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Par Guillaume Dimanche


Réalisation : Leos Carax

Scénario & Dialogues : Leos Carax

Images :

Caroline Champetier

Décors : Florian Sanson

Musique : Neil Hannon

Montage : Nelly Quettier

Son : Erwan Kerzanet

Interprétation : Denis Lavant (Mr Oscar), Edith Scob (Céline), Eva Mendes (Kay M), Kylie Minogue (Eva Grace), Michel Piccoli (L'homme à la tache de vin), Elise Lhommeau (Léa).


La journée de travail type de Monsieur Oscar… Il enchaîne les rendez-vous, coaché par Céline, son chauffeur, secrétaire et confidente. Oscar va naître 10 fois au travers de personnages divers : un grand patron, une mendiante roumaine, un tueur. Il va mourir plusieurs fois aussi. On le voit notamment, puissant, riche et vieux, confronté sur son lit de mort, à Léa, une belle et douce jeune femme pour laquelle il déploie ses dernières forces avant de lui souffler les mots de la fin. La puissance du regard d’Elise Lhommeau, qui incarne Léa, nous ramène à celui de Charlotte Rampling dans Portier de nuit.

La mise en scène oblige à osciller sans cesse entre réalité et fiction, entre décors naturels et images numériques. Le cimetière du Père Lachaise n’est pas redessiné en studio. Il s’agit bien de l’original, juste transformé, à l’image du protagoniste. Et cet Oscar, lui, est-il un personnage fictif dans la vie réelle, aliéné aux caméras comme un héros de téléréalité ? Les 10 vies s’enchaînent, laissant juste à Oscar un court instant pour remercier sa partenaire à la fin

d’une séquence ou annoncer le prénom de sa partenaire suivante.

Totalement immergé dans

l

Par Olivier Pélisson

Historias

Le septième art « brasileiro » a particulièrement brillé en mai dernier en France avec la 14e édition du Festival du Cinéma Brésilien de Paris et la présence au 65e Festival de Cannes de cinéastes en compétition officielle (Walter Salles), en séances spéciales (Nelson Pereira dos Santos, Ruy Guerra), en sections parallèles (Anita Rocha da Silveira, Leonardo Sette & Isabel Penoni, Juliana Rojas) et dans les divers jurys (Carlos Diegues président de la Caméra d’Or, Karim Aïnouz dans le jury de la Cinéfondation et des courts métrages).

L’été s’annonce aussi chanceux de présence brésilienne avec la sortie de trois nouveaux longs métrages : Historias, les histoires n'existent que lorsque l'on s'en souvient de Julia Murat le 18 juillet, Insolation de Daniela Thomas et Felipe Hirsch le 25 juillet, et Tourbillon de Clarissa Campolina et Helvecio Marins Jr le 15 août.

Un constat rare pour être signalé. Le nombre de productions brésiliennes ayant droit à une sortie française se compte en effet, chaque année, sur les doigts d’une main. 2003

a atteint le record avec cinq films (Avril brisé de Walter Salles, La Cité de dieu de Fernando Meirelles, Madame Satã de Karim Aïnouz, A la gauche du père de Luiz Fernando Carvalho et Moro no Brasil de Mika Kaurismäki), ex aequo avec 2012 (les trois précités, Trabalhar Cansa de Juliana Rojas & Marco Dutra en avril, Les Paradis artificiels de Marcos Prado annoncé en octobre).

Si certaines grosses productions françaises (OSS 117 Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius) et américaines (Rio de Carlos Saldanha, Fast & Furious 5 de Justin Lin) ont récemment pris pour cadre le pays dans son versant exotique, il est finalement difficile de suivre la cinématographie nationale vu d’ici. D’autant plus que les têtes de file du cinéma brésilien s’en vont régulièrement tourner ailleurs, de Walter Salles aux Etats-Unis (Dark Water, Sur la route) à Karim Aïnouz à Berlin (Praia do futuro), en passant par Fernando Meirelles entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord (The Constant Gardener, 360).

Heureusement, d’autres donnent des nouvelles de leur pays. Deux tendances ressortent des trois films présentés en cet été hexagonal. D’un côté, les personnalités établies de la scène et des arts, Daniela Thomas et Felipe Hirsch, signent un film esthétisant dans la ville ultra graphique de Brasilia. De l’autre, de jeunes cinéastes visitent les terres reculées du Brésil et confrontent les jeunes générations aux anciennes dans une lignée ou réalisme et poésie se mêlent. Trois propositions. Trois visions. Et trois raisons de voyager sur grand écran.

Insolação suit les pas de personnages en proie au doute existentiel et au gouffre des sentiments, dans une cité déserte et dominée par ses lignes horizontales, verticales et obliques. Une vraie léthargie écrase les êtres tout comme le soleil frappe les corps et les matériaux. Et donne le ton de cette variation brésilienne inspirée des récits des maîtres russes Tchekhov, Pouchkine ou Tourgueniev. Il est question d’hommes et

de femmes, jeunes ou moins jeunes, qui se dépatouillent avec leurs pulsions et la peur de la perte de l’être aimé. Voir même du sentiment. Mais ce récit d’implosion de l’amour reste avant tout marqué par sa forme, ultra soignée, trop finalement, tant elle étouffe l’émotion et la charge sensorielle de cette charpente sclérosée sur sa construction savante. D’autant plus que le narrateur apparaît régulièrement dans un snack et donne à lire des textes à des êtres de passage, le long d’un ennui larvé. Thomas & Hirsch sont des artistes esthètes reconnus pour leur travail formel et leur inventivité sur des mises en scène, scénographies, décors et installations (Hirsch vient de mettre en scène à Rio de Janeiro O Livro de itens do paciente estevão d’après un roman de Sam Lipsyte, dont Thomas a assuré la scénographie et les décors). Mais on peine ici à ressentir ces tourments de l’âme et du cœur.

