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Par Olivier Pélisson Lili Rose1

 

Sortie : 22 octobre 2014 

Durée : 1h30

Un film français

Genre : Road movie

Réalisation :

Bruno Ballouard

Distribution :

Salomé Stévenin, Mehdi Dehbi, Bruno Clairefond, Thomas Chabrol, Catherine Jacob 

 

Une fille. Deux garçons. Un trio imprévu qui prend la route sur un coup de tête. On a déjà vu ça sur grand écran. Et pourtant… LILI ROSE réussit à créer de l’inédit et à installer un ton, une musique, dans un premier long métrage tout en douceur.

Samir bosse comme ouvrier. Xavier vit de coups au poker. Un soir, ils rencontrent Liza, la future femme d’un pote du second qui les a invités à sa fête. Promise à une vie rangée, mais déçue par son mec en pleine soirée, elle part errer dans les rues et les deux amis la récupèrent. Commence une virée improvisée qui se prolonge en une parenthèse enchantée. Le temps de prendre le large, au bord de la mer, justement. Ailleurs que dans l’espace balisé par leur quotidien. Histoire de fuir les questions. Ou de les questionner en creux. Qu’a-t-on fait de sa vie ? S’est-on engagé sur la bonne voie ? Avec la bonne personne ? Est-on à la bonne place ? A trente, quarante ou cinquante ans, les personnages jouent leur destin à leur manière.

LILI ROSE - 7Les paysages de la côte bretonne ajoutent à cette ouverture mentale et physique. Le vent dans les herbes. La force des vagues et des marées. L’harmonie minérale des rochers. La quête et le questionnement de la liberté s’ouvrent aux éléments, loin du tumulte de la ville, de la technologie, de la performance et de la rentabilité modernes. Samir, Xavier, Liza, et le lunaire Pierrot (Thomas Chabrol) qu’ils croisent sur leur chemin, suivent le fil de leur propre pelote existentielle. Ils acceptent de le suivre en lâchant du leste. L’humour de dragueur bourlingueur de Xavier répond à la candeur bonhomme de Samir, face à l’instinct libertaire auquel Liza ouvre soudain les bras.

Lili Rose3

Bruno Ballouard a choisi de filmer des êtres qui ont déjà décidé de fuir un système de vie quadrillé, ou qui prennent la tangente pendant un week-end. Son récit fait aussi le choix d’une ligne qui privilégie la fuite et fait confiance aux pulsions, aux instincts, aux coups de cœur, aux accélérations, aux respirations. Il enchaîne des scènes construites comme des tableaux, des saynètes à humeur variable, en réaction à ce qui s’est joué juste avant. L’occasion pour l’auteur-réalisateur de distiller un ton très personnel, qui joue de la mélancolie comme du burlesque. Une note douce-amère jamais cynique et toujours bienveillante. Les personnages se regardent avec curiosité mais ne se toisent pas, hormis une frangine muselée par son frère lors d’un dîner qui dérape.
LILI ROSE - 5La finesse d’observation se mêle à un sens du cadre précis. La cocasserie des situations et des postures de Xavier et Pierrot gagne parfois l’espace pour un comique discret et décalé. Une tonalité juste que Bruno Ballouard infuse avec flair. Inspiré, il a réuni la trop rare Salomé Stévenin, sexy dans son élégance naturelle, opaque dans sa densité intérieure, Mehdi Dhebi, juvénile dans sa fluidité féline, mélancolique dans sa retenue solide, et Bruno Clairefond – une révélation-, déglingué dans son irréductibilité solitaire, touchant dans sa frondeur humaniste. Trois visages et trois corps offerts avec générosité au regard du spectateur.

 

Par Olivier Pélisson

Sortie : 8 octobre 2014 Affiche Mommy 3

Durée : 2h14
Un film canadien
Genre : Comédie dramatique
Réalisation : Xavier Dolan
Distribution : Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément, Patrick Huard, Alexandre Goyette, Michèle Lituac, Viviane Pacal, Nathalie Hamel-Roy

La mère. Vaste figure que Xavier Dolan scrute, visite, fouille, depuis son premier long métrage J’AI TUE MA MÈRE. Un face-à-face implacable qui tenait de la partie de ping-pong existentiel vu par les yeux du fils. Avec MOMMY, il déplace le curseur et rejoint le regard de la génitrice. Une femme, seule, veuve, qui récupère un beau jour la garde de son fiston adolescent et copieusement agité. Trimballé d’un centre à un autre depuis la mort du père, cet hyperactif hyperémotif déborde d’amour pour sa p’tite maman. Et en déborde tellement que les situations et échanges virent à l’extrême en un quart de seconde.

