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par Olivier Pélisson

Sortie : le 31 octobre 2012

Age : à partir de 15 ans

Durée : 1h36

Un film brésilien

Genre : Drame

Réalisation : Marcos Prado

Interprétation : Nathalia Dill, Luca Bianchi, Livia de Bueno, Bernardo Melo Barreto, César Cardadeiro, Divana Brandão…

Etonnant film sensoriel que Les paradis artificiels. Marcos Prado livre là son premier long métrage de fiction. Une plongée sans complexe dans l’expérience de la drogue, du désir, du sentiment et de l’aventure existentielle. Sous influence ou pas, les personnages font un voyage au bout d’eux-mêmes, entre le Brésil et les Pays-Bas.

Erika rejoint tout d’abord une immense « rave » sur une plage du Nordeste brésilien avec sa copine Lara. Elle rêve de faire connaître ses talents de DJ. Nando s’y rend aussi avec un ami. Les trois êtres se croisent et s’unissent en pleine nuit, dans le feu des substances chimiques et des fluides corporels. Deux ans plus tard, Nando séjourne à Amsterdam d’où il va rapporter dans ses bagages des drogues de synthèse pour un ami. Il y retrouve par hasard Erika devenue reine des platines et rangée des voitures côté consommation. Ces deux là en pincent à nouveau l’un pour l’autre. Mais la vie n’est jamais simple…
Evitant l’écueil du film clip, de la vitrine branchée, de la propagande consumériste ou du pensum moraliste, Marcos Prado s’intéresse avant tout au chemin de ses personnages. Il donne à voir une jeunesse avide de sensations et de liberté physique et psychique. Quitte à tout tester pour mieux se connaître. Ou pour échapper au quotidien ? A un futur déjà trop lisse et phagocyté par la mondialisation ? Avant d’écrire et de filmer son récit, il a longuement enquêté afin de

mieux appréhender la jeunesse. Ses aspirations. Ses expérimentations. Ses visions.

Mais le riche parcours documentaire de l’auteur n’empêche pas la fiction d’exister fort. Erika et Nando guident l’action et le spectateur dans les allers et retours entre les deux continents et les différentes temporalités étalées sur six ans. Une audace narrative qui paie. Ce sont les vibrations intérieures des êtres qui mènent. Ils donnent de la chair et du nerf aux images. Ils impulsent leur vitalité et leurs doutes au flux de l’action. Les délires sous substances sont rendus comme rarement via une mise en scène précise. Au plus près des visages, des corps, des peaux, et du souffle de ces adultes en devenir. On sent même les acteurs s’oublier au bénéfice de leurs personnages.

Tout le travail formel

et technique brille par sa maîtrise et sa fluidité. Et toujours au service de l’histoire. Il faut citer l’image de Lula Carvalho, le montage de Quito Ribeiro et le son de Leandro Lima, Alessandro Laroca, Armando Torres Jr et Eduardo Virmond Lima. Un brio esthétique d’autant plus notable qu’il accompagne l’émotion à l’œuvre et réussit à rendre vibrante l’humanité nomade des Paradis artificiels. Jusqu’au crescendo des dernières scènes cariocas, quand la concrétude parfois triviale de la vie rattrape les jeunes anges épris d’absolu.

La bande son électro de Rodrigo Coelho et Gustavo MM nourrit aussi les tâtonnements des êtres. Loin d’en faire une bande démo fabriquée, elle souligne au contraire leurs états intérieurs. Car la jeunesse à l’œuvre est toute entière tournée vers ses sens. Au rythme de son pouls et à l’écoute des pulsations du monde. Pas évident de bâtir un tel film sans tomber dans le cliché ou dans la complaisance, de l’esthétisme « hype » à la virée trash. Les paradis artificiels y échappent et renvoient un écho nouveau aux amours hippies du More de Barbet Schroeder (1969), quarante-trois ans plus tard.

Déjà auteur du portrait documentaire Estamira (2004) et producteur du diptyque musclé et triomphal de son complice José Padilha Troupe d’élite (2007-2010), Marcos Prado s’annonce comme un protagoniste prometteur du cinéma brésilien. A suivre de près.

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Par Catherine Ruelle

Une rétrospective du cinéma sénégalais, c’est d’abord une immense brassée d’images, de sons, de couleurs, d’histoires ! Un peu plus de soixante années d’une cinématographie à (re)découvrir ; une des premières du continent africain dans les années 60. Aujourd’hui beaucoup de cinéastes et d’acteurs ont disparu, mais les images sont là et continuent à raconter leur histoire.
« Elle est belle la France Diouana ! – Oui Monsieur ! ». Douce et tendre Diouana, – M’Bissine Diop- bercée dans l’illusion de l’ailleurs, d’un paradis qui allait se révéler piège mortel ! On était en 1966. Sembène Ousmane, écrivain reconnu, après avoir réalisé en 1963, le magnifique Borrom Sarret, signait son premier long métrage : la Noire de … un film qui a gardé la grâce et la force politique de ses origines ! En ce temps là, l’immigration n’était pas encore de « masse », le bateau était

