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Par Olivier Pélisson Photo Only_Lovers_Left_Alive

 

Age : A partir de 12 ans

Sortie : 19 février 2014

Durée : 2h03

Un film britannico-germano-franco-chypriote

Genre : Road-movie amoureux

Réalisation :

Jim Jarmusch

Distribution :

Tilda Swinton, Tom Hiddleston, John Hurt, Mia Wasikowska, Anton Yelchin, Jeffrey Wright, Slimane Dazi…

 

Tel un ange gardien, la caméra tournoie en plongée sur un homme et sur une femme alanguis à plus de six mille kilomètres l’un de l’autre. Sur Adam et sur Eve. Sur Detroit et sur Tanger. Sur hier et sur demain. Adam et Eve sont vampires et vivent depuis des lustres. Adam et Eve sont amoureux et se secourent à distance. Ils survivent malgré les villes qui s’effondrent et le monde qui vacille. Ils voyagent en avion de nuit et ont modernisé leur approvisionnement sanguin, via des contacts en laboratoires. Mais le bon sang menace de manquer et les virus en tous genres veillent. Et les cadets gourmands attendent dans l’ombre, prêts à tout foutre en l’air (Ava/Mia Wasikowska).

RZ6A4304.JPGComment tenir ? En faisant de la musique, comme Adam. En profitant de la contemplation, comme Eve. Et en s’aimant. L’amour au-delà de la mort. C’est ce qu’incarnent, plus que tout, ces deux êtres voués à l’éternité et que leur complémentarité sauve de la perdition. Un très beau plan les associent tous deux, allongés, endormis, abandonnés. Deux silhouettes nues et graciles, à l’abri du reste du monde. Un moment fort chez Jim Jarmusch qui n’a pas si souvent filmé l’amour. Et surtout au présent. Car ses héros quasi toujours masculins sont de grands solitaires, et le plus entouré de femmes fait le tour de ses amours passées. C’est Don Johnston alias Bill Murray dans Broken Flowers.

De Permanent Vacation (1980) à Broken Flowers (2005) justement, le cinéaste n’a eu de cesse de filmer son pays et ses héritages. Mais depuis l’Espagne de The Limits of Control (2009), il prend le large. Detroit n’est que le fantôme des Etats-Unis, tout comme Tanger n’est que le fantôme du Maroc. Et les deux cités ne sont que les fantômes d’un monde voué à l’effacement. Jarmusch n’aime jamais tant les lieux que quand ils sont démarqués, tout comme ses personnages sont désaxés. Sortir du centre, aller voir dans la marge ce qu’il y a et s’il y est, reste son crédo.

RZ6A4230.JPGCe qu’il trouve dans Only lovers left alive, c’est la beauté et la douceur. A mi-chemin entre l’atemporalité et le dépassé, Eve et Adam incarnent un ilot, un espoir. Celui de l’humanité toute entière réunie dans leurs longs corps arpentant les ruelles tangéroises, jusqu’à trouver leur salut face à un couple de jeunes amoureux. Un duo évanescent et anesthésié qui prend corps aussi grâce à l’image dense et comme ouatée de Yorick Le Saux, qui filme si bien la mer et la peau chez François Ozon, et Tilda Swinton déjà dans Amore de Luca Guadignino. "only lovers left alive"

 

Tilda Swinton glisse sa grâce sans âge entre deux partitions grimées dans Snowpiercer et The Grand Budapest Hotel, et Tom Hiddleston laisse tomber les ténèbres à grand spectacle d’Avengers et Thor. Tous deux unissant leurs crinières et leur teint britannique diaphane pour se faire un bon shoot sanguin et esthétique devant l’objectif du cowboy new-yorkais. La musique enfin, les accords lyriques et anesthésiés de Jozef Can Wissem et du groupe de Jarmusch, Sqürl. Des mélodies qui chantent le désenchantement et le « désaccordement », et qui pourtant nourrissent de sensualité les déambulations de Tom et Tilda au pays de Jim. Le film avait visiblement laissé les salles de marbre au dernier Festival de Cannes. Il réchauffera celles de cet hiver, par sa croyance en les espaces et les sentiments.

Par France Hatron Affiche-L-absence

Age : A partir de 15 ans

Sortie : 22 janvier 2014 

Durée : 1h21

Un film français, guinéen, sénégalais

Genre : Drame 

Réalisateur : Mama Keïta

Distribution : William Nadylan, Mame Indoumbe Diop, Ibrahima Mbaye, Mouss Diouf, Omar Seck, Jacky Tavernier, Ismael Thiam…

 

Un taxi jaune dépose un jeune Sénégalais distingué dans une rue de Dakar. Il franchit la porte d’une maison et découvre, à même le sol du jardin, une femme enfilant des perles. Il s’agit de sa grand-mère, émue de le revoir. Elle lui présente sa sœur Aïcha, une jolie jeune femme muette et sauvage.

Puis, Adama rend visite à un  vieil ami, dans sa boutique de caméras vidéos. Ce dernier reproche au déserteur de ne pas lui avoir donné signe de vie pendant toutes ces années. Photo L'Absence

Contre toute attente, l’enfant prodige n’est pas rentré pour toujours, il compte repartir dès le lendemain. Sa sœur et sa grand-mère reçoivent très mal la nouvelle. Adama n’avait déjà pas tenu sa promesse de rentrer au pays à la fin de ses études et aujourd’hui encore, il les déçoit. La vielle femme soupçonne son petit-fils de repartir en France pour une femme. Adama lui confie alors avoir divorcé deux ans plus tôt.

Le jeune homme rend ensuite visite à l’un de ses anciens professeurs qui lui en veut, lui aussi, d’avoir étudié à l’étranger aux frais de son pays.

Mouss et AïchaLors d’une promenade nocturne avec son ami Djibril, Adama croise sa sœur Aïcha, devenue prostituée, sous la coupe d’un proxénète connu et craint par la ville entière. Abasourdi, le jeune homme retrouve le proxénète dans la soirée et le tabasse avant de violenter sa soeur aussi. Le souteneur met alors à prix la tête d’Aïcha. Commence alors une course poursuite infernale entre Adama et le proxénète qui, lui-même, course Aïcha.

Comme son personnage principal, Mama Keïta est d’origine africaine et a étudié ailleurs. Il dresse un état des lieux critique de l’Afrique et nous donne en même temps des clés pour comprendre et analyser sa dérive. L’Afrique se saigne pour envoyer ses élites étudier à l’étranger et n’a finalement pas de retour sur « investissement ». L’ancien professeur d’Adama le lui fait comprendre avec des mots blessants : « ce diplôme que vous possédez n’est pas seulement le fruit de votre géni. Nous sommes des millions à en être propriétaire ». Mais pour le déserteur, le devoir est un sacrifice auquel il n’est pas prêt : « je suis scientifique. Vous m’appelez au sacrifice ».

