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image film MoroccoPar Olivier Pélisson

Age : à partir de 13 ans

Sortie : 13 février 2013

Durée : 1h42
Un film franco-marocain
Genre : Drame
Réalisation : Nadir Moknèche
Interprétation : Lubna Azabal, Rasha Bukvic, Faouzi Bensaïdi, Grégory Gadebois, Anne Coesens, Abbes Zahmani, Ralph Amoussou, Malika El Omari…

Une femme. Au petit matin. En culotte et gilet. Elle fume, téléphone, manipule de l’argent et arpente un appartement. Dès les premiers plans de son quatrième long métrage, Nadir Moknèche creuse son sillon. Au plus près de la femme du Maghreb, émancipée, indépendante, libre, transgressive.

Dounia est jeune et divorcée et s’inscrit dans la lignée de ses « prédécesseuses » Madame Osmane (Le Harem de Mme Osmane), Goucem (Viva Laldjérie) et Zineb alias Madame Aldjéria (Délice Paloma). Libre sexuellement et matériellement. Elle a osé échapper à son mariage et a emménagé avec son amant, avec qui elle mène son chantier immobilier de main de fer. Elle n’attend qu’une chose : passer en douce en Espagne avec son homme et son jeune fils qu’elle compte enlever au père. Pour vivre loin de toute contrainte. Aussi, quand des catacombes chrétiennes sont découvertes sur le chantier, c’est le pactole et l’avenir assurés. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu.

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Dounia attire tous les aimants du récit : l’ex-mari qui pourrait passer l’éponge, l’amant qui la sent agir dans l’ombre, l’amoureux transi qui en pince depuis l’enfance, et le fils qui espère revivre avec elle. Beaucoup d’attente pour un seul objet du désir. Mais Nadir Moknèche ne se contente pas de son intrigue psychologique. Il place l’ambition de son film encore plus haut en y mélangeant les genres. Le film noir, avec la mystérieuse disparition d’un ouvrier, des enjeux dangereux, des intérêts financiers contradictoires, et des tensions qui montent de tous côtés. Le témoignage social, avec la lutte des classes entre riches (Dounia et sa mère) et viagra generico pauvres (Ali le chauffeur et sa mère, les ouvriers, les gardiens), ou encore entre citoyens à l’abri et sans-papiers (ouvrier

s venus du Sénégal ou du Soudan). Le mélodrame, avec l’amour maternel qui reste le cœur des motivations de Dounia, et le désir qui fait tenir les êtres mais menace leur équilibre fragile.

Et la sauce prend, en scope, avec une héroïne telle une femme fatale prise dans la tourmente, qui veut rester maîtresse de la toile qu’elle tisse mais qui peut s’y faire prendre. Un pari gonflé tant le cinéma

arabe joue rarement du film noir et de ses codes. Dounia porte souvent ses verres fumés qui comme ses foulards dissimulent aussi ce qu’elle veut cacher. Elle fume sans arrêt et agite ses doigts aux ongles vernis (rouge sang) pour mener sa barque et acheter tout ce qu’elle peut grâce à l’argent.

Une fois la machine emballée, rien ne semble pouvoir arrêter le mécanisme infernal du récit, ou chaque problématique en dévoile une autre. Pour servir de cadre à cette tragédie méditerranéenne, Moknèche réussit aussi à ne pas montrer du Maroc les lieux communs exotiques, de souks en médinas, de danse du ventre en plaisirs enivrants. Ici priment les terrains vagues, les ruelles populaires, les couloirs, les cages d’escaliers, et les corps qui racontent tant.

Des corps qui forment un ballet humain où Moknèche fait preuve d’un sens aigu du casting, doublé d’un bel accompagnement de ses interprètes, tous excellents. En tête, Lubna Azabal continue son chemin singulier et intense. Sèche et charnelle à la fois, elle insuffle une énergie vitale et jamais complaisante à Dounia, sans en faire un être sympathique à tout prix ni larmoyant. Rasha Bukvic incarne une masculinité magnétique et pourtant fragile, lui aussi à la merci des frontières et de la jalousie des hommes. Faouzi Bensaïdi porte la frustration d’un enfant toujours tenu à l’écart et dont la revanche ne peut qu’éclater quand les situations deviennent explosives et que la manipulation exulte. Et Grégory Gadebois transcende avec son humanité bonhomme son personnage de projectionniste amoureux.

image Morocco 5A l’image de son personnage central, Moknèche n’a pas peur de jouer avec les interdits et les tabous. Montrer des corps nus, des couples illicites, le désir entre deux hommes, l’insoumission féminine, l’exploitation humaine ou les trafics sans scrupules. Un ton libre et volontaire qui lui a déjà valu des démêlés avec son pays (Algérie), qui lui a refusé un visa pour Délice Paloma, et qui l’a mené ici au Maroc voisin. Le titre même du film et sa résonance désenchantée répondent en miroir à son précédent opus avec Lubna Azabal : Viva Laldjérie ! / Goodbye Morocco. Le parfum de carte postale s’estompe vite devant ce pari nourri de portée politique et fortement abouti. Même si l’issue finale ne chante pas l’épanouissement.

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