un paquebot (et pas une pirogue), mais la mort était déjà au bout du chemin !
Dès le début, le ton était donné ; à travers fictions et documentaires, le cinéma sénégalais allait raconter, avec ses propres images et ses propres mots, les réalités du pays, les interrelations avec le monde et avec la France, ex pays colonisateur avec lequel il fallait régler des comptes ; en ce temps là, le Sénégal était indépendant depuis peu et la barque (Sunugal1), fragile encore, était gouvernée par un poète président !2 Sembène Ousmane allait enchainer très vite avec Le Mandat premier film tourné en woloff, vrai manifeste cinématographique et satire de la nouvelle bourgeoisie, autour de l’histoire d’un mandat envoyé de France et impossible à encaisser. Et tandis que Paulin Soumanou Vieyra, dahoméen3 d’origine, développait les « Actualités sénégalaises » et que des adolescents s’usaient les yeux à tenter de voir des westerns par les trous des palissades des cinémas en plein air, les premiers cinéastes revenaient des lointaines écoles européennes : Ababacar Samb Makharam, venu de Cinecita , metteur en scène inspiré, s’ engageait dans la défense des images du continent au sein de la Fepaci (fédération panafricaine des cinéastes) tout juste créée. Et la neige n’était plus, Kodou et Jom témoignent aujourd’hui de l’immense talent de ce cinéaste aux grands éclats de rire, trop tôt disparu, tout comme « l’homme aux semelles de vent » le magnifique comédien, poète et cinéaste Djibril Diop Mambety, auteur du cultissime Touki-Bouki, (1973) une autre histoire d’amour, de rêve et d’exil vers un « ailleurs meilleur » ; à la fin du film le jeune Mory reste à quai, tandis qu’Anta, -Myriam Niang- quitte le Sénégal sur un autre paquebot blanc ; le même peut- être qui ramènerait au pays près de vingt ans plus tard Linguère Ramatou, vieille dame richissime venue régler ses comptes dans la petite cité de Colobane, dans le film Hyènes (1992).

Attardons-nous un instant sur ces années 70, l’âge d’or du cinéma sénégalais. Les salles de cinéma étaient pleines à craquer, le public adhérait à l’oeuvre de ses cinéastes, dont le talent était reconnu à l’extérieur dans les plus grands festivals internationaux de Cannes à Venise et de Carthage à Ouagadougou. Mahama Traoré, ami et contemporain de Djibril Diop, dénonçait dans N’Jangaan (1974), film brillant monté par Marcel Hanoun, l’emprise croissante du fondamentalisme religieux dans la société. D’autres comme Momar Thiam et Tidiane Aw s’essayaient au cinéma populaire, peignant les affres d’une jeunesse en proie au chômage et aux désordres de la drogue et de la violence, tandis que Ben Diogaye Bey racontait l’histoire des Princes Noirs de Saint Germain des Près.

= »attachment wp-att-1568″ href= »http://www.lecinemadanslesyeux.com/cinema-senegalais-de-la-noire-de%e2%80%a6-a-la-pirogue-soixante-annees-dhistoire/safi-faye/ »>Safi Faye, la grande dame du cinéma sénégalais faisait ses premiers pas de documentariste avec Lettre paysanne (1974) émouvant hommage à son grand père, et constat implacable du néo-colonialisme à travers l’histoire d’une mono-culture imposée par la colonisation, l’arachide. Felix Samba N’Diaye n’était pas loin, avec ses petites histoires des gens de tous les jours, pêcheurs, artisans, matrones, enfants, des « histoires de petites gens » que Djibril Diop Mambety allait magnifier dans La petite vendeuse de soleil son tout dernier film en 1998.
Au début des années 80, sont arrivées de nouvelles générations, avec des films à la première personne, comme Toubab Bi de Moussa Touré, élevé au biberon du cinéma sur les plateaux de François Truffaut, Bertrand Tavernier ou Bernard Giraudeau. Dans ses aventures parisiennes, son double de cinéma était l’acteur Makéna Diop qui allait ensuite interpréter Rambo dans TGV, avant que le cinéaste ne se tourne lui aussi vers le documentaire. Il faudrait parler d’Ousmane William M’Baye, de Moussa Bathily, de Moussa Sène Absa, de Mansour Wade, de Jo Gaye Ramaka qui ont tous réalisé des films très personnels ; parler encore des acteurs et actrices, innombrables et talentueux parmi lesquels Nar Sène, Awa Sène Sarr, Omar Seck, Rokhaya Niang, Fatou N’Daw…

Mais il nous faut arriver aux années contemporaines et à la génération actuelle, celle dont les parents ont vécu l’exil et l’émigration ; celle d’Alain Gomis, réalisateur de l’Afrance, dont le nouveau film Aujourd’hui (2012) raconte le dernier jour de Satché. Satché sait qu’il n’a plus qu’une journée à vivre ; établi aux USA, il retourne chez lui, au Sénégal, pour célébrer sa mort à venir en compagnie des siens. Satché, c’est Saul Williams, musicien et poète hip hop, révélé en 1998 avec Slam. Le film aura été le dernier de Thierno Ndiaye Doss, grand comédien, qui vient de disparaitre après avoir traversé toute l’histoire du cinéma sénégalais.