Photo L'absence Le film pose la question de la responsabilité individuelle ou collective. Par son absence, Adama est-il responsable de la déchéance de sa sœur ? La piteuse image qu’elle lui renvoie est celle d’un pays natal perdu lui rappelant que l’Afrique, c’est aussi et surtout : la violence, la drogue, la précarité, la soumission de la femme et la perte de soi. Et pas seulement à cause du sous-développement. Mama Keita va plus loin en pointant du doigt la fuite des cerveaux. Pour lui, l’esclavage n’est finalement pas si loin. Grand-mère

William Nadylan interprète avec beaucoup de délicatesse et de profondeur son personnage d’Adama qu’il rend ainsi très digne. A ses côtés, Mouss Diouf en proxénète sans foi ni loi, lui arrive à la bonne hauteur. Le scénario, quant à lui, pèche au niveau de la psychologie des personnages secondaires dont on peine à retrouver le lien entre le passé et le présent. Mais le propos du film – plaidoyer pour la liberté d’étudier chez soi – à lui seul, appelle à la révérence.

 

Par France Hatron Le géant égoïste

A partir de 12 ans

Sortie : Le 18 décembre 2013

Durée : 1h31

Un film anglais

Genre : Drame

Réalisation et scénario :

Clio Barnard

Distribution :

Conner Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilder, Siobhan Finneran, Steve Evets, Rebecca Manley…

 

Arbor et Swifty sont deux ados inséparables de 13 ans. Vu ses crises de colère et sa nervosité, on peut qualifier Arbor d’enfant hyper actif qui semble dépendre de ses médicaments. Les deux copains habitent le quartier populaire de Bradford au Nord du Royaume Uni. Mêlés à une dispute magistrale dans la cour de leur lycée, ils sont tous deux renvoyés définitivement. Arbor s’en réjouit car l’école, ce n’était pas son truc. Swifty, lui, paraît plus affecté par la situation, d’autant que sa mère digère mal la nouvelle ! Dans cette petite bourgade sinistre, désindustrialisée et sans avenir, que faire de ses journées pour tuer le temps à part gagner de quoi payer les factures impayées de ses parents ? Arbor et Swifty commencent à voler des objets sans valeur pour les revendre. Un jour, ils croisent la route de Kitten, le Géant Egoïste qui les empêche de jouer dans son jardin. Kitten est un ferrailleur établi près de chez eux. Il organise aussi des courses de chevaux clandestines sur routes. Alors que les gamins commencent à récupérer des métaux usagés pour son compte, Kitten remarque très vite l’affection que porte Swifty à ses chevaux. Il le trouve en plus particulièrement doué pour les diriger. Arbor qui a une sensibilité à fleur de peau et un immense besoin d’être aimé ne supporte pas les préférences de Kitten pour son ami. Il va donc se surpasser pour rapporter toujours plus de métaux, jusqu’à mettre sa vie en danger.

Le Géant Egoïste 1Pour son premier long métrage de fiction, la réalisatrice Clio Barnard a choisi d’adapter librement le conte d’Oscar Wilde qui a donné son nom au film Le Géant Egoïste. Elle s’est inspirée de son enfance et de son adolescence passées près de Bradfort. Alors témoin du rejet de certains enfants au sein même de leur communauté défavorisée et marginalisée, elle s’ est aussi aperçu que si la majorité des chantiers de ferraille étaient régis selon des règles bien précises censées réduire les vols de métaux, certains chantiers plus modestes étaient corrompus par leurs propriétaires vénaux sans scrupules. Ses plans fixes qui s’éternisent sur les poteaux électriques, posés là en pleine campagne, dévoilent des apparences tranquilles qui occultent la douleur et la haine des habitants, pour beaucoup victimes du chômage et du système « D ». A Bradford, pas de journée sans violence physique ni verbale. Pas d’amour non plus.

L’aspect documentaire de ce film, son côté sombre et sa manière d’appréhender les personnages avec une empathie réservée le rapprochent des oeuvres de Ken Loach. La petite touche en plus ? Les cultures marginales, sujet cher à Clio Barnard. Le Geant Egoïste 2

Ses deux ados en danger percent l’écran. Armés de courage et d’obstination, ils laissent croire qu’à cet âge là, la part d’innocence et d’insouciance tiennent suffisamment de place pour pouvoir avancer sans peurs. Jusqu’à ce que la mort surprenne. Et là, survivre n’a plus de sens… Ce film nous prend aux tripes et nous bouleverse en douceur et en profondeur, sur fond de bruit de métal et de galop endiablé.

Le Géant Egoïste a été sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2013 où il a remporté le Prix Europa Cinémas.

 

 

9ème EDITION

Pendant cinq jours, le Cinéma La clé met le Brésil à l’honneur, en posant un regard différent et unique sur son cinéma documentaire,  son actualité sociale, économique, politique, culturelle et sportive. A l’issue de la projection de documentaires inédits, des débats et des rencontres attendent le public autour de sept thèmes incontournables : Le travail domestique, Les femmes en Résistances, La santé et l’exclusion sociale, La santé et ses modes de vie en question, la Dictature et la Résistance, le Football : la coupe est-elle pleine ?, la Musique en action.

C’est l’Association AUTRES BRESILS qui est à l’origine de ce festival visant à décrypter certains des enjeux de société majeurs inhérents non seulement au Brésil mais aussi à la France et au monde entier. Pour cela, AUTRES BRESILS a mis en place des outils d’information et d’échanges : des projections-débats en France (Brésil en Mouvements) et au Brésil (Social en Mouvements) ; des ateliers de réalisation audiovisuelle ; un centre de ressources multimédia (site Internet d’information sur le Brésil gratuit et unique en français, médiathèque de plusieurs centaines de films documentaires, expositions itinérantes).

 

LA PROGRAMMATION

MERCREDI 9 OCTOBRE

SOIREE D’OUVERTURE / TRAVAIL DOMESTIQUE
19h00 : Pot d’ouverture
20h00
Doméstica de Gabriel Mascaro
Brésil | 2012 | 76’ | VOSTF
Sept adolescents ont accepté de filmer durant une semaine leur employé(e) de maison.
Entre intimité dérangeante, rapport d’autorité et tâches quotidiennes, le film propose un
regard contemporain sur le travail domestique et se transforme en un véritable essai sur le
rapport entre affects et travail.
Débat :
Travail domestique : quels statuts, quels rôles et quels droits pour les employé(e)s de
maison ? Discussion à partir de l’exemple brésilien.
Intervenants :
Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire « Territoire et Communication » de l’Université Fédérale de Rio de
Janeiro.
Annie Pourre, Réseau No-Vox
Modérateur : Ivan du Roy, Bastamag

JEUDI 10 OCTOBRE

FEMMES EN RESISTANCES
20h00
Film 1 : Silêncio das inocentes de Ique Gazzola / Naura Schneider
Brésil | 2010 | 52’| VOSTF
La loi n°11.340/2006 ou « loi Maria da Penha » est considérée comme l’une des trois lois
les plus complètes au monde sur les violences domestiques. A travers de nombreux
témoignages de victimes et spécialistes, Silêncio das inocentes nous éclaire sur la
spécificité de cette loi et son application au Brésil.

Film 2 : Virou o jogo : a história de Pintadas de Marcelo Villanova
Lopes Lapa
Brésil | 2012 | 26’| VOSTF
L’histoire de femmes qui ont réussi à remettre en question le machisme grâce à de
nouvelles formes d’organisation à Pintadas, dans la région de Bahia. Introduisant ainsi un
nouveau regard sur les relations hommes/femmes tout en jouant au football.
Rencontre
Intervenantes :
Naura Schneider, réalisatrice de Silêncio das Inocentes
Hélène Tanné, sociologue, formatrice sur les questions de genre, d’égalité et de
violences contre les femmes (Association SOS Femmes 93)
Muriel Naessens, militante et animatrice au Planning Familial, qui participe au
développement du théâtre de l’opprimé sur les questions de violences sexistes et
d’égalité entre les hommes et les femmes (association Féminisme Enjeux).

