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Par Bahia Allouache

Affiche du film 

Drame familial chilien 

Age : à partir de 12 ans 

Sortie : 25 avril 2012

Durée : 1h29 

Réalisation : Sebastian Silva et Pedro Peirano

 Interprétation : Belgica Castro, Claudia Celedon, Catalina Saavedra, Alejandro Svieveking

« Ils méritent tous de mourir ! » Voilà résumé en une phrase ce que pense Sebastian Silva des personnages de son film. Beau-père, mère, fille, chacun dans son registre émotionnel, a en effet l’art d’horripiler. Agée de 90 ans, Isidora est une bourgeoise caractérielle butée qui, dans son grand appartement de Santiago du Chili, partage sa vie entre son mari et ses deux vieux chats obèses. Dans l’attention infinie qu’il lui porte, Enrique, son mari, vieil universitaire érudit, en fait presque trop. Et puis il y a Rosario, la fille de 46 ans, chômeuse fauchée qui taxe régulièrement sa mère. Elle est aussi junkie, actrice ratée et lesbienne, en couple avec une dénommée Hugo.

Ces personnages hauts en couleur, Sebastian Silva et Pedro Peirano prennent le parti de les montrer dans leur entièreté, sans concession, tant dans leurs petites gloires que dans leurs vils calculs.

De retour d’un voyage au Pérou, Rosario s’i

nvite d’autorité à « prendre le goûter » chez sa mère. Le sac chargé de savons bio qu’elle espère revendre, elle s’installe dans le salon cossu, déterminée à lui faire signer une procuration lui donnant tout droit sur l’appartement familial. En d’autres temps, Isidora se serait offusquée d’une telle proposition et l’aurait sèchement refusée. Mais en ce jour printanier, l’ascenseur est en panne et elle, qui se déplace avec beaucoup de difficultés, est en proie à des absences et des pertes de mémoire.

Avec cet abandon, qu’on ne nommera jamais maladie d’Alzheimer, la relation entre la mère et la fille se

renverse. Ce rapport de force fait jusque-là de rendez-vous manqués, d’intransigeance maternelle, d’incompréhensions, d’échecs et de déceptions se métamorphose en l’espace d’un instant, lorsqu’Isidora et Rosario se retrouvent tout habillées, sous les eaux limpides d’une cascade. Rencontre fugace et vaine, avant que Rosario ne renoue avec sa rage de petite fille malaimée.

Au-delà du portrait de famille brossé au vitriol, Pedro Peirano, co-réalisateur, souhaitait que son « film suive le mouvement de la vie ». Et c’est ici un double mouvement qui s’enclenche. Un mouvement carcéral au cours duquel les frontières de vie d’Isidora se resserrent ; son espace se réduisant d’abord à l’appartement

dont elle ne peut plus sortir, puis à son corps lui-même qui se dérobe et ne lui appartient plus. Et un mouvement furieux d’émancipation, celui de Rosario qui renonce enfin à cet inaccessible amour maternel.

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Par Bahia Allouache

Documentaire français

Age : à partir de 10 ans

Sortie : 11 avril 2012

Durée : 1h21

Réalisation : François Lunel

Interprétation : Dominique Léon, artisan coiffeur et sa clientèle

Le salon parisien de Dominique Léon est une libre reproduction de cabine de paquebot. Boisée, ouverte sur l’horizon de l’introspection à travers des miroirs en forme de hublots, cette cabine semble agir comme un appel au lâcher prise et au voyage intérieur. Chaque client, face à son reflet dans le miroir, choisit d’affronter son image ou de l’occulter, il choisit de parler ou de se taire, de se livrer ou de se cacher.

Dominique Léon est un artisan de quartier. Quand il manipule le cheveu, il n’est ni dans la prouesse technique, ni dans l’effet de mode. A chaque coup de ciseaux, il cherche plutôt à s’approcher au plus près de ce que sont les personnes qu’il coiffe. Le brushing de Guillemette ne sera pas celui d’Isabelle. La coupe de Jacques ne sera pas celle de David. Parce

que chaque parole est singulière avec sa propre langue. Avec sa propre voix, et sa propre voie.