Tourbillon réussit la gageure d’allier une recherche esthétique à un regard humaniste. Les deux héroïnes du film sont octogénaires et mènent avec joie et résistance le fil de leur existence dans un village reculé du Sertão, dans le nord du Minas Gerais. Le cadre fait parfois des inserts sur des détails et des éléments du décor, saisis de manière quasi photographique. Loin d’enfermer le film dans un dispositif trop ostentatoire, il se mêle au contraire à sa portée documentaire. Le duo de cinéastes a fait le pari de suivre les personnages dans leur réalité. Tous se retrouvent pour la première fois devant la caméra et jouent leur propre vie. Dans leurs intérieurs rudimentaires comme sur le perron de leurs maisons. Derrière les fourneaux ou devant la machine à coudre. Une expérience qui lie ainsi intimement le témoignage à la fiction. Bastu et Maria font don de leur allégresse et de leur fantaisie, tout comme elles donnent à voir leur quotidien. Les éléments sont présents, terre, eau, vent, et insufflent à la fiction un souffle de poésie. Maria chante encore et encore. Les mélodies locales et les rythmes scandent les images avec une grâce toute simple. Et le charme opère. Mélancolique. Tourbillon touche à l’universel a travers ce récit de vie et de mort au rythme du soleil et de la nuit.

Insolation

Avec Historias, Julia Murat rend elle aussi hommage aux plus anciens. Dans la vallée de Paraiba dans la région de Rio de Janeiro, un village préservé du temps et de la technologie se voit bouleversé par l’arrivée d’une photographe baroudeuse. La jeunette se retrouve témoin des faits et gestes quotidiens et répétitifs de son hôte, Madalena. Celle-ci se lève aux aurores pour faire cuire le pain qu’elle porte chaque matin à la boutique de son ami Antonio. Ensemble, ils vont à la messe puis déjeunent avec la petite communauté menée par le curé. Le cimetière est fermé pour une raison obscure. Madalena s’assied devant la grille ou nettoie l’entrée. Elle écrit aussi des lettres d’amour à son mari défunt. La cinéaste capte avec une grande sensibilité le fil du temps du passe. Et la densité de chaque seconde. A pétrir la pâte à pain et manger de l’igname au petit matin. A siroter un café sur un banc. A jouer au lancer de fers à cheval au bord des voies ferrées. A

se chamailler chaque jour autour des mêmes manies. A draguer la jeune femme de passage en lui assurant que la « machine fonctionne ». Des gestes triviaux transcendés par une sorte de pensée magique. Le lien à l’autre, vivant ou mort, maintient l’ordre et le calme fantomatique de ce lieu où l’on ne meurt plus. Ou presque. Chaque mouvement, chaque regard, chaque parole bouleverse.

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Par Guillaume Dimanche

Cosmopolis de David Cronenberg

On retiendra de ce 65e Festival de Cannes des œuvres qui sont autant de variations sur le thème de la traversée des ténèbres.
Le point commun de quelques uns des films présentés cette année à Cannes (2012), toutes sélections confondues, est leur zone sombre… tels un couloir, un squat, une Limousine aux vitres teintées, un deuil, la pauvreté… qui bien souvent emprisonnent leurs occupants, arrivés par hasard ou non,
dans ces zones d’ombres. La société mal orientée agonise sous leurs yeux.
Nous, spectateurs, ne sommes plus simplement témoins d’un monde en cours de destruction, d’un accident ou d’une fin brutale, comme ce fut le cas lors des éditions précédentes (Melancholia ou Antichrist de Lars Von Trier, Inglorious Basterds de Quentin Tarentino, Le Ruban blanc de Haneke,
Import Export de Ulrich Seidl…). Nous avons désormais sombré sous les ruines

d’un monde perdu. La civilisation occidentale vieillissante est arrivée à sa fin. Les ténèbres sont là. En témoignent cette année les limousines de David Cronenberg dans Cosmopolis et de Carax dans Holly Motors, le cloître obscur de Cristian Mungiu dans Au-delà des collines, ou encore les fr

igos de la mort de Brandon Cronenberg dans Antiviral.

Palmarès de réjouissances éloquent quant au degré d’espérance de nos cinéastes ! Avant, les dégâts semblaient réversibles, comme dans Import Export de Ulrich Seidl en 2007. En 2012, ils entraînent la mort et nous obligent à accepter nos vestiges, sans espoir de retour, loin de toute logique de restitution de nos biens, l’argent s’étant envolé !
Despues de lucia de Michel Franco entraîne plusieurs milliards d’êtres humains, et plus encore, d’êtres vivants dans leur chute.
Extinction des feux !

Despues de Lucia de Michel Franco

Mais, comme à son habitude, le festival nous a tout de même réservé cette année un espace de distraction, avec la comédie historique Moonrise Kingdom de Wes Anderson et la cerise sur le gâteau qu’est le cadeau promotionnel Madagascar. Quelques joyeux entractes ont aussi rythmé les scénarios obscurs de cette sélection, comme la scène magnifique de Holy Motors où Denis Lavant accompagne à l’accordéon une fanfare de tziganes dans une cathédrale.

Alors, avant que la fin du monde n’advienne, aimons et jouissons comme le suggère Taisia Igumentseva, jeune

cinéaste russe de 22 ans, dans son court-métrage Doroga-na (Prix de la Cinéfondation). En dehors, à l’envers,
des conventions et politesses, un jeune homme lutte contre l’idiotie du système, parvient à recevoir et à partager l’amour qu’il reçoit et à exprimer le sien, au mépris de tous les dangers.

Avant les ténèbres, subsiste le cinéma !

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