VENDREDI 11 OCTOBRE

SANTÉ ET EXCLUSION SOCIALE
18h00
Film 1: A cidade de Liliana Sulzbach
Brésil | 2012 | 25’| VOSTF
Itapúa – une communauté de personnes aux habitudes singulières. Ce lieu regroupait
autrefois 1454 personnes. Il ne compte plus aujourd’hui que 35 habitants. Personne
n’aime se rappeler ce qu’Itapúa était dans le passé, même si beaucoup en ont gardé des
traces. En parcourant ce lieu, A Cidade révèle l’existence d’un monde organisé à partir
d’un acte d’une extrême brutalité.
Film 2 : Os melhores anos de nossas vidas de Andrea Pasquini
Brésil | 2003 | 65’| VOSTF
A travers les témoignages de plusieurs malades ayant vécu des années dans une
léproserie, la réalisatrice montre avec poésie et sensibilité les conditions auxquelles ils
étaient soumis ainsi que les moments de vie partagés et les différentes dimensions de leur
quotidien pendant ces années à l’hôpital.
SANTÉ : MODES DE VIE EN QUESTION
20h00
Muito além do peso de Estela Renner
Brésil | 2012 | 84’ | VOSTF
Du Brésil au Koweit, les taux d’obésité infantile sont anormalement élevés. Pourquoi les
enfants sont-ils en surpoids aujourd’hui ? L’industrie, les publicitaires, les instances
publiques : qui est responsable de cette question de santé publique? Le film Muito além
do peso tente de répondre à ces questions.
Débat:
Que nous disent les problématiques de santé publique ?

SAMEDI 12 OCTOBRE

REVOLUTION A DOMICILE
16h00
Film 1 : Disque Quilombola de David Reeks
Brésil | 2012 | 13’ | VOSTF
Des enfants de l’État de « Espirito Santo » dialoguent sur la vie dans une communauté
quilombola depuis un bidonville de la ville de Vitoria. À travers un simple jeu d’enfants, les
deux groupes s’expriment sur leurs racines et comprennent que chacun d’entre eux a
plus de points communs que de différences avec les autres.
Film 2 : Doméstica de Gabriel Mascaro (reprise)
Rencontre avec
Dominique Vidal, professeur de sociologie à l’université Paris Diderot, auteur du livre
« Les bonnes de Rio. Emploi domestique et société démocratique au Brésil » – Presses
universitaires du Septentrion.
DICTATURE ET RÉSISTANCES
18h00
Marighella de Isa Grinspum Ferraz
Brésil | 2011 | 90’ | VOSTF
Bahianais, auteur, poète, érudit de la Bible et du grec, amoureux de la samba, de la plage
et du football, féministe avant l’heure, séduisant, charismatique, interlocuteur de
Kubitschek et de Che Guevara…Qui était donc cet homme dont il a été interdit de
prononcer le nom pendant des décennies au Brésil ?
20h00
Film 1 : Em nome da segurança nacional de Renato Tapajós
Brésil | 1984 | 45’ | VOSTF
Ce documentaire évoque le procès du tribunal de Tiradentes, organisé par la Commission
Justice et Paix de l’Archidiocèse de São Paulo en 1983. Il alterne entre scènes de la cour
de justice et sources documentaires pour discuter de la doctrine de la «sécurité
nationale», axe idéologique majeur de la dictature initiée par le coup d’État de 1964.
Film 2 : O fim do esquecimento de Renato Tapajós
Brésil | 2012 | 52’ | VOSTF
« La fin de l’oubli » donne la parole à des protagonistes du tribunal de Tiradentes et à des
acteurs engagés dans la lutte pour les droits de l’homme pour aborder, trente ans après,
la question de la doctrine de la « sécurité nationale ». Le film étudie ce qu’il en reste et ses
impacts sur la société brésilienne aujourd’hui.
Débat : Dictature militaire, droit à la vérité et à la mémoire : quels impacts sur la société
brésilienne aujourd’hui ?
Intervenants :
Hidalgo Romero, producteur de Em nome da segurança national e O fim do
esquecimento
Glauber Sezerino, sociologue, doctorant au Centre de Sociologie Européenne /
EHESS

Marilza de Melo Foucher, journaliste, docteure en économie.
Modération : Erika Campelo, Autres Brésils

22h30 – Caïpi musicale avec Francis Poulet
Franco-brésilien perdu entre Lyon et Porto Alegre, citoyen du monde et chanteur à la
guitare éclectique, Francis entonnera un répertoire varié de musique brésilienne…Plus
d’infos : http://francisbrasilis.blogspot.fr/2009/04/francis-brasilis-lalbum_7033.html

DIMANCHE 13 OCTOBRE

FOOTBALL : LA COUPE EST PLEINE ?
16h00
Film 1 : O pai do gol de Luiz Ferraz
Brésil | 2013 | 17’| VOSTF
Le réalisateur accompagne José Silvério, animateur radio, « père du but », dans sa cabine
de transmission, montrant à travers ce portrait la relation singulière de la société
brésilienne au football.
Film 2 : Virou o jogo : a historia de Pintadas de Marcelo Villanova
Lopes Lapa
Brésil | 2012 | 26’| VOSTF
L’histoire de femmes qui ont réussi à remettre en question le machisme grâce à de
nouvelles formes d’organisation à Pintadas, dans la région de Bahia. Introduisant ainsi un
nouveau regard sur les relations hommes/femmes tout en jouant au football.
Film 3 : Vila das Torres de William Duarte, Marta Pego, Lúcia Pego et
Bruno Mancuso
Brésil | 2010 | 15’| VOSTF
Le point de vue de certains habitants de «Vila das Torres», favela du centre de Curitiba,
face au méga-événement de la Coupe du monde prévu pour 2014. Quel en sera le
bénéfice pour la communauté ? Comment la favela sera-t-elle perçue par les touristes ?
Comment peuvent s’organiser les habitants pour faire partie du jeu ?
Film 4 : Jogos de poder de Susanna Lira
Brésil | 2013 | 25’| VOSTF
Comment la ville de Rio de Janeiro se prépare-t-elle à accueillir la Coupe du Monde et les
Jeux Olympiques ? Les investissements sont énormes mais rarement négociés avec les
représentants sociaux impliqués dans la restructuration de la ville. Jogos de poder aborde
la question du droit à la ville et de la lutte entre gouvernants et résidents.
17h30
Débat :
Football et Coupe du monde 2014 : paradoxes et enjeux pour une société
brésilienne en (re)construction.
Intervenants :
− Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire « Territoire et Communication » de l’Université Fédérale de Rio de
Janeiro – très impliqué dans les mobilisations sociales.
− Patrick Vassort, maître de conférences à l’Université de Caen, directeur de
publication dans la revue Illusio.
− Un(e) représentant(e) d’Amnesty International
Modérateur : David Eloy, Altermondes

DIMANCHE 13 OCTOBRE

CLÔTURE / MUSIQUE EN ACTION
20h00
Noitada de Samba, Foco de Resistência de Cely Leal
Brésil| 2010 | 75′ | VOSTFR
1971: le Brésil est en pleine dictature militaire. A Rio de Janeiro, les compositeurs et les
musiciens de la périphérie jouent pour la première fois dans la Zona Sul, tous les lundis,
au 143 de la rue Siqueira Campos qui devient un feu de résistance de la musique
populaire brésilienne.