Mommy 1Comment se renouveler avec ses obsessions ? Comment surprendre avec un sujet vieux comme le monde ? Comment saisir son auditoire ? C’est tout l’art de Xavier Dolan, auteur et réalisateur de ce cinquième film où il ne joue cette fois pas (comme dans LAURENCE ANYWAYS). Il a composé un ballet humain à trois personnages sans cesse au bord de la rupture. C’est là où il excelle, dans ce jeu avec les limites. Limites du relationnel entre les êtres, limites de l’acceptation entre les personnages, limite du supportable entre une mère et un fils, limites du vivable pour une femme en plein « burn out ». Et limites du cadre même de l’image sur l’écran.

Mommy 2Le cinéaste et son chef opérateur André Turpin offrent en effet au film et au spectateur le format carré, rare et dense du 1.25. Un choix qui concentre le regard encore plus fortement sur le visage de ces deux femmes et de ce garçon, solitudes aimantées les unes aux autres. Un parti-pris avec lequel ils jouent aussi lors de respirations éclatantes, qui ouvrent MOMMY à un nouvel horizon. Judicieux et pertinent comme rarement, car la forme épouse parfaitement le propos, au plus proche de l’enfermement qui guette chacun des protagonistes, au plus près des sensations du spectateur.

Créatif, foisonnant, précis, Dolan compose un univers visuel où le style claque. La palette des lumières balaie rapidement la froideur clinique initiale par un festival de couleurs chaudes, des éclats du soleil aux décors intérieurs. Outre le format marquant, le look adopté pour Diane, la mère, joue à fond la carte du voyant d’une « bimbo » mère de famille, et sert subtilement la coexistence de la fragilité et du feu dans ses veines. La voisine Kyla est plus rangée en apparence, mais sa flamboyance naît à fois de son visage tendu, de son bégaiement et de son rapport au monde. Quant à Steve, il agite sa blondeur et sa frondeur juvéniles face à elles, tout comme il jette son corps sur tous les murs de sa vie, jusqu’à faire bouger « ses » deux femmes sur du Céline Dion. Audace sonore qui décolle étonnamment, du cadre privé et fermé d’une cuisine jusqu’à la salle de cinéma qui lui fait face au moment de la projection. Mommy 3

Sculpteur méticuleux dans la construction de ses personnages, Xavier D s’est à nouveau entouré de trois interprètes qu’il a déjà conviés, avec générosité, de l’héroïne maternelle de J’AI TUÉ MA MÈRE (Anne Dorval) à la compagne de LAURENCE ANYWAYS (Suzanne Clément). Ces deux dernières et la révélation Antoine-Olivier Pilon (aperçu en ado dans LAURENCE…) trouvent en Diane, Kyla et Steve l’occasion « d’incarner » avec une force et une intensité stupéfiantes. Au-delà de l’exercice ostentatoire de la performance, ils élèvent des personnages créés sur papier, et dans la tête de leur auteur réalisateur, au statut de figures entêtantes. Le résultat est captivant et bouleversant, à la fois mûr et décapant. Du grand art.

Par France Hatron Sils 1

Sortie : 20 août 2014

Durée : 2h03 min

Un film français

Genre : Drame

Réalisateur : Olivier Assayas

Distribution : Juliette Binoche, Kristen Stewart, Chloë Grace Moretz…

 

Maria Enders, une comédienne mondialement connue et reconnue, se voit proposer de rejouer dans la  même pièce de théâtre qui l’a rendue célèbre à 18 ans. Mais elle n’interprètera plus le rôle de la jeune Sigrid, belle et ambitieuse. Place à celui d’Helena, une femme plus mûre, meurtrie par la vie. Son personnage va devoir donner la réplique à une star montante du cinéma grand public, adulée par les adolescents et les paparazzi. C’est le choc des générations et des cultures… Sils 2

Autant le scénario est intelligent et l’interprétation de Juliette Binoche et Kristen Stewart irréprochable, autant l’ennui nous gagne vite et s’installe. On cherche la magie et le rêve mais on reste collé au texte, incapable d’attendre autre chose que quelque chose ne se passe. Comme si les intentions premières du réalisateur avaient été inspirées par les planches plus que par la caméra. Dommage…

Sils 3

 

 

 

 

Par France Hatron 

Reaching affiche 2

 

Age : A partir de 15 ans

Sortie : 20 août 2014 

Durée : 1h44 

Un film brésilien

Genre : Drame romantique, biopic 

Réalisation :  Bruno Barreto 

Distribution : Gloria Pires, Miranda Otto, Tracy Middendorf, Marcello Airoldi… 

 

Central Park, 1951. Elisabeth Bishop lit son poème Un art à son ami poète Robert Lowell. Il n’est pas convaincu. En panne d’inspiration, la jeune femme rejoint le Brésil où l’accueille une ancienne amie, Mary, qui vit en couple avec Lota, une architecte renommée, fière et autoritaire. Le trio est installé dans la splendide demeure de Lota, nichée en pleine nature au dessus de Petropolis. Lota réalise qu’Elisabeth est alcoolique. Rien n’arrête son attirance pour elle. Elisabeth cède à ses avances. Mary ouvre les yeux sur la situation et part réfléchir à Rio. A son retour, Mary accepte la proposition de Lota de vivre à côté d’elle, d’élever l’enfant qu’elles adopteront et de s’accommoder de la présence d’Elisabeth.

