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Par Olivier PélissonRadio bonne

Age : pour tous
Sortie : 3 avril 2013

Durée : 1h43
Un film français
Genre : Documentaire
Réalisation : Nicolas Philibert

Des couloirs. Des portes. Des bureaux. Des fenêtres. Des ascenseurs. Des studios d’enregistrements. Des casques. Des micros. Des écrans. Des téléphones. Des magnétophones. Des CD. Des tables de régie. Des instruments de musique. Des voitures. Des motos. Des logos. Des parapluies. Et même un Jésus. Voilà les trésors de la caverne d’Ali Baba que Nicolas Philibert révèle dans son nouveau film, La Maison de la radio.

Une fourmilière et un monde à part qu’il capte avec son œil de lynx, son oreille à l’affût et son montage ingénieux. Il en faut du discernement pour faire un choix drastique parmi des heures de rushes et livrer 1h43 aux spectateurs. 1h43 au cœur d’une institution nationale qui réussit comme La Ville Louvre, qu’il filmait il y a vingt-deux ans, à éviter la célébration béate d’un lieu culte. Mais qui joue au contraire la carte de l’observation expérimentale. Le cinéaste ouvre ainsi ses sens techniques (œil-caméra et oreille-micro) pour capter l’invisible de la radio, l’envers du son, le hors-champ visuel.

Maison radio sans titreComment filmer ce hors champ ? Que choisir ? Où placer sa caméra ? Quelles images garder ? Comment monter ? Autant de questions que le cinéaste baladeur expérimente et résout en faisant. L’intuition et les conditions d’enregistrements font le reste. Tout comme quand

il saisissait en mouvement les bêtes inanimées d’Un animal, des animaux, les bruissements existentiels du Pays des sourds ou les patients et soignants comédiens de La Moindre des choses.

L’autre bonne idée est de ne pas chercher à balayer intégralement le champ des stations et des programmes. Toutes les émissions et vedettes maison ne sont pas représentées ou évoquées. Ce qui compte, le fil rouge, reste la ligne poétique et insolite d’une journée imaginaire, du jour à la nuit, (re)constituée d’innombrables moments glanés pendants six mois de tournage. Un jour parmi d’autres, déclinés comme une palette de saynètes dont on retrouve parfois des personnages, des lieux, des situations, tels des gimmicks. Avec des noms attendus ou non.
Comme pour une adaptation d’œuvre littéraire pour le cinéma, où un scénariste et un réalisateur investissent arbitrairement sur écran l’imaginaire de n’importe quel lecteur, Philibert met aussi en images ce qui par tradition reste ouvert au champ des possibles de chacun(e) : l’envers du décor de la radio. Même si certains programmes accueillent aujourd’hui des caméras qui enregistrent et diffusent en ligne.

Pho radio 3

Plusieurs visages, voix et corps servent de guides, de ponctuations, du serveur-livreur Jésus à la journaliste d’infos Marie-Claude Rabot-Pinson et à la réalisatrice de fictions Marguerite Gateau. L’humour déborde, des plans de la tête du programmateur musical noyé dans ses piles de cd aux tics de candidats du Jeu des 1000 euros. Le ballet des corps mêle un animateur gesticulant devant son micro, une journaliste malvoyante droite comme un I, un commentateur sportif en plein Tour de France ou un reporter en panne d’avion bloqué derrière son bureau.

Et la magie opère au détour d’une évocation, d’une réflexion, d’une conversation. Comme dans la rencontre drolatique qui réunit Alain Veinstein et son invitée romancière Bénédicte Heim. Philibert en retient un jeu de regards, de moues et de silences qui vire au ping-pong visuel et sonore digne d’une séquence de Jacques Tati. Tout en folie douce. Tout en finesse. L’auditeur ne pourrait en saisir cette part invisible. Là brille l’essence-même de La Maison de la radio.

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