21h30 : CONCERT
Filosofia do Samba – Dudu d’Aquarela / « Voyages en MPB »
Composé à l’origine en 2003, par quelques musiciens de l’École de samba Aquarela,
FILOSOFIA DO SAMBA anime des rodas de samba, rencontres musicales ouvertes,
avec un répertoire varié, des trésors de la Musique Populaire Brésilienne, de Noel Rosa,
Vinicius, Caymmi, Adoniran Barbosa, Chico Buarque, Paulinho da Viola à Bezerra da Silva
et Zéca Pagodinho.
FILOSOFIA DO SAMBA vous embarque dans un grand voyage musical. Détachez vos
ceintures et bon voyage !

Pot de CLÔTURE

LES INVITES

- Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire «Territoire et Communication» de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro.
Militant impliqué dans les manifestations de juin 2013 au Brésil. (à Paris du 4 au 14
octobre)
- Naura Schneider, réalisatrice-conceptrice du projet de « Silencio das Inocentes » (du 8 au
14 octobre)
- Hidalgo Romero, producteur des films de Renato Tapajos : « Em nome da segurança
nacional » e « O fim do esquecimento » (Vit actuellement à Paris)

LE LIEU ET LES TARIFS

Cinéma La Clef
34 rue Daubenton – 75005 Paris – Métro Censier Daubenton (ligne 7)
Bus 47, arrêt « Censier Daubenton » – RER C, arrêt « Paris-Austerlitz »
www.cinemalaclef.fr – 09 53 48 30 54
6 € tarif plein / 5€ tarif réduit / 4€ adhérents
Pass 4 séances : 18€ / 15€ / 12€
Pass complet : 35€ / 30€ / 25€
Réservation conseillée : reservation@cinemalaclef.fr
Tout au long du festival, un bar accueillera les festivaliers.

Pour contacter ou soutenir Autres Brésils :

bresils@autresbresils.net -
www.autresbresils.net
21 ter rue Voltaire, 75011 Paris – Tel : 01 40 09 15 81

Par Olivier Pélisson

Age : à partir de 12 ansPhoto Oliv 111
Sortie : 10 avril 2013

Durée : 1h45
Un film français
Genre : Chronique existentielle
Réalisation : Jérôme Bonnell 

Distribution : Emmanuelle Devos, Gabriel Byrne

Cinq longs métrages en dix ans pour Jérôme Bonnell, qui continue de creuser le sillon d’un cinéma de l’intime, entre discrétion et subtilité, depuis Le Chignon d’Olga (2002). Parfois les récits sont serrés, guidés par un personnage, comme celui de Nathalie Boutefeu alias Fanny dans Les Yeux clairs (2005), parfois ils sont plus amples, comme avec les destins croisés de J’attends quelqu’un (2007). Mais toujours ils restent marqués par un glissement progressif, un basculement irrémédiable vers l’inconnu, et souvent vers l’acceptation.

Le Temps de l’aventure suit un glissement vers le désir. Alix est comédienne et joue « La Dame de la mer » d’Ibsen à Calais. Le lendemain matin d’une représentation, elle regagne Paris pour la journée. Elle vient passer une audition pour le film d’un jeune réalisateur. Dans le train, elle aperçoit sur un siège de la rangée opposée le visage d’un homme en larmes. Leurs regards se croisent. Se cherchent mutuellement le long du trajet. A l’arrivée en Gare du Nord, il l’aborde pour savoir comment rejoindre l’église Sainte-Clotilde. Il vient d’Outre-manche. Court-circuités par l’intervention d’un autre passager, leurs chemins se séparent. Pas pour longtemps.

Photo Oliv 2

Car Alix est aimantée par cette rencontre de hasard. Alix n’est plus une jeune fille mais elle garde intacte une énergie de battante. Elle court pour repasser chez elle. Orpheline de son chargeur de téléphone, elle passe ses appels dans des cabines publiques. Elle n’arrive pas à joindre son amoureux Antoine. Elle est à découvert et ne peut plus retirer d’argent. Elle n’a plus assez de monnaie pour payer son café. Elle arrive en retard à ses essais. Mais jamais elle ne se démonte. Elle avance, elle enchaîne, elle vibre, elle palpite. Elle est dans la vie. Entièrement. Et surtout,

c’est une aventurière existentielle. Happée par le souvenir tout frais de sa rencontre ferroviaire, elle part en quête de cet Anglais bouleversé. Sans savoir ce qui va arriver. Comme l’Alice de Lewis Carroll, Alix suit son instinct et saute dans le vide.

Jérôme Bonnell a écrit ce sublime rôle pour Emmanuelle Devos, qu’il voulait retrouver après lui avoir offert Agnès dans le collectif J’attends quelqu’un. Et quel rôle. Après Arnaud Desplechin et Jacques Audiard, l’actrice trouve en Bonnell un parfait orfèvre qui lui permet de se lancer à l’image comme sur une page blanche. Elle est de tout le récit, lui donne son souffle, son rythme, son pouls. Filmée de face, de dos, de profil, à même la nuque, le visage ou la peau, elle y trouve un terrain de jeu infini.

Ce qui lui permet de distiller son abattage décalé et son aisance dans l’humour. Elle est tordante lorsqu’elle lance à son interlocutrice téléphonique « J’ai rien d’humain à 6h50. Je vais ressembler à une assiette de flageolets » avant d’entrer en scène pour jouer Ibsen. Idem quand elle sur-joue le bouleversement durant l’audition d’Alix, quand elle se cramponne à un poteau dans la rue et qu’un passant lui lance « Beau couple », ou quand elle se lâche durant l’affrontement avec sa sœur.

Une sacrée énergie aussi. Car elle investit de manière extrêmement physique son personnage et chaque plan. Dans le mouvement, de coulisses en lumières, de couloirs en chambres, de rues en rames de métro. Dans la langue, du français à l’anglais. Jusqu’à l’exercice « actoral » de haute voltige dont elle ne fait qu’une bouchée en dévalant un plan-séquence de six minutes où elle décline une série d’humeurs durant les essais d’Alix. Nourrie de quarante-cinq films, Devos trouve ici un nouveau sommet après la Carla de Sur mes lèvres et la Nora de Rois et reine. Entre aplomb et grâce. Et la maturité lui va bien.

Face à elle, Gabriel Byrne brille de virtuosité toute en intériorité. Habitué du cinéma de genre (La Forteresse noire dePhoto Oliv 3 Michael Mann, Miller’s Crossing des Coen, Usual Suspects de Bryan Singer, La Fin des temps de Peter Hyams) et du flegme (en psy de la série In Treatment/En analyse), il impose son jeu contenu anglo-saxon avec sa composition d’un être qui se protège des émotions fortes déjà traversées, mais qui se redécouvre prêt à l’aventure.