Reaching for the moon 2Le bébé arrive sous l’œil triste et jaloux d’Elisabeth qui écrit beaucoup et boit du whisky sans fin. En 56, elle gagne le Pulitzer pour Nord Sud. Quand Carlos Lacerda, un ami écrivain de Lota, se porte candidat au poste de gouverneur de l’état de Rio, elle lui demande de construire un parc tel que Central Park, espérant ainsi combler Elisabeth. Des années durant Lota fait équipe avec Mary pour superviser la construction du parc Flamengo. Elisabeth, empêtrée dans son mal de vivre, regagne New York pour y enseigner pendant six mois. Elle apprend l’internement de Lota pour dépression. Dès lors, Mary fait tout pour casser la relation amoureuse de sa rivale…  Reaching for the moon 3

Pour son 18e long métrage, Bruno Barreto a adapté, en prenant quelques libertés, le best seller de la brésilienne Carmen L. Oliveira Rare and Commonplace Flowers : The Story of Elizabeth Bishop and Lota de Macedo Soares. Le film se concentre sur l’histoire amoureuse de ces deux femmes, éperdument libres pour l’époque, qui se sont nourries l’une de l’autre pour trouver leur inspiration. Chacune éprouvant des sentiments forts mais pas inconditionnels, elles n’ont rien pu lâcher de leur ambition. Elisabeth Bishop a sombré dans l’alcoolisme et Lota dans la dépression.

Reaching for the moon 4Toute l’histoire est articulée autour de la volonté de Lota de tout contrôler chez Elisabeth et Mary, sur le plan personnel et professionnel. On comprend cela quand Lota annonce : « Je veux tout ce que je peux avoir ».

De facture classique, le film regorge de ressorts dramatiques, temporisés par l’interprétation magistrale des deux actrices principales et par leur sensualité. Gloria Pires donne à Lota toute son incandescence et sa vitalité et Miranda Otto offre à Elisabeth une grâce dissimulée et une fragilité à fleur de peau que son talent ne parvient pas à estomper.

Reaching for the moon 5

 

 

 

 

 

 

Barreto dévoilant peu de repères dans le temps, on perd en concentration à force de deviner les époques. Une façon sans doute pour lui de rester libre par rapport à la chronologie de certains épisodes marquants de la vie de ses protagonistes. On pense par exemple au National Book Award que Bishop a reçu en 1970, soit quatre ou cinq ans après le moment choisi dans le film. De même, la mort de Lota ne fut en réalité pas aussi soudaine qu’à l’écran. Mais, peu importe les détails, la magie de la fiction fait son œuvre ici.

Par France Hatron Winter sleep

Sortie : 6 août 2014

Durée : 3h16

Genre : Drame

Un film turc

Réalisateur :

Nuri Bilge Ceylan

Avec : Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag…

 

Aydin tient, avec un ami, un petit hôtel dans la steppe d’Anatolie centrale. Sa jeune et séduisante épouse, Nihal, vit aussi dans cet hôtel mais chacun dans son coin. Son amour pour le comédien, désormais retraité, s’en est allé. Aydin passe le plus clair de son temps à écrire des chroniques pour La voix de la steppe sur le manque d’esthétisme dans les villages anatoliens, ainsi que son livre qui le hante mais dont il ne voit pas le bout. Il s’agit de L’histoire du théâtre turc. Cet homme est cultivé, intelligent, sensible, mais aussi égoïste et très cynique. Ce que ne manquent pas de lui rappeler sa sœur Necla et sa femme. Le couple formé par Aydin et sa femme est en crise. La jeune femme veut exister en dehors de son mari en s’impliquant de plus en plus dans une association. Son époux, un peu jaloux, s’en plaint.

