa fille, mais pour la protéger aussi. Le film avance à la lenteur des sentiments de ces deux amoureuses qui vivent chaque instant avec une délicatesse extrême. Les gestes de Carol, emprunts de féminité et de sensualité anesthésient le spectateur presque autant que l’amoureuse transie. La pudeur l’emporte ici sur la démonstration, comme pour mieux témoigner de cet interdit majeur de l’époque que représentait l’homosexualité.

Carol 5Cate Blanchett excelle dans ce rôle et tout particulièrement dans la scène magistrale devant le juge, celle où elle joue l’avenir de sa vie de famille et par là-même celui de sa fille. Mais on regrette que l’émotion décuplée dans cette séquence ne se retrouve pas vraiment dans le reste du film. Quant à Rooney Mara, tout en retenue et en détermination, elle étonne par son physique de jeune fille en fleurs et ne convainc pas toujours en amoureuse soumise. Quoi qu’il en soit, le film dégage une élégance de tous les instants, tant dans sa mise en scène que dans ses dialogues et sa musique.

Carol 1

 

 

Par Dominique Martinez Béliers 1

 

Sortie : 9 décembre 2015

Durée : 1h32

Genre : Comédie dramatique

Un film islandais

Réalisation : Grímur Hákonarson

Distribution : Siguröur Sigurjonsson, Theodor Juliusson, Charlotte Boving…

 

 

Béliers 2 Un certainFarce à l’humour noir autant qu’hommage à la nature, Béliers, de l’Islandais Grímur Hákonarson fait l’effet d’un grand souffle d’air glacé. Prix Un certain regard au dernier Festival de Cannes.

Dans une vallée reculée d’Islande, Gummi et Kiddi, deux vieux frères voisins brouillés depuis des années élèvent leurs moutons avec soin et se livrent une concurrence vache. Mais une menace sérieuse vient perturber leur routine : l’épidémie de tremblante contamine leurs troupeaux et les autorités sanitaires les obligent à abattre le bétail. Ce qui sonne l’extinction de l’espèce : ce sera la fin de la lignée des Bolstad, des bêtes de compétition.

Béliers 3Basé sur les risques réels de l’industrie de l’élevage intensif, le scénario agit comme une métaphore de la propagation de la crise financière de 2008 qui avait littéralement mis le pays K.O. en saignant ses finances publiques. Mondialisation oblige. Mais, plus qu’une chronique sociale le récit emprunte les voies de la fable anthropologique. Son titre sans article – Béliers – évoque un sens générique, universel, et une double signification : celle de l’espèce animale autant que celle de l’entêtement humain. Pourtant l’identité nordique n’est pas en reste allant jusqu’à flirter avec le pittoresque : les deux frères barbus à l’air renfrogné sont souvent affublés des classiques pulls jacquard en laine d’agneau ou des chemises de flanelle à carreaux écossais. Ils forment un duo contrasté et aux accents comiques. L’un, grand, flegmatique et réfléchi, reçoit la gestion de la propriété familiale en héritage. L’autre, bourru et trapu, est un sanguin qui fonce, se saoule et tire des coups de fusil aux fenêtres de son frère…

Béliers 4

En toile de fond de ces querelles tragi-comiques, les décors font loi : montagnes enneigées, ciels interminables de gris, de bleus. Le climat est implacable : soleil, vent, neige, tout est frontal. Quelques notes de piano éparses font basculer l’atmosphère dans la solitude. Devant ce mélange d’humour noir et de drame, on pense à Noi Albinoi de Dagur Kari (2003). Et puis, progressivement, la nuit tombe et un sentiment de gravité l’emporte, faisant penser aux romans noirs de Arnaldur Indridasson et à son personnage principal, Erlendur, vieil enquêteur austère à jamais torturé par la perte de son frère au cours d’une tempête de neige, lorsqu’ils étaient enfants.

Quelque chose est en train de mourir, sur le point de s’éteindre, d’être enseveli. La planète gronde, les bêtes se meurent. Nous, peut-être, aussi. La dernière scène où les deux hommes, réfugiés sous la glace, leurs corps nus serrés l’un contre l’autre, tentent de survivre, est la plus belle du film. Plus qu’un hommage à la nature, elle appelle à un changement d’humanité.