Bonnell s’avère être définitivement l’un des cinéastes les plus fins en matière de description de l’âme humaine. Son écriture simple et profonde se double d’une mise en scène précise et sensorielle. Il excelle avec cette rencontre entre la saltimbanque et le professeur, l’énergique et le maîtrisé, l’ici et l’ailleurs, et deux chaleurs opposées mais complémentaires. Pour le meilleur.

image film MoroccoPar Olivier Pélisson

Age : à partir de 13 ans

Sortie : 13 février 2013

Durée : 1h42
Un film franco-marocain
Genre : Drame
Réalisation : Nadir Moknèche
Interprétation : Lubna Azabal, Rasha Bukvic, Faouzi Bensaïdi, Grégory Gadebois, Anne Coesens, Abbes Zahmani, Ralph Amoussou, Malika El Omari…

Une femme. Au petit matin. En culotte et gilet. Elle fume, téléphone, manipule de l’argent et arpente un appartement. Dès les premiers plans de son quatrième long métrage, Nadir Moknèche creuse son sillon. Au plus près de la femme du Maghreb, émancipée, indépendante, libre, transgressive.

Dounia est jeune et divorcée et s’inscrit dans la lignée de ses « prédécesseuses » Madame Osmane (Le Harem de Mme Osmane), Goucem (Viva Laldjérie) et Zineb alias Madame Aldjéria (Délice Paloma). Libre sexuellement et matériellement. Elle a osé échapper à son mariage et a emménagé avec son amant, avec qui elle mène son chantier immobilier de main de fer. Elle n’attend qu’une chose : passer en douce en Espagne avec son homme et son jeune fils qu’elle compte enlever au père. Pour vivre loin de toute contrainte. Aussi, quand des catacombes chrétiennes sont découvertes sur le chantier, c’est le pactole et l’avenir assurés. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu.

image Morocco 2

Dounia attire tous les aimants du récit : l’ex-mari qui pourrait passer l’éponge, l’amant qui la sent agir dans l’ombre, l’amoureux transi qui en pince depuis l’enfance, et le fils qui espère revivre avec elle. Beaucoup d’attente pour un seul objet du désir. Mais Nadir Moknèche ne se contente pas de son intrigue psychologique. Il place l’ambition de son film encore plus haut en y mélangeant les genres. Le film noir, avec la mystérieuse disparition d’un ouvrier, des enjeux dangereux, des intérêts financiers contradictoires, et des tensions qui montent de tous côtés. Le témoignage social, avec la lutte des classes entre riches (Dounia et sa mère) et viagra generico pauvres (Ali le chauffeur et sa mère, les ouvriers, les gardiens), ou encore entre citoyens à l’abri et sans-papiers (ouvrier

s venus du Sénégal ou du Soudan). Le mélodrame, avec l’amour maternel qui reste le cœur des motivations de Dounia, et le désir qui fait tenir les êtres mais menace leur équilibre fragile.

Et la sauce prend, en scope, avec une héroïne telle une femme fatale prise dans la tourmente, qui veut rester maîtresse de la toile qu’elle tisse mais qui peut s’y faire prendre. Un pari gonflé tant le cinéma

arabe joue rarement du film noir et de ses codes. Dounia porte souvent ses verres fumés qui comme ses foulards dissimulent aussi ce qu’elle veut cacher. Elle fume sans arrêt et agite ses doigts aux ongles vernis (rouge sang) pour mener sa barque et acheter tout ce qu’elle peut grâce à l’argent.

Une fois la machine emballée, rien ne semble pouvoir arrêter le mécanisme infernal du récit, ou chaque problématique en dévoile une autre. Pour servir de cadre à cette tragédie méditerranéenne, Moknèche réussit aussi à ne pas montrer du Maroc les lieux communs exotiques, de souks en médinas, de danse du ventre en plaisirs enivrants. Ici priment les terrains vagues, les ruelles populaires, les couloirs, les cages d’escaliers, et les corps qui racontent tant.

Des corps qui forment un ballet humain où Moknèche fait preuve d’un sens aigu du casting, doublé d’un bel accompagnement de ses interprètes, tous excellents. En tête, Lubna Azabal continue son chemin singulier et intense. Sèche et charnelle à la fois, elle insuffle une énergie vitale et jamais complaisante à Dounia, sans en faire un être sympathique à tout prix ni larmoyant. Rasha Bukvic incarne une masculinité magnétique et pourtant fragile, lui aussi à la merci des frontières et de la jalousie des hommes. Faouzi Bensaïdi porte la frustration d’un enfant toujours tenu à l’écart et dont la revanche ne peut qu’éclater quand les situations deviennent explosives et que la manipulation exulte. Et Grégory Gadebois transcende avec son humanité bonhomme son personnage de projectionniste amoureux.

image Morocco 5A l’image de son personnage central, Moknèche n’a pas peur de jouer avec les interdits et les tabous. Montrer des corps nus, des couples illicites, le désir entre deux hommes, l’insoumission féminine, l’exploitation humaine ou les trafics sans scrupules. Un ton libre et volontaire qui lui a déjà valu des démêlés avec son pays (Algérie), qui lui a refusé un visa pour Délice Paloma, et qui l’a mené ici au Maroc voisin. Le titre même du film et sa résonance désenchantée répondent en miroir à son précédent opus avec Lubna Azabal : Viva Laldjérie ! / Goodbye Morocco. Le parfum de carte postale s’estompe vite devant ce pari nourri de portée politique et fortement abouti. Même si l’issue finale ne chante pas l’épanouissement.

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Par Catherine Ruelle

Une rétrospective du cinéma sénégalais, c’est d’abord une immense brassée d’images, de sons, de couleurs, d’histoires ! Un peu plus de soixante années d’une cinématographie à (re)découvrir ; une des premières du continent africain dans les années 60. Aujourd’hui beaucoup de cinéastes et d’acteurs ont disparu, mais les images sont là et continuent à raconter leur histoire.
« Elle est belle la France Diouana ! – Oui Monsieur ! ». Douce et tendre Diouana, – M’Bissine Diop- bercée dans l’illusion de l’ailleurs, d’un paradis qui allait se révéler piège mortel ! On était en 1966. Sembène Ousmane, écrivain reconnu, après avoir réalisé en 1963, le magnifique Borrom Sarret, signait son premier long métrage : la Noire de … un film qui a gardé la grâce et la force politique de ses origines ! En ce temps là, l’immigration n’était pas encore de « masse », le bateau était

un paquebot (et pas une pirogue), mais la mort était déjà au bout du chemin !
Dès le début, le ton était donné ; à travers fictions et documentaires, le cinéma sénégalais allait raconter, avec ses propres images et ses propres mots, les réalités du pays, les interrelations avec le monde et avec la France, ex pays colonisateur avec lequel il fallait régler des comptes ; en ce temps là, le Sénégal était indépendant depuis peu et la barque (Sunugal1), fragile encore, était gouvernée par un poète président !2 Sembène Ousmane allait enchainer très vite avec Le Mandat premier film tourné en woloff, vrai manifeste cinématographique et satire de la nouvelle bourgeoisie, autour de l’histoire d’un mandat envoyé de France et impossible à encaisser. Et tandis que Paulin Soumanou Vieyra, dahoméen3 d’origine, développait les « Actualités sénégalaises » et que des adolescents s’usaient les yeux à tenter de voir des westerns par les trous des palissades des cinémas en plein air, les premiers cinéastes revenaient des lointaines écoles européennes : Ababacar Samb Makharam, venu de Cinecita , metteur en scène inspiré, s’ engageait dans la défense des images du continent au sein de la Fepaci (fédération panafricaine des cinéastes) tout juste créée. Et la neige n’était plus, Kodou et Jom témoignent aujourd’hui de l’immense talent de ce cinéaste aux grands éclats de rire, trop tôt disparu, tout comme « l’homme aux semelles de vent » le magnifique comédien, poète et cinéaste Djibril Diop Mambety, auteur du cultissime Touki-Bouki, (1973) une autre histoire d’amour, de rêve et d’exil vers un « ailleurs meilleur » ; à la fin du film le jeune Mory reste à quai, tandis qu’Anta, -Myriam Niang- quitte le Sénégal sur un autre paquebot blanc ; le même peut- être qui ramènerait au pays près de vingt ans plus tard Linguère Ramatou, vieille dame richissime venue régler ses comptes dans la petite cité de Colobane, dans le film Hyènes (1992).