W 1Aydin est également propriétaire de plusieurs maisons accrochées aux rochers des alentours. Les locataires sont pauvres et, bien souvent, ne parviennent pas à payer leur loyer. La trame de l’histoire se construit à compter d’un incident à priori banal : un jeune garçon lance une pierre qui vient briser la vitre du 4 X 4 de Aydin et de son ami. On comprend que le petit répond aux représailles engagées contre ses parents débiteurs. Les huissiers ont sévi et le pauvre garçon n’a plus de télé.  Son père ivrogne, sorti fraichement de prison, a la rage au ventre et sa mère soumise n’a pas son mot à dire dans cette famille machiste et violente. Une famille qui, blessée dans son orgueil et son honneur, ne se relèvera pas. W3

Cette histoire universelle évoque la lutte des classes et montre la culture comme une arme d’émancipation et un vecteur de liberté. Un très beau film porté par des comédiens criants de vérité. Mais : spectateurs en mal de sommeil, s’abstenir car la ballade en Anatolie dure 3h16 !

 

STAGES ETE 2014 :
Les stages font également office de stage d’intégration pour ceux qui souhaitent intégrer les cours pro du matin dès le mois de mai ou pour la rentrée de septembre 2014.
Pierre Delavène assurera un cours lors des stages des professeurs, en fonction de ses disponibilités.
Si vous souhaitez vous inscrire à l’un de ces stages, vous pouvez le faire directement en CLIQUANT ICI.
- du 11 au 15 août 2014 : Stage avec les professeurs du Cours 
Professeurs : Caroline DARNAY et Axel BLIND.
Horaires : 10h-13h puis 14h-17h (L’Auguste Théâtre, 6 impasse Lamier, Paris 11ème)
du 18 au 22 août 2014 : Stage avec Jean-Laurent COCHET 
Horaires : 11h-14h puis 15h-18h (L’Auguste Théâtre, 6 impasse Lamier, Paris 11ème).
- du 25 au 29 août 2014 : Stage avec les professeurs du Cours 
Professeurs : Olivier LEYMARIE et Caroline DARNAY.
Horaires : 10h-13h puis 14h-17h (L’Auguste Théâtre, 6 impasse Lamier, Paris 11ème)
- du 1er au 5 septembre 2014 : Stage avec Jean-Laurent COCHET 
Horaires : 11h-14h puis 15h-18h (L’Auguste Théâtre, 6 impasse Lamier, Paris 11ème)
La RENTREE des cours (matin, soirs et samedi) aura lieu la semaine du 8 septembre 2014.
Les groupes se remplissent très vite, inscrivez-vous avant la fin du mois…
Cours Jean-Laurent Cochet - Pierre Delavène

Par France Hatron

 

Durée : 2h45

 

Un film dramatique américain

Réalisation :

Richard Linklater

Avec : Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater

Année :  2014

Boyhood affiche 2

Richard Linklater a réalisé l’expérience inédite de tourner son film pendant 12 ans, à raison d’une semaine par an, à Austin au Texas, avec les mêmes acteurs professionnels et enfants grandissant. Il raconte une histoire que tous ont découverte au fur et à mesure du tournage, à l’exception de la monteuse Sandra Adair qui connaissait le scénario.

De l’âge de 6 ans jusqu’à son départ à la Fac, Mason est le pilier central de cette histoire universelle, triste et belle, simple et ordinaire, et pourtant unique en son genre.
Boyhood 3 portraitsLes parents de Mason sont divorcés depuis toujours, semble-t-il. Samantha, sa sœur aînée – interprétée par Lorelei, la fille de Richard Linklater – et lui, n’ont pas vu leur père depuis longtemps. Quand il refait surface, ce n’est pas pour assurer ses responsabilités mais juste pour jouir de la vie avec ses enfants, les voir sourire, les entendre lui raconter leurs joies, leurs peines, dans le détail, comme si l’absence et le temps qui passe n’avaient pas d’incidence. Il les aime mais ne peut rien leur offrir de matériel, ni de durable. Ce qu’ils ont compris, leur mère aussi. Touchés par ce père et ex mari insouciant qui ne parvient pas à grandir ni à travailler, ils s’accommodent tant bien que mal du fardeau qui malgré tout les aident à traverser les épreuves de la vie.

Boyhood mère filsLe petit blondinet grandit sous nos yeux. Ses cheveux poussent, foncent avec l’âge, redeviennent court au gré de la mode et de l’autorité d’un beau père ivrogne. Il doit s’adapter sans cesse à une nouvelle vie, une nouvelle école, jongler avec ses blessures et celles des autres, se protéger pour ne pas sombrer. Sa mère, elle, se bat pour et contre tout, toujours digne et sans révolte apparente. Elle reprend ses études, se marie, divorce, déménage, reforme un couple… Les rides font leur nid, les kilos s’installent. Ainsi va la vie, une vie presque ordinaire chroniquée à la manière d’un genre nouveau qui se situe sur le fil, quelque part entre le documentaire et la fiction. Bohhood père fils

L’atmosphère mélancolique et optimiste à la fois porte les acteurs, particulièrement Patricia Arquette, Ethan Hawke et Ellar Coltran dont le jeu force l’admiration par sa justesse et sa cohérence au fil des années.

