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Par Olivier Pélisson Affiche du film

 

Age : à partir de 12 ans

Sortie : 18 septembre 2013

Durée : 1h53

Un film français

Genre :

Road-movie existenciel

Réalisation : 

Emmanuelle Bercot 

Distribution :

Catherine Deneuve, Nemo Schiffman, Gérard Garouste, Camille…

Catherine Deneuve

Elle prend l’air au bord de l’océan. Elle marche dans le sable. On entend ses pas. De dos, ses cheveux renvoient la lumière du soleil. Elle, c’est Bettie, la soixantaine, veuve, une mère, une fille et un petit-fils qu’elle voit peu, et un amant marié. A la mort de son mari étouffé avec un os de poulet, elle s’est retrouvée seule avec maman à la tête de l’auberge familiale, une bonne table bretonne.

Comme une petite fille, elle a peur du noir. Comme une petite fille, elle vit avec sa mère et traverse sa chambre pour aller à la salle de bain. Comme une petite fille, elle se remet à fumer en cachette. Comme une petite fille, elle raconte des histoires et s’invente une mère en maison de retraite dans la Sarthe. Comme une jeune fille, « elle est bonne à marier ». Comme une grande, elle souffre d’apprendre que son amant s’est barré avec une jeune « pétasse » enceinte. Comme une grande, elle va prendre la tangente. Faire une fugue. Comme ça, sur un coup de tête, alors qu’elle quitte ses cuisines en plein feu sur un « Je reviens ». Elle a besoin d’un paquet de clopes, c’est dimanche et tout est fermé. Commence alors un voyage inédit, avec son break Mercedes, de Bretagne à Annecy, de Concarneau à Blagnac, de Château-Gontier à une bourgade de l’Ain.

Bettie avance. Elle dépasse ses peurs. Elle s’autorise enfin à partir pour l’aventure. A vivre au présent ce qui se présente à elle. Et ce qu’elle veut bien laisser venir. Alors elle roule et avale les kilomètres. Une drôle de dame avec son Charly de petit-fils. Elle croise des vaches, des footballeurs, des copines de dancing, des Miss 1969, des lapins en fuite, des tarés dans une cafét’, un vigile et son clébard, jusqu’à un jeune grand-père en campagne.

elle s'en va

Physique, énergique, sensorielle, sensuelle, elle profite de la vie. Elle sirote un « digeo », sniffe le parfum du tabac, mâchouille un brin d’herbe, course son petit-fils, tombe dans les vapes, file une gifle à Charly, se prend une cuite à la « caïpi », enfile une perruque fluo, dort en tee-shirt « Pas touche » et finit au lit avec un jeunot qui la traite de « gourmande ».

Bettie, c’est Catherine Deneuve. Plus de cent films au compteur, 50 ans au top depuis Les Parapluies de Cherbourg, les plus grands cinéastes et partenaires en stock, et toujours autant d’appétit cinématographique. Aventureuse, cette actrice au parcours unique le reste. De Drôle d’endroit pour une rencontre de François Dupeyron au Vent de la nuit de Philippe Garrel, de Généalogies d’un crime de Raoul Ruiz à Dancer in the Dark de Lars Von Trier, de Je veux voir de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige à Potiche de François Ozon, elle joue avec grâce et audace la fêlure, la rupture, le silence, le loufoque, l’imprévu, l’inconnu. Une interprète libre. C’est ce qu’elle est devenue à force d’ouverture et de curiosité.

Pour la filmer, Emmanuelle Bercot a franchi le cap de la jeunesse dont elle saisit l’aplomb et les tâtonnements depuis ses débuts (Les Vacances, La Puce, Clément, Backstage). « J’ai vraiment écrit Elle s’en va pour elle, et Catherine a été mon monteur absolu tout au long de l’aventure de ce film ». Elle suit Deneuve comme son ombre, tels les Dardenne avec Emilie Dequenne (Rosetta) ou Olivier Gourmet (Le Fils). De face, de trois quarts, de dos, en plan large, en gros plan, son héroïne habite toutes les scènes et donne son pouls au film. Et la cinéaste assiste son actrice dans ce road-movie lumineux.

Catherine Deneuve

Rares sont les films qui font autant corps avec leur interprète. Emmanuelle Bercot tisse avec finesse une toile où son personnage se déplace dans la géographie d’un pays, tout en bousculant les cases de son paysage intérieur. Un pari casse-gueule de film éclaté mais tenu par un fil rouge : l’avancée de Betty. Les nombreuses pauses font surgir des moments flirtant avec le documentaire, comme lorsque l’héroïne en manque de tabac se fait rouler une cigarette par un vieux paysan aux mains gonflées. Une maison de village, une cuisine, une toile cirée, le temps arrêté et une parenthèse presque irréelle où Deneuve s’assoupit en attente de sa clope…

 

Réalisme brut et douce rêverie, drôlerie décapante et éclats bouleversants, le film en est farci. Un voyage passionnant au pays du cinéma, de sa mémoire, de sa vitalité et de ses pouvoirs évocateurs. Qui se finit sur le rire, le plaisir et sur la vie qui jaillit.

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