Attardons-nous un instant sur ces années 70, l’âge d’or du cinéma sénégalais. Les salles de cinéma étaient pleines à craquer, le public adhérait à l’oeuvre de ses cinéastes, dont le talent était reconnu à l’extérieur dans les plus grands festivals internationaux de Cannes à Venise et de Carthage à Ouagadougou. Mahama Traoré, ami et contemporain de Djibril Diop, dénonçait dans N’Jangaan (1974), film brillant monté par Marcel Hanoun, l’emprise croissante du fondamentalisme religieux dans la société. D’autres comme Momar Thiam et Tidiane Aw s’essayaient au cinéma populaire, peignant les affres d’une jeunesse en proie au chômage et aux désordres de la drogue et de la violence, tandis que Ben Diogaye Bey racontait l’histoire des Princes Noirs de Saint Germain des Près.

= »attachment wp-att-1568″ href= »http://www.lecinemadanslesyeux.com/cinema-senegalais-de-la-noire-de%e2%80%a6-a-la-pirogue-soixante-annees-dhistoire/safi-faye/ »>Safi Faye, la grande dame du cinéma sénégalais faisait ses premiers pas de documentariste avec Lettre paysanne (1974) émouvant hommage à son grand père, et constat implacable du néo-colonialisme à travers l’histoire d’une mono-culture imposée par la colonisation, l’arachide. Felix Samba N’Diaye n’était pas loin, avec ses petites histoires des gens de tous les jours, pêcheurs, artisans, matrones, enfants, des « histoires de petites gens » que Djibril Diop Mambety allait magnifier dans La petite vendeuse de soleil son tout dernier film en 1998.
Au début des années 80, sont arrivées de nouvelles générations, avec des films à la première personne, comme Toubab Bi de Moussa Touré, élevé au biberon du cinéma sur les plateaux de François Truffaut, Bertrand Tavernier ou Bernard Giraudeau. Dans ses aventures parisiennes, son double de cinéma était l’acteur Makéna Diop qui allait ensuite interpréter Rambo dans TGV, avant que le cinéaste ne se tourne lui aussi vers le documentaire. Il faudrait parler d’Ousmane William M’Baye, de Moussa Bathily, de Moussa Sène Absa, de Mansour Wade, de Jo Gaye Ramaka qui ont tous réalisé des films très personnels ; parler encore des acteurs et actrices, innombrables et talentueux parmi lesquels Nar Sène, Awa Sène Sarr, Omar Seck, Rokhaya Niang, Fatou N’Daw…

Mais il nous faut arriver aux années contemporaines et à la génération actuelle, celle dont les parents ont vécu l’exil et l’émigration ; celle d’Alain Gomis, réalisateur de l’Afrance, dont le nouveau film Aujourd’hui (2012) raconte le dernier jour de Satché. Satché sait qu’il n’a plus qu’une journée à vivre ; établi aux USA, il retourne chez lui, au Sénégal, pour célébrer sa mort à venir en compagnie des siens. Satché, c’est Saul Williams, musicien et poète hip hop, révélé en 1998 avec Slam. Le film aura été le dernier de Thierno Ndiaye Doss, grand comédien, qui vient de disparaitre après avoir traversé toute l’histoire du cinéma sénégalais.

De la même génération que Alain Gomis, Dyana Gaye. Elle a signé de France quelques magnifiques courts métrages, dont Une femme pour Souleymane, avec Makéna Diop puis à Dakar Deweneti et Un transport en commun (2009) une comédie musicale étonnante avec Umban

U’kset, autre grand comédien et musicien.
A Dakar de nombreuses jeunes femmes poursuivent aujourd’hui dans le documentaire et la fiction, le travail de leur aînée Safi Faye. Elles ont nom Angèle Diabang Brenner, Khadi Sylla, Alice Diop et bien d’autres.
Et l’histoire ne s’arrête pas là ! Même si les salles de cinéma ont fermé, même si les institutions cinématographiques nationales se sont délitées, les ciné-clubs renaissent ; même si les moyens financiers sont plus difficiles à trouver, les cinéastes tournent ; de nouveaux cinéastes prennent la caméra, numérique cette fois !
Le plus beau message d’espoir c’est Sembène Ousmane qui nous l’a envoyé en tournant à quatre vingt ans largement dépassés son dernier film Mooladé, l’histoire d’une femme qui se rebelle et qui dit non ! Le double en couleurs et actif cette fois de la petite Diouana des années 60. Le temps a passé, le cours de l’Histoire a changé, le cinéma sénégalais a atteint l’âge de la maturité et pourtant la « pirogue » est toujours en mouvement.

1 En woloff
2 Léopold Sedar Senghor
3 Béninois aujourd’hui

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Par Olivier Pelisson

Affiche du film

Comédie dramatique française

Age : à partir de 12 ans

Sortie :

12 septembre 2012

Durée : 1h55

Réalisation : Noémie Lvovsky

Scénario : Noémie Lvovsky, Florence Seyvos

Interprétation : Noémie Lvovsky, Samir Guesmi, Judith Chemla, India Hair, Julia Faure, Yolande Moreau, Michel Vuillermoz, Denis Podalydès, Vincent Lacoste, Jean-Pierre Léaud, Mathieu Amalric…

Depuis son premier long métrage Oublie-moi, sorti en 1995, Noémie Lvovsky revient à la réalisation tous les quatre ou cinq ans. Pour son cinquième

opus, elle pousse encore plus loin la fantaisie loufoque qui caractérise son univers.

Camille redouble s’affranchit en effet des codes réalistes à travers l’histoire d’une quarantenaire qui, après une copieuse cuite de réveillon suite à son divorce, se réveille à l’aube de ses seize ans. Là, commencent l’émerveillement et le suspense. Emerveillement du personnage qui retrouve avec émotion ses parents depuis disparus, le milieu des années 1980 et ses toujours meilleures copines. Suspense de savoir si elle va revivre la même rencontre amoureuse avec celui qui va la faire tant souffrir vingt-cinq ans plus tard.

Oui, Francis Ford Coppola mettait déjà en scène une héroïne déçue par son couple et qui

se retrouvait après un malaise projetée vingt-cinq ans auparavant dans Peggy Sue s’est mariée. Mais la cinéaste française joue dans une autre cour. Celle de la folie douce et du burlesque. Celle de la tragi-comédie à l’italienne où le rire se mêle à l’émotion.