Le cinéaste parvient à sonder habilement l’intériorité de ses personnages dans les petits moments de la vie qui devraient passer inaperçus et dont il se sert, lui, pour dérouler son histoire sans grosses ficelles scénaristiques. L’émotion, tout en retenue, nous gagne au rythme des présidents de la république et des chansons de Coldplay, Bob Dylan, Cat Power… La vie passe mais l’envie de revoir défiler le film dans sa tête, elle, ne passe pas.

Boyhood frere soeur

Boyhood a été récompensé par l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin 2014. 

 

By Olivier Pélisson

Photo JAUJA Created in 1978, the section Un Certain Regard reached its 37th edition during the 67th Cannes Film Festival. On the evidence of this selection it stays true to its founding aims: to discover and to show singular films that renew cinematic expression, as much by their aesthetic as by their themes.

Twenty features were presented this year, providing a vast open window on our world and its state of health. Works came from the five continents, Africa (Ivory Coast), Oceania (Australia), Asia (Israel, China, India, South Korea), America (USA, Argentina) and Europe (Spain, Italia, Greece, Hungary, Austria, Norway, UK, France). So from these offerings how is the world? It seems, well somewhat sick: Humanity is the victim of constant pressures…

An Aboriginal old man strongly resists restrictive laws in Charlie’s Country by Rolf de Heer. A Korean lesbian policewoman struggles against prejudices in A Girl at My Door (Dohee-ya) by July Jung. A Chinese family goes beyond itself to cure the father in Fantasia by Wang Chao. A young Spanish couple tries to survive through the economic crisis in Hermosa Juventud by Jaime Rosales, while the young Greek brothers are dreaming of better days in Xenia by Panos H. Koutras. Photo Party girl

Meanwhile a young girl has to keep the faith against indifferent parents in Incompresa by Asia Argento and a woman growing old wants to preserve her freedom at any cost in Party Girl by Marie Amachoukeli, Claire Burger & Samuel Theis. A Norwegian couple is troubled by the husband’s cowardice in Turist by Ruben Östlund. An English guy can’t escape his Mafia family and his fatal destiny in Snow in Paradise by Andrew Hulme.

There is only one step from pressure to nightmare and horror, such as the horror carried out by men in the pictures and the words of the photographer Sebastião Salgado in The Salt of the Earth by Wim Wenders & Juliano Ribeiro Salgado.

Photo Party girl 2Or there’s the horror of a terrifying vision of the night in Lost River by Ryan Gosling and the horror of dogs revolting against humans in White God (Fehér isten) by Kornél Mundruczo. The horror of a man controlled by tyranny can be found in Run by Philippe Lacôte and the horror of men ready to do their worst to get money in Titli by Kanu Behl. Horror confronts an ordinary man in the face of the murder of his wife in Blue Room (La Chambre bleue) by Mathieu Amalric while there is the horror of the loss of a child in The Disappearance of Eleanor Rigby by Ned Benson and in Jauja by Lisandro Alonso. A daughter experiences horror of being an incestuous slave of her father and of herself in That Lovely Girl by Keren Yedaya.

Hopefully, nightmare can turn into sweetness of dream and tale, like the final and oneiric chapter of the magnificent and powerful Jauja by Lisandro Alonso, in which a father rediscovers his daughter.

And finally, love still makes the world go round such as in Family Love, Xenia and Party Girl; possible love in Bird People by Pascale Ferran and difficult love in Titli. Love in danger infuses Turist and strong love in Hermosa Juventud or The Disappearance of Eleanor Rigby. Mad love forms the fabric of That Lovely Girl, Amour fou and Blue Room. BIRD_PEOPLE photo_CaroleBethuel

The powerful dream of better days for the planet has also come, thanks to The Salt of the Earth, where Sebastião Salgado explains his and his wife’s ecological wish to rebuild the place of his youth in Brazil. After seeing the worst as a photo-reporter, he wants to give birth again to a jungle where desert has grown. And it works! There is wide hope, and a positive energy transmitted by film.

The energy of youth was also present through the seven films shot by new directors, comprising one third of Un Certain Regard, a record among this year’s Cannes selections. The titles were: Party Girl, A Girl at My Door, Lost River, Run, Snow in Paradise, The Disappearance of Eleanor Rigby and Titli. Party Girl finally received the Caméra d’Or, rewarding the best first feature of all the Cannes sections. BIRD_PEOPLE photo7_Archipel 35 Photo Party girl 3

This human adventure, cleverly and intensely made my three young filmmakers, is a tough and moving portrait of a lady who desperately wants to go on driving her life as she wants. She goes out, drinking, dancing, cheating, laughing and enjoying every single day, and at the same time receives in return the love of her four children. The jury headed by actress and director Nicole Garcia chose well, and with this accolade provided continued proof that Un Certain Regard still stays as a true place for discovery.