Chez Léon Coiffure, on parle de l’engagement politique, du monde du travail, de la vieillesse, des études, de la maladie. D’hier et de demain. Le verbe peut être abondant et creux, rare et bouleversant. La mélancolie se mêle à l’angoisse, l’espoir aux regrets.

Chacun se raconte et raconte les fragments d’une époque (2007-2011). Cinq années durant lesquelles François Lunel a saisi, avec sa caméra, le singulier pour le fondre dans le collectif.

Pour le réalisateur, ce film était un « travail sociologique » dans lequel il ne voulait « pas interférer ». Ce qui l’intéressait ? « Proposer un dispositif quasi mécanique et laisser faire ». Laisser faire pour donner à voir et à entendre. Il n’y a, à l’écran, la place que pour les visages et les témoignages. Très vite se pose alors la question du rapport

de chaque client à la caméra (certains sont dans la séduction quand d’autres sont dans la fuite) et de chaque spectateur au film. Mais, tour à tour, dans la sincérité puis la feinte,

la légèreté puis la gravité, la parole des clients éclipse tout risque de voyeurisme du spectateur en faisant affleurer l’essentiel : les silences de Dominique. Et soudain, « Chez Léon Coiffure » apparaît comme le portrait du plus discret des personnages du film : Dominique Léon.

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Par Bahia Allouache

Réalisation :

Michale Boganim

Coproduction française, polonaise, ukrainienne et allemande

Age : à partir de 10 ans

Sortie : 28 mars 2012

Durée : 1h48

Interprétation :

Olga Kurylenko, Andrzej Chyra, Serguei Strelnikov…

« La terre outragée », première fiction sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl

C’est sur la lecture d’une lettre adressée à un pommier que s’ouvre « La terre outragée ». Cette lettre, écrite par le jeune Valery, raconte avec les mots d’un adolescent l’attachement à la terre natale. Cette terre se trouve ici en Ukraine soviétique. Des champs, une forêt et cette rivière rieuse, au bord de laquelle Vladimir a planté son pommier, sur laquelle une petite barque glisse lentement, avec à son bord Anya et Piotr qui flirtent en pensant à leur mariage prochain, et au bout de laquelle point l’imposante centrale nucléaire de Tchernobyl.

En ce printemps 1986, la nature paisible, la sensualité des êtres et la technologie civilisatrice semblent avoir trouvé un point d’équilibre presque évident.

Mais l’histoire, nous la connaissons, veut qu’une pluie noire vienne s’abattre sur cette terre de paradis. En ce 26 avril, l’accident nucléaire qui se produit dans la c

entrale Lénine va brûler cette terre et dévaster ses habitants. Les parcours et les rêves de Vladimir, Anya et Piotr se brisent en silence, dans le vertige du départ précipité, et de la mission patriotique à accomplir. Certains survivent, d’autres disparaissent. Et reste la radioactivité, ce mal continuel et impalpable.

L’assourdissant silence qui envahit les lieux fait étrangement écho au refus de l’oubli qui torture les personnages. Et c’est bien là tout le propos de Michale Boganim. Dans la continuité de « Odessa…

Odessa ! » (2005), une trilogie documentaire sur l’immigration russe entre Odessa, New York et Israël, la réalisatrice israélienne de 37 ans choisit la fiction pour poursuivre son exploration du rapport à la terre natale et des méandres de la mémoire provoqués par l’exil et le

déracinement. Comment composer avec le passé ? L’intérioriser et l’enfouir, ou le transmettre ?

Le personnage de Valery est parti avec sa mère pour Salvoutich, petite ville créée pour accueillir les rescapés de la catastrophe. Taciturne et bagarreur, l’adolescent est hanté par le souvenir de son pommier et de son père disparu. Son enfance à jamais perdue dans les ruines de la maison familiale.

Anya, elle, refuse l’exil. « Pourquoi je ne suis pas partie ? C’est ici chez moi. ». Dix ans plus tard, devenue guide touristique dans le cadre d’un douteux Tchernobyl tour, parce que chaque jour elle foule sa terre outragée, elle est désormais dépositaire d’une mémoire qui ne voyage pas :« Si je pars, qui racontera notre histoire ? »

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