La bonne idée de Noémie Lvovsky est d’incarner elle-même Camille, cette femme les deux pieds dans la vie. Avec sa présence « ogresque » et fragile à la fois, elle insuffle son énergie singulière qu’elle distille depuis plusieurs années dans le cinéma français, chez ses consœurs et confrères avides d’elle. Décidée ou le visage tremblant, elle se glisse à merveille dans la peau de sa créature et réussit à rendre plausible le postulat de départ : faire adhérer le spectateur à ce film où l’actrice de quarante-cinq ans incarne elle-même sa version adolescente. Tout comme son prince charmant porté haut par Samir Guesmi.

Avec ses rajouts capillaires, ses jupettes, ses collants, ses Doc Martens et son walkman, elle amuse et crée un personnage comique par son décalage à la manière d’un Buster Keaton. Camille est un passeport d’identification idéal pour croire à l’incroyable : le retour dans le passé. Et plutôt que de jouer la carte du passéisme paresseux, la cinéaste dynamite les poncifs dans une quête bouleversante du lien parental. Et surtout maternel. Camille enregistre sur son magnétophone son père et sa mère chantant « Une petite cantate » de Barbara. Camille suit sa mère à la trace dans la maison, sachant la mort de celle-ci prochaine. Camille déborde d’amour désinhibé.

La poésie lunaire de la réalisatrice s’épanouit aussi dans ce voyage au cœur de l’âge

adolescent, berceau des sentiments et du désir. L’amour renaît malgré Camille, de salle de permanence en baiser nocturne à la lumière de réverbères. Elle saisit le charme et l’excentricité d’un quatuor de copines avec un casting bien vu (Judith Chemla, India Hair, Julia Faure) et évoquant bien sûr les quatre autres de La vie ne me fait pas peur. Avec soin et flair, elle offre à de sacrées personnalités des apparitions touchantes (Yolande Moreau) comme décapantes (Jean-Pierre Léaud, Mathieu Amalric).

Une impertinence libertaire nourrit cette aventure. De libertaire à libératrice, il n’y a qu’un pas que le film franchit dans un monde débridé et foutraque. Noémie Lvovsky aime le mélange des genres et l’alliance d’une colonne vertébrale narrative à des idées débridées qui jaillissent. En ressort un long métrage gonflé, dynamisant, et émouvant. Une ode à sa bonne étoile et au cinéma, espace de tous les possibles. Camille redouble de bonheur.

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Par Guillaume Dimanche

Cosmopolis de David Cronenberg

On retiendra de ce 65e Festival de Cannes des œuvres qui sont autant de variations sur le thème de la traversée des ténèbres.
Le point commun de quelques uns des films présentés cette année à Cannes (2012), toutes sélections confondues, est leur zone sombre… tels un couloir, un squat, une Limousine aux vitres teintées, un deuil, la pauvreté… qui bien souvent emprisonnent leurs occupants, arrivés par hasard ou non,
dans ces zones d’ombres. La société mal orientée agonise sous leurs yeux.
Nous, spectateurs, ne sommes plus simplement témoins d’un monde en cours de destruction, d’un accident ou d’une fin brutale, comme ce fut le cas lors des éditions précédentes (Melancholia ou Antichrist de Lars Von Trier, Inglorious Basterds de Quentin Tarentino, Le Ruban blanc de Haneke,
Import Export de Ulrich Seidl…). Nous avons désormais sombré sous les ruines

d’un monde perdu. La civilisation occidentale vieillissante est arrivée à sa fin. Les ténèbres sont là. En témoignent cette année les limousines de David Cronenberg dans Cosmopolis et de Carax dans Holly Motors, le cloître obscur de Cristian Mungiu dans Au-delà des collines, ou encore les fr

igos de la mort de Brandon Cronenberg dans Antiviral.

Palmarès de réjouissances éloquent quant au degré d’espérance de nos cinéastes ! Avant, les dégâts semblaient réversibles, comme dans Import Export de Ulrich Seidl en 2007. En 2012, ils entraînent la mort et nous obligent à accepter nos vestiges, sans espoir de retour, loin de toute logique de restitution de nos biens, l’argent s’étant envolé !
Despues de lucia de Michel Franco entraîne plusieurs milliards d’êtres humains, et plus encore, d’êtres vivants dans leur chute.
Extinction des feux !

Despues de Lucia de Michel Franco

Mais, comme à son habitude, le festival nous a tout de même réservé cette année un espace de distraction, avec la comédie historique Moonrise Kingdom de Wes Anderson et la cerise sur le gâteau qu’est le cadeau promotionnel Madagascar. Quelques joyeux entractes ont aussi rythmé les scénarios obscurs de cette sélection, comme la scène magnifique de Holy Motors où Denis Lavant accompagne à l’accordéon une fanfare de tziganes dans une cathédrale.

Alors, avant que la fin du monde n’advienne, aimons et jouissons comme le suggère Taisia Igumentseva, jeune

cinéaste russe de 22 ans, dans son court-métrage Doroga-na (Prix de la Cinéfondation). En dehors, à l’envers,
des conventions et politesses, un jeune homme lutte contre l’idiotie du système, parvient à recevoir et à partager l’amour qu’il reçoit et à exprimer le sien, au mépris de tous les dangers.

Avant les ténèbres, subsiste le cinéma !

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Par Bahia Allouache

Drame égyptien

Age :

à partir de 12 ans

Sortie : 30 mai 2012

Durée : 1h40

Réalisation : Mohamed Diab

Interprétation : Nahed El Sebai, Boushra, Nelly Karim, Omar El Saeed, Basem El Samra, Ahmed El Feshawy, Maged El Kedwany.

Le Caire, 2010. Faiza, Seba et Nelly, que tout sépare, se dressent contre la pratique ordinaire et taboue du harcèlement sexuel, subi par les femmes, dans la rue et les transports en commun. Face à elles, les hommes de leur entourage ne se montrent pas nécessairement solidaires…

Film témoin d’une société urbaine en ébullition, LES FEMMES DU BUS 678 sont sans doute celles qui occupèrent, un an plus tard, la place Tahrir pour faire la Révolution.

Le réalisateur

Rencontre avec Mohamed Diab, 34 ans, qui signe là son cinquième film en tant que scénariste et son tout premier en tant que réalisateur.

Propos recueillis par Bahia Allouache

Un petit retour sur votre parcours peut-être…

Le système éducatif égyptien, antérieur à la Révolution, ne stimulait pas nos penchants artistiques. Je n’ai réalisé que je pouvais dessiner que lorsque je suis entré au lycée !

J’ai étudié dans une école de commerce, typiquement le genre d’école destinée aux personnes qui ne savent pas ce qu’elles veulent faire dans la vie. J’ai décroché mon diplôme. Puis, j’ai enchaîné deux ou trois jobs avant de finir dans une banque.

Un peu comme tout le monde, j’avais une idée de film qui me trottait dans la tête. Mes amis me disaient « ne quitte pas ton job tant que tu n’as pas au moins une autre idée de film ! ». C’est ce que j’ai fait. J’avais 26 ans à l’époque.

J’ai toujours été un grand amoureux de cinéma. La seule façon que mon père avait trouvé de me punir c’était de me priver de films. J’ai toujours été attiré par le cinéma sans vraiment savoir ce que je pouvais y faire.

Avec mes idées de film en tête, j’ai quitté mon travail à la banque et trois mois plus tard, j’ai vendu l’une d’entre elles à une boîte de production. Mais je sentais que j’avais besoin d’apprendre pour faire les choses correctement. Je suis donc allé aux Etats-Unis pour étudier le cinéma dans une école.