Affiche 3 Festival de CannesPar Olivier Pélisson

 

Le 67e Festival de Cannes pointe le bout de son nez. Il se tiendra du 14 au 25 mai sur la Croisette et réunira le traditionnel cocktail annuel. Avec la Sélection Officielle composée des films en compétition pour la Palme d’Or, Un Certain Regard, les séances hors compétition, spéciales et de minuit, les courts métrages en compétition et la Cinéfondation. Mais aussi avec Cannes Classics, le Cinéma de la plage et les Master Class (Jacques Audiard, Sophia Loren).

Et bien sûr avec les sections parallèles composées de la 46e Quinzaine des Réalisateurs, parrainée par la SRF (Société des Réalisateurs de Films), et de la 53e Semaine de la Critique, parrainée par le SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma).

Signature bleue Festival de CannesAu total, plus d’une centaine de films, plusieurs centaines de projections et des milliers de festivaliers. De quoi faire tourner la tête, ou la perdre pour certains. De quoi aussi trouver son bonheur. Car ce concentré de projections et de rencontres reste un écran unique en termes d’excitation cinéphilique et d’état des lieux sur le monde.

Une femme va présider le jury officiel, et pas des moindres : la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion. Elle est la dixième femme à assurer la présidence depuis les débuts de la manifestation en 1946 (51 hommes ont présidé), et la première réalisatrice à part entière, après huit actrices (Olivia de Havilland, Sophia Loren, Michèle Morgan, Ingrid Bergman, Jeanne Moreau, Isabelle Adjani, Liv Ullmann, Isabelle Huppert) et une écrivaine (Françoise Sagan). Elle reste aussi à ce jour la seule réalisatrice à avoir remporté la Palme d’Or (1993), tout comme la première femme à avoir décroché l’Oscar du meilleur scénario pour un de ses propres films (en 1994, Sofia Coppola l’a suivie en 2004). Les deux fois pour La Leçon de piano.

On peut signaler une présence forte des réalisatrices dans tous les jurys, avec aussi une majorité artistique féminine dans l’officiel (Campion, Carole Bouquet, Yeon Do-jeon, Sofia Coppola, Leila Hatami, Gael Garcia Bernal, Willem Dafoe, Nicolas Winding Refn, Jia Zhang-ke), avec Nicole Garcia en présidente du jury de la Caméra d’Or, Andrea Arnold en tête du Jury du Grand Prix de la Semaine de la Critique, et Rebecca Zlotowski en tête des jurys des Prix Découverte du court métrage du Révélation de la même Semaine. Pour le jury du Prix Un Certain Regard, c’est le cinéaste argentin Pablo Trapero qui mène le bal.

Dans les films présentés, les femmes sont bel et bien là, même si toujours timidement en compétition (deux pour dix-huit films), elles sont plus nombreuses à Un Certain Regard et en séances spéciales.

Côté compétition pour la récompense suprême, dix-huit films sont en lice à ce jour. L’Europe prime (neuf films), puis l’Amérique du Nord (cinq films dont trois pour le Canada). Suivent l’Afrique (un film), l’Amérique du Sud (un film) et l’Asie (un film), sans oublier la Turquie, au carrefour de l’Europe et de l’Asie (un film).

Thierry Frémaux et son équipe continuent de concocter un savant mélange d’habitués et de nouveaux venus. Ken Loach peut s’enorgueillir de concourir pour la douzième fois à la Palme (Jimmy’s Hall). Un record pour celui qui a déjà glané l’Or (Le Vent se lève) et trois Prix du Jury (Hidden Agenda, Raining Stones, La Part des anges), et qui revient toutes sections confondues pour la dix-huitième fois sur la Croisette, depuis 1970 avec Kes à la Semaine de la Critique.

C’est la septième compétition pour Jean-Luc Godard (Adieu au langage), la sixième pour Atom Egoyan (The Captive) et les frères Dardenne (Deux jours, une nuit), la cinquième pour Mike Leigh (Mr Turner), David Cronenberg (Maps to the Stars) et Nuri Bilge Ceylan (Winter Sleep), la quatrième pour Naomi Kawase (Futatsume no mado-Still the water) et Olivier Assayas (Sils Maria), la troisième pour Bertrand Bonello (Saint Laurent) et la seconde pour Andrei Zvyagintsev (Leviathan), Tommy Lee Jones (The Homesman) et Michel Hazanavicius (The Search).

Côté arrivée en compétition, cinq cinéastes sont à l’honneur avec le Mauritanien Abderrahmane Sissako (Timbuktu), l’Argentin Damian Szifron (Relatos salvajes), l’Italienne Alice Rohrwacher (Le Meraviglie), l’Américain Bennett Miller (Foxcatcher) et le Canadien Xavier Dolan (Mommy).