De la même génération que Alain Gomis, Dyana Gaye. Elle a signé de France quelques magnifiques courts métrages, dont Une femme pour Souleymane, avec Makéna Diop puis à Dakar Deweneti et Un transport en commun (2009) une comédie musicale étonnante avec Umban

U’kset, autre grand comédien et musicien.
A Dakar de nombreuses jeunes femmes poursuivent aujourd’hui dans le documentaire et la fiction, le travail de leur aînée Safi Faye. Elles ont nom Angèle Diabang Brenner, Khadi Sylla, Alice Diop et bien d’autres.
Et l’histoire ne s’arrête pas là ! Même si les salles de cinéma ont fermé, même si les institutions cinématographiques nationales se sont délitées, les ciné-clubs renaissent ; même si les moyens financiers sont plus difficiles à trouver, les cinéastes tournent ; de nouveaux cinéastes prennent la caméra, numérique cette fois !
Le plus beau message d’espoir c’est Sembène Ousmane qui nous l’a envoyé en tournant à quatre vingt ans largement dépassés son dernier film Mooladé, l’histoire d’une femme qui se rebelle et qui dit non ! Le double en couleurs et actif cette fois de la petite Diouana des années 60. Le temps a passé, le cours de l’Histoire a changé, le cinéma sénégalais a atteint l’âge de la maturité et pourtant la « pirogue » est toujours en mouvement.

1 En woloff
2 Léopold Sedar Senghor
3 Béninois aujourd’hui

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Par France Hatron

A partir de 12 ans

Un film français

Sortie : 17 octobre 2012

Genre : Comédie dramatique

Durée : 1 h 31

Réalisation :

Louis-Do de Lencquesaing

Scénario :

Louis-Do de Lencquesaing

Interprétation : Marthe Keller, Valentina Cervi, Alice de Lencquesaing, Bernard Verley, Louis-Do de Lencquesaing, Xavier Beauvois, Laurent Capelluto, Ralph Amoussou, Enola Romo-Renoir, Denis Podalydes…

Au galop a été présenté à La Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2012.

Ada est une trentenaire bien dans vie, bien dans sa tête et dans sa peau. Elle a cette beauté saisissante des femmes qui se savent belles mais ne montrent pas qu’elles le savent, ce qui leur donne cette touche naïve devant laquelle aucun homme ne recule. Paul se laisse happer au premier regard par cette jolie brune, un brin intello, à l’accent italien sensuel. Elle va se marier avec le père de sa fille. Il l’apprend très vite et doit bien s’en accommoder.

La question

du choix va évidemment se poser pour la belle insoumise qui, à la manière de Catherine (Jeanne Moreau) tiraillée entre Jules et Jim, va chercher à sauver sa peau. L’atmosphère de Truffaut plane dans ce film, pas seulement du fait de son propos mais aussi grâce à cette voix off lancinante de Louis-Do. Un Louis-Do à toutes les commandes dans son premier film puisqu’il l’a écrit, réalisé et qu’il y incarne l’un des deux rôles principaux, celui de l’amant qui est aussi le père de Camille, sa vraie fille dans la vie.

Sa distribution

impressionne. Valentina Cervi en amoureuse transie, Marthe Keller en mère noble déjantée et Alice de Lencquesaing en fille à papa bobo, lucide et sensible, crèvent l’écran. En tant qu’acteur, Louis-Do sait s’imposer avec pudeur et nonchalance devant ces femmes fortes qui décident de leur destin sans user de la force, juste de leur intelligence et de leurs désirs profonds. Ces femmes dépeignent avec une grande vérité les moteurs qui font avancer les Femmes d’aujourd’hui : leur courage, leurs faiblesses mais aussi leur force et leur sens du devoir.  En tant que réalisateur, il pose sur elles un regard admiratif et plein de compassion. Ainsi son personnage de Paul devient une victime presque consentante, puisqu’il a compris les femmes de notre époque.

Les dialogues sont affutés, souvent très drôles, et particulièrement ceux qui évoquent la mort. On retiendra la scène des chaussettes en cachemire choisies par la veuve (Marthe Keller) pour habiller son défunt mari ! Elle a peur qu’il ait froid dans sa tombe ! Eclats de rire de ses deux fils (Louis-Do et Xavier Beauvois) qui lâchent : « Heureusement qu’il nous entend pas ! S’il nous entendait, il rendrait les chaussettes ! »

Ce film touche sans faire mal, il ne dénonce rien, ne juge personne. Il prend seulement la température d’une époque et d’un milieu social avec une petite touche de mélancolie, corsée par la musique électronique envoûtante d’Emmanuel Deruty. Une mélancolie qui, bien qu’estompée par rapport à celle du maestro François Truffaut, nous berce ici tendrement et nous redonne goût à la nouvelle vague, au galop !

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