Je suis scénariste, mais à chaque fois que je voyais les films dont j’étais l’auteur, je trouvais que je pourrais y apporter un plus en les réalisant moi-même. C’est comme ça, progressivement, que je me suis tourné également vers la réalisation.

Et aujourd’hui, vous vous considérez d’abord comme un réalisateur ou un scénariste ?

Aujourd’hui, pour moi, les deux sont indissociables. Ecrire un scenario ce n’est pas écrire un roman. Dans le cas du roman, il n’y a pas d’intermédiaire entre l’auteur et le public. Dans le cas du scenario, les intermédiaires sont nombreux. Il y a le réalisateur, les producteurs, et parfois même les acteurs. Ils modifient ta vision initiale. Elle peut s’avérer meilleure, mais ce n’est plus la tienne ! Alors maintenant, cela m’est devenu pratiquement impossible d’écrire une histoire sans la mettre en scène moi-même. Sans ça, je sais qu’elle ne me ressemblera plus.

Pourquoi avez-vous choisi la fiction et non le documentaire pour aborder le thème du harcèlement sexuel ?

Je suis un écrivain. Je suis fasciné par l’imaginaire, la fiction et les histoires. Pour moi, la question de choisir entre fiction et documentaire ne s'est pas posée.

Que pouvez-vous nous dire sur les trois personnages féminins principaux de votre film : Faiza, Saba et Nelly ?

Ce sont trois femmes qui incarnent les différentes classes sociales et les différentes mentalités de la société égyptienne. On y trouve la fortunée, la plus modeste et celle issue de la middle class. La religieuse, la modérée et la libérale. C’est là tout le message du film : le harcèlement sexuel peut toucher n’importe quelle femme et c’est important de le dire et de le répéter. Cela n’a rien à voir avec les vêtements qu’elle porte ou autre.

Elles vivent toutes les trois au Caire. Quel est leur rapport à cette ville tentaculaire ?

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Le Caire est un tourbillon. J’aime Le Caire, mais c’est une ville de fous ! C’est déjà dur d’y vivre pour les hommes, ça l’est encore plus pour les femmes. Si je rase ma barbe et que je me déguise en femme, en marchant dans la rue, il est certain que je serai harcelé. C’est pour cela que j’en parle, mais j’ai envie de dire que c’est presque trop tard. Quand certaines femmes ont commencé à en parler en public, j’ai découvert que le harcèlement existait depuis de nombreuses années. Mais le silence était plus fort que tout.

Pourquoi ce phénomène de harcèlement sexuel existe-t-il au Caire ?

J’ai étudié un peu la question et j’ai pu constater que le harcèlement sexuel existe partout à travers le monde. Il y a selon moi trois raisons à cela. La première parce que de nos jours, plus que jamais, la femme est chosifiée et son image est érotisée à tout bout de champ pour vendre toutes sortes de produits. Au final, cette idée de la femme objet sexuel marque les esprits de beaucoup d’hommes. Les harceleurs que j’ai interviewés pensaient tous que leurs victimes avaient « aimé » se faire agresser. Et parmi eux, certains – pour lesquels la femme est responsable et coupable de provoquer le désir – considèrent le harcèlement sexuel comme une punition méritée.

La deuxième raison est qu'en Egypte, il faut ajouter le poids de la culpabilité qui pèse sur la victime. Elle est stigmatisée et ne peut pas parler. De son côté, l’agresseur, protégé par le silence de sa victime, peut continuer à harceler d’autres femmes.

La définition erronée de la virilité est le troisième élément d’explication. L’homme oriental est éduqué dans l’idée que tout ce qui arrive à une femme de son entourage proche le concerne et l’affecte. Si, par exemple, mon épouse est harcelée, c’est moi qui suis souillé. Ce raisonnement est absurde. Et beaucoup mélangent ça avec les préceptes de l’islam. Ce qui est tout aussi absurde. N’importe quel cheikh ouvert d’esprit vous dira qu’il faut dénoncer tout acte de harcèlement sexuel à la police. Le harcèlement sexuel est intolérable, c’est tout.

Enfin, il faut noter que l’Egypte est surpeuplée. Que vous alliez au Mexique, en Inde ou en Egypte, vous retrouverez le même phénomène provoqué par les mêmes causes : pauvreté, difficulté à se marier, centres urbains surpeuplés et stigmatisation de la victime. Il y a deux ans, la ville de Mexico a mis en place des bus réservés aux femmes pour tenter d’enrayer le taux élevé de harcèlement. Ce n’est pas intrinsèque à la culture d’un pays. Quel que soit le pays, les mêmes conditions produisent les mêmes effets.

En parallèle des trois jeunes femmes, il y a quatre personnages masculins : Chérif l’ami de Seba, le mari de Faiza, le fiancé de Nelly et l’inspecteur Essam. Chacun d’entre eux pose un regard très différent sur le harcèlement sexuel…  Cela ne fait que deux ou trois ans que l’on parle ouvertement de harcèlement sexuel, en Egypte. On continue d’apprendre à en parler. Certains pensent, avec la plus grande sincérité, que le harcèlement n’existe pas en Egypte. En même temps je ne peux pas leur en vouloir, étant donné que les femmes ne parlent pas. Il y en a d’autres qui se montrent compréhensifs à l’égard des victimes, d’autres encore qui les soutiennent fermement comme le fiancé de Nelly. Mais au-delà, c’est la prise de conscience de toute la société qui importe. On doit changer la société, changer l’homme et changer la femme Egyptienne.

Vous avez réalisé votre film en 2010, donc avant la Révolution. Pensez-vous que la Révolution a aussi eu lieu en réaction à cet état de fait ?

Oui, je le pense profondément. Le film est sorti à peine un mois avant la Révolution. Et pour moi, la Révolution en a été le « happy end ».

Dans mon film, à posteriori, on peut retrouver toutes les idées fortes de la Révolution : se lever pour défendre ses droits, se battre pour ce qu’on pense être juste. Le film a un fond politique. Il interroge « qu’est-ce que le patriotisme ? » «  comment aimer mon pays s’il me traite comme ça ? ». Je pense à la séquence où Seba se fait agressée à la sortie d’un match de foot durant lequel elle soutenait l’équipe égyptienne. Après son agression, elle efface le drapeau égyptien qu’elle avait peint sur sa joue. Et lorsque, plus

tard, elle retourne au stade, elle soutient l’équipe adverse. «  Comment aimer mon pays s’il me traite comme ça ? »… C’était ce sentiment qui prédominait en Egypte avant la Révolution. A cette époque, on disait que l'avenir des Egyptiens était au Canada car tout le monde voulait quitter le pays.

Mais avec la Révolution, nous nous sommes réapproprié notre pays. C’est pour cela que concernant le phénomène de harcèlement, je suis optimiste. La situation actuelle en Egypte n’est pas brillante, mais nous avons tous appris de la Révolution qu’il fallait se lever pour défendre ses droits. C’est une leçon fondamentale.

Le bus 678 existe-t-il vraiment ?

Non, j’ai choisi le chiffre 678 – qui se dit 6-7-8 en anglais – pour symboliser l’idée du décompte croissant, et pour pousser les gens à réagir afin de stopper ça.

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