 

Photo seamine de la critique

Autre tendance, les acteurs et actrices qui réalisent sont très présents, qu’ils jouent ou pas dans leurs films, avec Tommy Lee Jones et Xavier Dolan en compétition, Asia Argento (Incompresa), Mathieu Amalric (La Chambre bleue) et Ryan Gosling (Lost River) à Un Certain Regard, Isild Le Besco (Les Ponts de Sarajevo) en séance spéciale hors compétition, Ronit Elkabetz (Gett) à la Quinzaine des Réalisateurs, et Mélanie Laurent (Respire) à la Semaine de la Critique.

 

On note évidemment des maîtres, des incontournables du cinéma contemporain, des Dardenne à Isao Takahata (Le Conte de la Princesse Kaguya, Quinzaine des Réalisateurs), de Cronenberg à Frederick Wiseman (National Gallery, Quinzaine des Réalisateurs), de John Boorman (Queen and Country, Quinzaine des Réalisateurs) à Godard, de Loach à Wim Wenders (The Salt of the Earth, Un Certain Regard).

Du cinéma de genre, avec notamment le western pour The Homesman de Tommy Lee Jones et The Salvation de Kristian Levring (Séance de minuit hors compétition), l’horreur pour la reprise de Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (Séance spéciale Quinzaine des Réalisateurs), les zombies de It Follows de David Robert Mitchell et les loups-garous de When animals dream de Jonas Alexander Arnby (Semaine de la Critique), et l’étrangeté extrême de Alleluia de Fabrice du Welz (Quinzaine des Réalisateurs).

Du sang neuf avec vingt premiers longs métrages en lice pour la Caméra d’Or. Sept à Un Certain Regard, cinq à la Quinzaine des Réalisateurs et huit à la Semaine de la Critique. Sans oublier les multiples courts métrages de toutes les sections et de la Cinéfondation.

Côté jeune garde made in France, entre révélation et confirmation, on attend beaucoup de Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (Un Certain Regard), Mange tes morts de Jean-Charles Hue et Les Combattants de Thomas Cailley (Quinzaine des Réalisateurs) et FLA de Djinn Carrénard (Semaine de la Critique). Côtés grosses pointures hexagonales en compétition, c’est l’éclectisme avec Assayas et Hazanavicius au-delà des frontières, Godard au-delà des mots et Bonello au-delà d’une icône ? Céline Sciamma et sa Bande de filles et Bruno Dumont et son P’tit quinquin devraient aussi attirer l’attention à la Quinzaine des Réalisateurs.

Photo Quinzaine

Si le Canada marque la compétition avec Cronenberg, Egoyan et Dolan, Israël fait figure de bel outsider avec Keren Yedaya à Un Certain Regard (Loin de ton absence), Asaf Korman (Next to her) et Ronit & Shlomit Elkabetz (Gett) à la Quinzaine des Réalisateurs, et Shira Geffen (Self Made) et Nadav Lapid (L’Institutrice) à la Semaine de la Critique.

 

Des paillettes ? De la star ? Vous croyez ? Of course. Forcément. Nicole Kidman ouvrira le bal glamour en Grace Kelly (Grace de Monaco d’Olivier Dahan, Ouverture hors compétition). Sophia Loren suivra en invitée d’honneur de Cannes Classics. Et qui d’autre ? Toutes sections confondues ?  Ah oui : Catherine Deneuve, Gong Li, Mads Mikkelsen, Eva Green, Juliette Binoche, Kristen Stewart, Marion Cotillard, Julianne Moore, Hilary Swank, Meryl Streep, Robert Pattinson, Annette Bening, Bérénice Bejo, Monica Bellucci, Ryan Reynolds, Steve Carell, Channing Tatum, Charlotte Gainsbourg, Jessica Chastain, James McAvoy, Isabelle Huppert, Viggo Mortensen, Eva Mendes, Ryan Gosling…

Et puis Marcello Mastroianni, le plus grand acteur du monde, brille en haut de l’affiche de cette 67e édition. Prix d’interprétation masculine à deux reprises pour Drame de la jalousie d’Ettore Scola (1970) et Les Yeux noirs de Nikita Mikhalkov (1987). Palme d’Or avec La Dolce Vita de Federico Fellini (1960) et scandale historique avec La Grande bouffe de Marco Ferreri (1973). Vingt-cinq films présentés en quasi quarante ans. La classe inégalée. Et la promesse d’une cuvée ludique et foisonnante.

http://www.festival-cannes.com/fr.html

Photo Palme

Par Olivier Pélisson

 

LES CHÈVRES DE MA MÈRE ***
Age : Tous publics
Sortie : 16 avril 2014

Durée : 1h40

Un film français

Genre : Documentaire
Réalisation : Sophie Audier

Les chèvres de ma mère

Les chèvres 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES TROIS SŒURS DU YUNNAN ***

Age : Tous publics
Sortie : 16 avril 2014

Durée : 2h28
Un film franco-chinois
Genre : Documentaire
Réalisation : Wang Bing

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Les 3 soeurs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le hasard des sorties de films allie la même semaine deux documentaires au parallélisme bienvenu. Le plateau des Gorges du Verdon sert de décor au premier, où une femme qui élève son troupeau et concocte son fromage de chèvre, seule, depuis quarante ans, se prépare à la retraite et marraine une jeune agricultrice à qui elle va transmettre bêtes et savoir-faire. Les montagnes de la province isolée du Yunnan, au Sud-ouest de la Chine, servent de décor au second, où trois petites filles et sœurs, élèvent moutons et cochons et enchaînent les tâches quotidiennes, pendant que leur père cherche du travail à la ville.

D’un côté, Sophie Audier, jeune réalisatrice française dont c’est le premier long métrage et à la riche expérience de scripte, qui lui a permis d’affiner un regard sur le monde auprès de Roman Polanski, Alain Gomis, Manoel de Oliveira, Abderrahmane Sissako, Mahamat-Saleh Haroun ou Otar Iosseliani. De l’autre, Wang Bing, cinéaste chinois aguerri et apprécié du public de cinéma d’auteur international depuis dix ans, à qui le Centre Pompidou à Paris rend hommage de mi-avril à fin mai, avec une rétrospective (A l’ouest des rails, Fengming, Le Fossé, etc.).

 

Tous deux filment une vie dépouillée, rudimentaire, tendue comme une ligne droite, au gré des exigences de chaque jour et du rythme de chaque saison. Une existence où la nature prime et régule tout, loin des contingences administratives et citadines. Un rapport au monde dominé par l’endurance, la régularité, l’adaptabilité, la rigueur, l’opiniâtreté. Une démonstration par l’image et le son qu’il est encore possible de vivre décalé des moules bureaucratiques, marchands et du vampirisme de la mondialisation.

Maguy, Yingying, Zhenzhen et Fenfen. Quatre femmes à l’opposé du chemin professionnel, l’une au seuil de la retraite, les autres à l’âge où elles devraient ne pas encore travailler. Et pourtant tout les unit. Leur lien profond et viscéral à la nature, aux éléments, à la lumière, aux saisons, qui dictent leurs faits et gestes. Leur courage et leur plénitude tranquilles, quand rien de leur quotidien ne cède à la facilité. Leur lien familial profond et pudique, avec une femme filmée par sa fille, qui a choisi de suivre une autre voie (Maguy est la mère de Sophie Audier), et trois enfants dont la mère est partie vivre ailleurs et que le père a confié aux grands-parents.

Ces récits sont simples et limpides. Maguy veut transmettre pour pouvoir partir en retraite soulagée et trouve en Anne-Sophie une jeune agricultrice réceptive. Yingying, Zhenzhen et Fenfen avancent sans réfléchir, avec pour seule exigence de manger à leur fin et de dormir en paix dans leur environnement ascétique. Sophie Audier s’est faite complice et discrète au milieu des deux bergères-agricultrices, pour saisir le nerf de leurs avancées. Wang Bing a gagné la confiance des fillettes pour les filmer et les suivre de la maison aux champs sans commentaire.

La sensation du spectateur est dense. Car ces deux récits racontent l’universel. Et l’idéal de vie. L’engagement, le désintéressement, la transmission, la bienveillance. Tout cela dans l’état naturel de plaines et montagnes belles et rudes à la fois. Ils donnent aussi à voir la coexistence de l’ancien et du nouveau, à une époque où la technologie et le zapping généralisé menacent en permanence la contemplation et l’étirement du temps. Tout cela sous l’œil de deux cinéastes qui ont pratiquement tout filmé et cadré eux-mêmes, pour protéger la conversation nécessaire entre ce qui regarde et ce qui est regardé.  les chèvres 5

Les 3 soeurs 3C’est là où le geste de filmer devient engagé et politique. Sophie Audier saisit un mode d’être en résistance, celui d’une femme fidèle à son activisme depuis quarante ans, face aux difficultés de sa cadette qui peine à recevoir les autorisations pour s’installer comme jeune agricultrice. Quant à Wang Bing, dont le cinéma n’est pas diffusé dans son propre pays, il capte une Chine individuelle à travers une histoire particulière, qui symbolise pourtant nombre de ses concitoyens, à l’ère où l’empire chinois impose sa marque et cache sa réalité humaine au monde.